A qui profite la crise ?

mai 2009

Goldman Sachs sort de la crise largement bénéficiaire ! Son bénéfice du premier trimestre 2009 a fait un bond, en un an de 20%, atteignant 1,81 milliard de dollars. Son chiffre d’affaires a progressé de 9,4 milliards.

Lloyd Blankfein, le PDG de Goldman Sachs, étale sa satisfaction. Fils d’un employé des postes de Brooklyn, devenu un champion parmi les « traders », il a épousé une avocate du nom de Laura Susan Jacobs en 1983. Tout cela est très biblique.

Goldman Sachs explique sa performance par les résultats « exceptionnels » de ses traders sur les marchés du crédit, des matières premières et des changes.

En novembre dernier (2008), pourtant, l’entreprise déclarait un déficit de 2 milliards de dollars et une perte de 1,3 milliard de dollars en décembre. La Réserve fédérale américaine ouvrait alors l’accès de ses liquidités à Goldman Sachs, qui lui empruntait 10 milliards de dollars.

On s’étonne, néanmoins, car ce trou de 1,3 milliard n’apparaît pas dans les résultats publiés en fin d’année. On sent « l’institution » Goldman Sachs bien plus forte qu’elle ne le proclame.

Du reste, à la mi-avril 2009, décidément requinquée, Goldman Sachs annonçait vouloir racheter pour 5,5 milliards de dollars de participations d’investisseurs en difficulté. Pour ce faire, l’entreprise a créé un fonds d’investissement baptisé Vintage V afin de racheter sur le marché les parts mises en vente.

Nous assistons à un grand classique. En période de prospérité, les aventuriers de la finance achètent à tour de bras, allant jusqu’à emprunter pour satisfaire leur gloutonnerie. Les maisons raisonnables gardent des réserves de liquidités. Quand la crise arrive, les premiers non seulement n’ont plus de marge de manoeuvre, mais se retrouvant acculés sont incapables de rembourser leurs emprunts. Les seconds rachètent alors à bas prix les investissements réalisés par les premiers.

En décembre 2008, Jean Isnard écrivait dans la rubrique historique, évoquant les accords de Bretton Woods : « La crise (de 1929), puis la guerre (de 39-45) auront bien rendu service aux grands investisseurs. Si les Goldman Sachs, J.P. Morgan, Lehman Brothers ou Rockefeller perdent dans un premier temps, ils seront à la fin les principaux bénéficiaires de la crise et de la guerre. Difficile de croire que leur présence parmi les acteurs de la débâcle de 2008 est un pur hasard ».

Faut-il décerner à notre collègue Isnard le titre de prophète?

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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