se fait voler ses explosifs |
Le 7 juillet, on apprenait que des explosifs et des munitions avaient été dérobés sur un site de larmée française, à Miramas dans les Bouches-du-Rhône. Le larcin ne comprenait pas moins de 40 grenades, 170 détonateurs (1) et, surtout, une dizaine de pains de plastic (2) de 250 grammes. Pendant le déroulement de lenquête, des indiscrétions signalaient la date du vol pouvant être située non pas dans la nuit précédant sa découverte, mais entre le 3 et le 6 juillet. Cette imprécision, quant à la date du délit, en dit long sur les lacunes du site en matière de sécurité. En effet, sur un lieu sensible, on devrait sattendre à des patrouilles au moins quotidiennes. Or, un pan de grillage a été découpé pour pénétrer, ce qui aurait dû attirer lattention des hommes de garde. En octobre 2011 nous avions évoqué ce problème à propos dun camp militaire (3) dont nous navions pas donné le nom pour éviter dinspirer des criminels, voire de mauvais plaisants. Nous signalions larmurerie dune caserne située à distance du poste de garde et à proximité de la route principale. Daprès nos informateurs, le temps de réaction en cas dalerte est de 10 minutes. De plus, la fréquence des fausses alertes est devenue telle que les hommes sont peu réactifs. Ce nest pas tout ! Autrefois, un tour de garde durait 24 heures. La nuit, des sentinelles étaient postées et une partie de leffectif restait éveillée pendant que lautre dormait en tenue, prête à répondre à la moindre réquisition. Mais aujourdhui, dans le cadre de la professionnalisation de larmée, les tours de garde durent une semaine. La nuit, les hommes de garde dorment dans des draps et des alarmes électroniques remplacent les sentinelles. Lefficacité du dispositif sen voit réduite. Tout cela sajoute aux restrictions de crédits, par conséquent de personnel, dans nos armées. Nos militaires sont désormais dépendant de services « extériorisés », en dautres termes confiés à des sociétés civiles. Cela y compris dans des zones sensibles. Ainsi, lors dun déplacement à Dakar, nous nous sommes aperçus que la force française présente sur place, lEFS (4), est protégée par une compagnie de gardiennage locale. Ceci sexplique par le manque deffectifs. Or, il faut savoir les opérations Serval puis Barkhane, mettant en ligne des soldats français pour combattre au Mali contre les jihadistes être appuyées logistiquement par lEFS de Dakar. Ce site représente donc une cible possible pour des terroristes liés aux islamistes radicaux du Sahel. Aussi avons-nous souri, jaune, quand le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a osé dire à lantenne de RTL : « La très grande majorité des sites est extrêmement bien protégée. Là (NDLR : à Miramas), il y a eu une défaillance quil faut condamner et punir ». La défaillance est inhérente au système politique qui a fait le choix dune réduction drastique des crédits de la Défense à un moment dinsécurité croissante. Preuve du bien fondé de nos propos, les réductions de crédits et deffectifs ont été momentanément stoppées à la suite des attentats de janvier dernier. On peut seulement se demander si le choix de larmée et dune protection aussi disproportionnée de la communauté juive sont bien fondés. Privilégier la protection de cette dernière aux dépens de nos casernes et autres sites sensibles nest-il pas imprudent ? Certes, nous avons compris, quen raison des excès dIsraël, les Juifs de France sont devenus des cibles privilégiées des jihadistes. Aussi, la France et les autres Français ont le devoir de protéger cette communauté quand elle est plus particulièrement visée. Néanmoins, quand nous consacrons 10 000 soldats (5) à cette tâche, nous pouvons encore nous demander si une partie de cet effectif ne serait pas mieux utilisé protégeant nos sites sensibles. Du reste, faisons-nous remarquer, cela servirait indirectement la protection de la communauté juive puisque les armes dérobées pourraient servir un jour dans un attentat dirigé contre elle. (1) Les détonateurs sont de petits
engins explosifs chargés de faire détonner la charge
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