L’ETA
ET L’EXTRÊME GAUCHE

septembre 2009

Fin août 2009, à Paris, le ministère de l’Intérieur annonçait la découverte dans nos campagnes de quatorze caches d’armes et de matériel de l’ETA, l’organisation terroriste basque espagnole. Depuis le début de l’année, pas moins de 25 militants armés appartenant à cette structure ont été arrêtés par la police française.
Le 29 juillet, une attaque avec 200 kg d’explosif, contre une caserne de la garde civile où dormaient 150 personnes dont 41 enfants, a blessé une quarantaine de personnes à Burgos. Le lendemain, l’explosion d’une bombe ventouse, placée sous une voiture, tuait deux gardes civils, à Palma des Majorque. Un autre véhicule était déminé avant de sauter. Ces actions ont été revendiquées par l’ETA. De 1968 à nos jours, ses attentats ont fait 828 morts.

HISTORIQUE DE L’ETA

ETA, mouvement séparatiste basqueL’idée du nationalisme basque a pris son essor à la fin du XIXème siècle. En 1936, profitant de la guerre civile, les Basques obtinrent même une éphémère autonomie en échange de leur ralliement au camp républicain en lutte contre le Général Franco. Après la victoire de ce dernier, cela leur vaudra une sévère répression, causant la mort de 50 000 d’entre eux.

Le 31 juillet 1959, naît l’ETA. Elle se donne pour objectif l’indépendance du Pays basque, se veut dans la ligne du « socialisme démocratique » et adopte un discours d’extrême-gauche. Son premier attentat prend place en 1961, mais la violence éclate vraiment à partir de 1968 avec l’assassinat d’un policier.

En raison du régime autoritaire de Franco, la France, base arrière de l’ETA, coopère mollement avec la police espagnole. Néanmoins, en 1975, avec la mort du général, on assiste au rétablissement d’une vie plus démocratique et le nouveau régime accorde un statut d’autonomie à plusieurs provinces dont le Pays basque. Mais l’ETA continue ses attaques.

En 1986, Jacques Chaban-Delmas dira : « J’ai protégé les réfugiés basques parce que je considérais qu’ils luttaient, comme moi des années avant, pour la démocratie ; mais aujourd’hui, tout a changé et maintenant il faut écarter toute aide aux terroristes, parce que l’Espagne est totalement installée dans la démocratie ». Il y aurait beaucoup à dire sur cette déclaration, mais elle indique le changement de position de la France, qui collabore désormais contre l’ETA.

Sur le terrain, le mouvement perd en influence, beaucoup de Basques désapprouvant son recours à la violence. Elle change de stratégie et, abandonnant l’idée d’un soulèvement massif, opte pour la déstabilisation de l’État espagnol. Dans le même temps, il se donne une vitrine politique, en s’appuyant sur des éléments écologistes et gauchistes. En avril 1978, il les regroupe au sein de Batasuna, qui obtiendra 17,9% des voix aux élections d’octobre 1998. Mais, en 2003, l’Espagne finit par déclarer Batasuna illégal en raison de ses relations avec l’ETA.

LES PROLONGEMENTS EN FRANCE

Zone basque en Espagne et en FrancePlusieurs groupes se sont constitués dans le Pays basque français, sous l’influence de l’ETA, à partir de 1953. Comme Iparretarrak, qui en 1976, prend l’initiative de la « lutte armée » contre « le colonialisme français ». Ses actions évitent d’abord l’effusion de sang. Puis en 1980, ses hommes assassinent la femme du sous-préfet de Bayonne, en 1982 deux CRS et en 1983 un gendarme.

Chez nous, l’ETA dispose aussi d’une mouvance de sympathisants. Dans un document électoral, à la veille des élections européennes, José Bové publiait un article : « ... l'Europe, nous abertzale*, altermondialistes, écologistes, syndicalistes sommes de celles et ceux qui avons le plus intérêt à cette construction », lisait-on. Quand les Basques travaillent à l’union des provinces basques françaises et espagnoles, continuait-il, « ils participent concrètement et activement à la construction de l’Europe de demain ». Un groupe basque français, qui a repris le nom de Batasuna publiait lui le slogan : « Voter Europe Écologie, c’est voter Abertzale ».

Réinventons l'Europe, Affiche L'Ecologie Les Verts, européennes 1999

 

 

"Réinventons l'Europe", slogan de la liste "L'Ecologie, Les Verts" menée par Cohn-Bendit aux éléctions européennes de 1999.

 

 

Seulement des mots ? Inaki Aranceta fait partie des proches de José Bové. Installé en France depuis 1978, jusqu’à récemment, il animait « La Locomotive », sorte de café-concert de gauchistes sis à Millau, dans l’Aveyron, à une encablure du Larzac où vit Bové. Réfugié basque espagnol, très discret sur les raisons de sa fuite, il nous a dit : « Arrivé en France, ce sont des paysans basques, qui m’ont cité le nom de José Bové ». Dans sa région, Aranceta est devenu président de Ras L’front, organisation anti-lepéniste. Naturalisé Français, il s’est même présenté aux élections législatives du 11 juin 2007 sous une étiquette ambiguë, se réclamant à la fois de l’extrême-gauche et de l’écologie avec le soutien de Bové. Il a obtenu 3,35% des voix.

Sur les 14 caches découvertes au mois d’août 2009, six étaient dans l’Hérault, deux dans le Tarn, une dans l’Aude, une dans le Gard et une dans l’Aveyron. Soient onze caches sur quatorze dans l’Aveyron ou les départements limitrophes. Étrange habitude qu’ont pris les terroristes de l’ETA de cacher leurs armes autour de l’endroit où habite José Bové !

Alain CHEVALERIAS

Note

*« Amant de la patrie », terme désignant les militants nationalistes basques.

Nouvelle alerte « terroriste »
aux environs
du Larzac

Le 3 septembre 2009, 11 personnes de villages des environs de Béziers (Hérault) sont mises en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur les lettres de menaces de mort, adressées à des personnalités de droite. Une fois de plus, après la découverte de caches d’armes de l’ETA, le département de l’Hérault * attire l’attention dans une affaire classée « terroriste ».

Toute la presse en a parlé : depuis fin 2008, une trentaine de courriers, parfois accompagnés d’une balle de guerre de 9 mm, ont été envoyés à des ministres ou personnalités de l’UMP, dont Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Michèle Alliot-Marie, Rachida Dati et Christine Albanel. Une partie des lettres a été postée dans la région de Béziers.

Le 4 mars, la police avait déjà interpellé Pierre Blondeau, l’un des onze gardés à vue. Son ancienne compagne l’avait en effet accusé d’être responsable de ces courriers. De fait, un faisceau d’éléments faisait de lui un coupable très possible. Ancien militaire, il aurait pu détenir les munitions utilisées. Surtout, il appartient à une mouvance gauchiste dont les membres se retrouvent régulièrement dans l’arrière-boutique de son café tabac, à Saint-Pons-de-Thomières, comme par hasard à une cinquantaine de kilomètres de Béziers.

Le lieu des réunions apparaît folklorique. Les murs sont couverts de portraits de Che Guevara, de drapeaux rouges et de banderoles à l’effigie d’Attac, structure qui, en France, fédère les organisations gauchistes et écologistes. Blondeau publie aussi un brûlot appelé « La Commune » et tient un discours déjanté caractéristique de l’ultra-gauche.

À la suite des perquisitions, les policiers n’ayant trouvé aucune preuve, on dû libérer les onze personnes. Une cinquantaine de militants et d’amis du parti communiste ou de la Confédération paysanne, syndicat de José Bové, les attendait devant la mairie de Saint-Pons.

Le 20 septembre, coup de théâtre : un certain Thierry J., Thierry Jérôme apprenons-nous, est appréhendé par les forces de police. Il habite Hérépian, village de l’Hérault compris dans la zone de recherche de nos limiers. Il pratique le tir sportif, revendique être anarchiste et est décrit comme un peu dérangé. Il reconnaît les faits et dit avoir opéré seul. Reste une question : il tire au 22 long rifle, or les munitions contenues dans les courriers sont du 9 mm. Un calibre vendu sous contrôle par les armuriers. D’où viennent les balles de 9 mm utilisées par Jérôme ?

Jérôme arrêté, l’autorité a déclassé l’affaire, dessaisissant le parquet anti-terroriste. Il n’en reste pas moins que la région fait beaucoup parler d’elle. On se souvient, fin août, de la découverte de quatorze caches d’armes de l’ETA sur le territoire français. Six avaient été trouvées dans l’Hérault. Cinq autres dans les départements voisins, limitrophes en outre de l’Aveyron, dont fait partie le plateau du Larzac. Là, aussi, où José Bové concocte ses pitreries médiatiques. Tout cela n’est-il que hasard ou faut-il croire la composition de l’air de la région favorable à l’émergence d’idéologies d’extrême-gauche ? 

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com
 
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