La fin justifie
les moyens
Jusqu'en 2008 la Corée du Nord était
classée par les autres pays comme État soutenant
le terrorisme. Pour justifier ce classement infamant, il y avait
les actes passés de la Corée du Nord. En effet
après la fin de la guerre de Corée (1953) la partie
Nord a voulu poursuivre la guerre sous d'autres formes.
Espérant
que la Corée du Sud, longtemps pauvre et tyrannique,
allait se soulever contre son gouvernement, les services du
Nord vont à plusieurs reprises utiliser la violence
pour accélérer la réunification. L'Histoire
semble alors avancer dans le sens du communisme qui se présente
en Asie comme le champion de la décolonisation.
L'exemple vietnamien encourage le maître de la Corée
du Nord, Kim Il-sung, à utiliser tous les moyens.
Ainsi en 1968 un commando armé
de 31 hommes débarque au Sud et attaque
le palais présidentiel : la fusillade est nourrie et se
solde par la liquidation des assaillants (le bilan total dépasse
la centaine de morts). La population du Sud n'a aucunement
bougé en faveur des militaires du nord...
La Corée du Nord réalise
sans doute que le régime du Sud, très proche des
USA mais aussi de plus en plus performant économiquement,
est moins fragile qu'il n'y paraît... Certes des rébellions
éclateront contre les autorités du sud, mais jamais
les mécontents ne se réclameront du Nord... Cette
opération commando était la plus spectaculaire
mais pas la première infiltration.
En 1983 le premier ministre
sud-coréen Chin Doo-hwan et certains ministres
visitent la Birmanie, lors d'une cérémonie
officielle, une bombe explose ! Elle fera une vingtaine de
morts dont quatre membres de la délégation
officielle coréenne.
Assez vite on arrête trois nord-coréens
débarqués la veille d'un cargo en transit pour
lÉgypte. Selon toute vraisemblance la signature
de l'attentat est nord-coréenne. Dénégation
de la RPDC mais beaucoup de mouvements dans l'appareil
sécuritaire du Nord après l'événement...
Plus net encore, la désintégration
en vol d'un appareil civil sud-coréen en novembre 1987
: 115 personnes meurrent dans l'explosion !
Il s'agit-là de terrorisme aveugle. A une escale, un couple
est sorti sans réembarquer. Sur le point d'être
arrêtés, l'homme et la femme avalent du poison.
Étrange geste pour de simples suspects... L'homme décède,
mais la femme survit. Elle se présente comme japonaise
mais livre ensuite un témoignage troublant : elle s'appelle
en réalité Kim Hyun-hee et est membre des
services secrets nord-coréens.
L'attentat avait pour objectif de troubler
les JO qui doivent s'ouvrir en 1988 en Corée
du Sud... Kim Hyun-hee accuse même le fils de
Kim Il-sung, le futur président Kim Jong-il,
d'être directement derrière cet attentat. Un ensemble
d'informations tout ou partie crédibles.
Après
la guerre froide, une nouvelle donne ?
Pendant toute la guerre froide on peut
aussi signaler que la RPDC a enlevé quantité
de ressortissants étrangers pour former au mieux ses cadres
en langues étrangères. Ce sont surtout des japonais
qui furent victimes de cette politique. Si la Corée
du Nord n'a pas reconnu tous les enlèvements dont
on l'accuse, elle en reconnut néanmoins certains et laissa
même repartir des captifs... Moins meurtriers que les attentats les enlèvements
sont une forme de terrorisme car ils distillent la peur chez
l'adversaire, en loccurrence le Japon, rival géopolitique,
ancienne puissance coloniale et allié des USA.
Concernant encore le Japon,
notons que la RPDC accueillera complaisamment des membres
d'un groupuscule gauchiste né dans larchipel, l'Armée
Rouge Japonaise active dans les années 70 contre
la présence américaine. Il s'agit là d'un
soutien à un groupe violent même si lArmée
Rouge Japonaise a cessé ses activités dans les
années 90.
La fin de la guerre
froide puis les années de famine en Corée du Nord
semblent avoir changé la politique extérieure : pour
se défendre des menées des États-Unis,
le pays a misé sur la dissuasion nucléaire et balistique,
abandonnant la violence terroriste et ses risques de dérapage.
Elle a été récompensée par sa sortie
de la liste noire des États soutenant le terrorisme international.
Provocation? Janvier 2016, Kim Jong-un
célébrant l'explosion test d'une bombe H
Quelle sera la politique de Kim
Jong-un au pouvoir depuis 2011 ?
Au Sud les transfuges du
Nord restent sous étroite surveillance... En 2010
deux agents nord-coréens ont été condamnés
pour avoir cherché à assassiner Hwang Jang-yop,
un proche des Kim passé au sud en 1997.
Quant au dossier des ressortissants japonais enlevés jadis,
des discussions entre les deux pays ont lieu périodiquement
sans aboutir.
Par ailleurs, le régime forme
des groupes de pirates informatiques extrêmement
efficaces. A plusieurs reprises, le Sud ainsi que la firme
Sony ont été victimes de piratages informatiques
vraisemblablement décidés au Nord.
Est-ce une nouvelle forme de terrorisme ?
Denis Gorteau
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