LA PRESSE FRANÇAISE CENSURE
LES NATIONS UNIES SUR ISRAËL

12 décembre 2008

Le 9 novembre 2008, le Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies adoptait 99 recommandations à l'égard d'Israël. Il ordonnait à ce pays de prendre des mesures allant de la levée du blocus contre Gaza à la libération de prisonniers palestiniens.

Dans la presse française, seuls les hebdomadaires et "Libération" ont répercuté l'information, se contentant de reproduire la même dépêche de Reuter. Or, cette dernière, évitant les réalités gênantes, avait été rédigée de manière à ne pas blesser la sensibilité israélienne. " Le Monde " et " Le Figaro " ont carrément gardé le silence.

A l'étranger, la BBC a mis les pieds dans le plat. Elle a fait état du communiqué de Richard Falk, le rapporteur spécial sur les Droits de l'Homme dans les territoires palestiniens occupés. Il dénonce " des procédés qui équivalent à des Crimes Contre l'Humanité ". Pour lui, il semblerait " qu'il y ait lieu de lancer un mandat de la Cour Criminelle Internationale pour enquêter sur la situation et pour déterminer qui, des responsables politiques israéliens ou des chefs militaires en charge du siège de Gaza, devraient être poursuivis et traduits en Justice pour violations de la loi criminelle internationale ".

Le silence de la presse française, une fois encore, en dit long sur l'état de dépendance de nos médias à l'égard de certains réseaux d'influence.

Nous publions in extenso la traduction en français du texte de Falk, dont seule la version en anglais est accessible sur le site du Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies.

Gaza :
le silence n'est pas une option

Le Rapporteur spécial sur la situation des Droits de l'Homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Richard Falk, a publié le communiqué suivant :

Genève : " Au cours des derniers jours l'état désespéré de la population civile de Gaza a été reconnu par des personnalités de niveau international comme le Secrétaire général des Nations Unies, le Président de l'Assemblée générale et le haut Commissaire aux Nations Unies pour les Droits de l'Homme.

La semaine dernière, Karen Aby Zayd, qui dirige les opérations de secours des Nations Unies à Gaza, a communiqué une confirmation de première main à propos de l'urgence désespérée et des conditions inacceptables auxquelles est confrontée la population civile de Gaza. Quoique de nombreux responsables politiques aient commenté la cruauté et l'illégalité du blocus de Gaza par Israël, une telle avalanche de critiques, par des officiels des Nations Unies habituellement circonspects, ne s'est jamais produite d'une façon aussi généralisée depuis l'apogée de l'apartheid sud-africain.

Et pourtant, tranquillement, Israël poursuit le siège de Gaza dans toute sa violence, ne permettant le passage que du strict minimum de combustible et de nourriture pour éviter une famine massive et une épidémie. Une telle politique de punition collective, mise sur pied par Israël pour punir les habitants de Gaza des évolutions politiques à l'intérieur du territoire, constitue une violation flagrante, continue et massive, de la loi humanitaire internationale telle que fixée dans l'Article 33 de la 4ème Convention de Genève.

Les mots ne suffisent plus. Comme Abu Zayd l'a écrit, " l'abîme entre les mots et les faits ", en matière de soutien des Droits de l'Homme dans la Palestine occupée, engendre une situation dans laquelle " le radicalisme et l'extrémisme prennent aisément racines ". Dans ces conditions, les Nations Unies sont obligées de réagir. Certains gouvernements du monde sont complices en continuant de soutenir politiquement et économiquement l'approche punitive d'Israël.

Des actions préservatrices doivent être immédiatement prises pour s'opposer à la persistance des violations à grande échelle des Droits fondamentaux de l'Homme à la vie, au regard de la situation d'urgence qui est en train de générer une catastrophe humanitaire révélée jour après jour. En dépit des difficultés d'ordre politique, il est temps d'agir. Au plus strict minimum, un effort urgent s'impose de la part des Nations Unies pour faire appliquer les normes de responsabilité concernant la protection d'une population punie collectivement par des procédés qui équivalent à des Crimes Contre l'Humanité.

Dans un état d'esprit similaire, il semblerait qu'il y ait lieu de lancer un mandat de la Cour Criminelle Internationale pour enquêter sur la situation et pour déterminer qui, des responsables politiques israéliens ou des chefs militaires en charge du siège de Gaza, devraient être poursuivis et traduits en Justice pour violations de la loi criminelle internationale. Comme l'a déclaré Abu Zayd, " C'est une crise humanitaire délibérément imposée par des acteurs politiques ".

Il faut noter que la situation a empiré au cours des derniers jours, en raison de la rupture du cessez-le-feu entre Hamas et Israël, qui avait été respecté par les deux parties pendant plusieurs mois. Ce cessez-le-feu avait été accepté par Hamas en dépit des manquements d'Israël à ses obligations, auxquelles il avait souscrit selon l'accord, concernant l'amélioration des conditions de vie de la population de Gaza.

La récente flambée de violence a éclaté après une incursion israélienne qui a tué plusieurs supposés militants palestiniens à l'intérieur de Gaza. Les éléments de Hamas, ou d'autres, violent la loi internationale quand ils tirent des roquettes contre les villes israéliennes, quelles que soient les provocations qu'ils ont eu à subir, mais un tel comportement des Palestiniens ne légitime en rien l'imposition par Israël d'une punition collective aux dépens de la vie et de la santé du peuple de Gaza. Et cela ne devrait pas faire oublier aux Nations Unies et à la communauté internationale leur morale fondamentale et l'obligation légale de protéger le peuple palestinien ".

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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