SORTIR du TERRORISME
le cas nord-coréen

mai 2016

La fin justifie les moyens

Jusqu'en 2008 la Corée du Nord était classée par les autres pays comme État soutenant le terrorisme. Pour justifier ce classement infamant, il y avait les actes passés de la Corée du Nord. En effet après la fin de la guerre de Corée (1953) la partie Nord a voulu poursuivre la guerre sous d'autres formes.

Espérant que la Corée du Sud, longtemps pauvre et tyrannique, allait se soulever contre son gouvernement, les services du Nord vont à plusieurs reprises utiliser la violence pour accélérer la réunification. L'Histoire semble alors avancer dans le sens du communisme qui se présente en Asie comme le champion de la décolonisation. L'exemple vietnamien encourage le maître de la Corée du Nord, Kim Il-sung, à utiliser tous les moyens.

Ainsi en 1968 un commando armé de 31 hommes débarque au Sud et attaque le palais présidentiel : la fusillade est nourrie et se solde par la liquidation des assaillants (le bilan total dépasse la centaine de morts). La population du Sud n'a aucunement bougé en faveur des militaires du nord...

La Corée du Nord réalise sans doute que le régime du Sud, très proche des USA mais aussi de plus en plus performant économiquement, est moins fragile qu'il n'y paraît... Certes des rébellions éclateront contre les autorités du sud, mais jamais les mécontents ne se réclameront du Nord... Cette opération commando était la plus spectaculaire mais pas la première infiltration.

En 1983 le premier ministre sud-coréen Chin Doo-hwan et certains ministres visitent la Birmanie, lors d'une cérémonie officielle, une bombe explose ! Elle fera une vingtaine de morts dont quatre membres de la délégation officielle coréenne.

Assez vite on arrête trois nord-coréens débarqués la veille d'un cargo en transit pour l’Égypte. Selon toute vraisemblance la signature de l'attentat est nord-coréenne. Dénégation de la RPDC mais beaucoup de mouvements dans l'appareil sécuritaire du Nord après l'événement...

Plus net encore, la désintégration en vol d'un appareil civil sud-coréen en novembre 1987 : 115 personnes meurrent dans l'explosion ! Il s'agit-là de terrorisme aveugle. A une escale, un couple est sorti sans réembarquer. Sur le point d'être arrêtés, l'homme et la femme avalent du poison. Étrange geste pour de simples suspects... L'homme décède, mais la femme survit. Elle se présente comme japonaise mais livre ensuite un témoignage troublant : elle s'appelle en réalité Kim Hyun-hee et est membre des services secrets nord-coréens.

L'attentat avait pour objectif de troubler les JO qui doivent s'ouvrir en 1988 en Corée du Sud... Kim Hyun-hee accuse même le fils de Kim Il-sung, le futur président Kim Jong-il, d'être directement derrière cet attentat. Un ensemble d'informations tout ou partie crédibles.

Après la guerre froide, une nouvelle donne ?

Pendant toute la guerre froide on peut aussi signaler que la RPDC a enlevé quantité de ressortissants étrangers pour former au mieux ses cadres en langues étrangères. Ce sont surtout des japonais qui furent victimes de cette politique. Si la Corée du Nord n'a pas reconnu tous les enlèvements dont on l'accuse, elle en reconnut néanmoins certains et laissa même repartir des captifs... Moins meurtriers que les attentats les enlèvements sont une forme de terrorisme car ils distillent la peur chez l'adversaire, en l’occurrence le Japon, rival géopolitique, ancienne puissance coloniale et allié des USA.

Concernant encore le Japon, notons que la RPDC accueillera complaisamment des membres d'un groupuscule gauchiste né dans l’archipel, l'Armée Rouge Japonaise active dans les années 70 contre la présence américaine. Il s'agit là d'un soutien à un groupe violent même si l’Armée Rouge Japonaise a cessé ses activités dans les années 90.

La fin de la guerre froide puis les années de famine en Corée du Nord semblent avoir changé la politique extérieure : pour se défendre des menées des États-Unis, le pays a misé sur la dissuasion nucléaire et balistique, abandonnant la violence terroriste et ses risques de dérapage. Elle a été récompensée par sa sortie de la liste noire des États soutenant le terrorisme international.

Provocation? Janvier 2016, Kim Jong-un
célébrant l'explosion test d'une bombe H

Quelle sera la politique de Kim Jong-un au pouvoir depuis 2011 ?

 

Au Sud les transfuges du Nord restent sous étroite surveillance... En 2010 deux agents nord-coréens ont été condamnés pour avoir cherché à assassiner Hwang Jang-yop, un proche des Kim passé au sud en 1997. Quant au dossier des ressortissants japonais enlevés jadis, des discussions entre les deux pays ont lieu périodiquement sans aboutir.

Par ailleurs, le régime forme des groupes de pirates informatiques extrêmement efficaces. A plusieurs reprises, le Sud ainsi que la firme Sony ont été victimes de piratages informatiques vraisemblablement décidés au Nord.
Est-ce une nouvelle forme de terrorisme ?

Denis Gorteau

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

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