POUR QUI TRAVAILLE GERGORIN?

septembre 2007

Né en 1946 à Paris, Jean-Louis Gergorin commence sa vie en collectionnant des peaux d'ânes les plus prestigieuses : Polytechnique, promotion 1966, puis l'ENA dont il sort en 1972 (1).

Entre son passage dans ces deux institutions, il y a un vide, comblé par son séjour, en 1969 et 1970, à l'université d'Harvard. Plus significatif, il entre alors comme chercheur à la Rand Corporation. Sa fascination pour les États-Unis sera confirmée quelques années plus tard. Bien qu'engagé chez Matra, en 1989, il y effectuera un stage, le "Standford Executive Program", formation à l'américaine pour la direction des entreprises.

Son séjour à la Rand Corporation mérite un intérêt particulier. Fondée en 1945 par l'armée de l'air américaine (Air Force), cette institution est un " think tank ", un centre de réflexion stratégique, proche des "néo-conservateurs", le camp de George W. Bush.

Sont passés par la Rand parmi les décideurs les plus marqués du système Bush, comme Frank Carlucci (ancien directeur de Carlyle), Lewis Scooter Libby, ancien conseiller du vice président Dick Cheney, condamné pour trahison et gracié par Bush, Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense et artisan de la guerre contre l'Irak.

On remarque aussi le nom de Zalmay Khalilzad, Afghan par la naissance, passé au service de l'empire américain et aujourd'hui ambassadeur de Washington à l'ONU. Plus grave à nos yeux, figure aussi le patronyme de Pascal Lamy, devenu directeur de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) et ancien commissaire européen. Ce dernier est un artisan de la mondialisation au service des États-Unis. Il n'a eu de cesse de faire de la construction de l'Europe une étape de la soumission de celle-ci à l'ensemble atlantique. En d'autres termes, ce Français a trahi son pays et l'Europe qui l'employait. Il n'est pas le seul.

Voilà le bouillon de culture dans lequel Gergorin a reçu le virus mondialiste états-unien. Des institutions françaises correctement gérées auraient dû se garder d'une pareille intrusion. C'est le contraire : En 1973, il entre au CAP, le Centre d'analyse et de prévision du Quai d'Orsay, et en 1979, en reçoit la direction.

Là, il fait son effet. Beau parleur et imaginatif, connaissant bien les arcanes politiques de la planète, il sait apporter des interprétations originales. Certes, trop souvent, ses analyses sont déconnectées de la réalité. Mais les démonstrations sont séduisantes et en France on aime cela.

Il faut, arrivé à ce point, apprécier le talent de ceux qui, à la Rand, ont recruté Gergorin. S'il n'est pas un génie de l'action ou de l'organisation, il a celui de l'illusionnisme. En d'autres termes, il a le profil parfait de l'agent d'influence.

Habitués à des actions plus franches et directes, nous connaissons mal, dans notre pays, ce type de personnage. Il a pour mission, s'insérant dans un groupe, d'en influencer les décisions dans un sens défini par son employeur. Ici, en l'occurrence, le noyau des décideurs de l'État français. Nous disons cela sans craindre de poursuites pour diffamation, les textes et recommandations de la Rand contenant assez de preuves de la volonté de manipulation des pays européens.

Gergorin, une fois introduit dans les institutions françaises, remplira au mieux sa mission. Il nouera des relations avec Régis Debray, Hubert Védrine, Claude Cheysson, mais aussi, éclectique, avec Philippe Delmas, futur dirigeant d'Airbus, et Philippe Rondot. Yves Bonnet, alors directeur de la DST a dit : " J'ai même le souvenir que c'est Gergorin, que j'estimais, qui avait fortement appuyé la proposition d'intégrer Rondot à la DST " (2). C'était en 1986.

Mieux, en 1981, il recrute même Dominique de Villepin, le débauchant de la direction des affaires africaines et malgaches du ministère des Affaires étrangères, et en faisant son ami. Celui-ci présente alors des garanties de soumission au mondialisme.

On voit comment Gergorin mettait en place sa toile. Mais il fallait aller plus haut. En 1984, il parvient à se faire engager au groupe Matra où il trône comme directeur de la stratégie du groupe et conseiller de Jean-Luc Lagardère. Il entre ainsi dans le dispositif de l'armement français. A la Rand, on doit se réjouir.

Continuant sur sa lancée, à la fin des années 90, il participe à la création d'EADS, cet énorme complexe multinational qui saborde l'armement français. Il n'en continue pas moins de vibrionner. Il est membre de l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), maître de conférence à l'Institut d'études politiques de Paris et, surtout, participe aux réunions mensuelles du " Siècle ". Le club où se rencontrent les grosses pointures de la presse et de la politique, de droite comme de gauche.

A partir de la fin de 2002, cependant, Gergorin a des raisons de s'inquiéter. La France, sous la direction de Chirac, fait de la résistance au projet d'intervention des États-Unis en Irak. Pire, Villepin, son poulain, rue dans les brancards et s'oppose à Washington de la tribune des Nations unies, le 19 mars 2003 (Photo).

Dominique de Villepin
le 19 mars 2003 aux Nations unies.

A la Maison Blanche, on s'énerve. La tension monte à son comble entre la France et les États-Unis. Mais les choses ne peuvent en rester-là. Au moins en façade, il faut ressouder les deux rives de l'Atlantique.

Gergorin est chargé de lancer un pont. Début 2004, il organise une réunion à Paris entre de hauts responsables français et des personnalités américaines comme Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinski (3).

Henry Kissinger

Mais cela ne suffit pas. Il faut éliminer Villepin de la course aux élections. Faire monter à sa place un candidat favorable au grand frère américain.

Nous ne chercherons pas à nous substituer aux juges. Néanmoins, avec l'affaire Clearstream, nous assistons bien à une machination mise en place par Gergorin et Imad Lahoud, recruté par lui au sein d'EADS au printemps 2003.

Or, cette machination n'est pas dirigée contre Sarkozy. Les prétendues preuves étaient trop grossières pour porter préjudice à ce candidat-là. On le voit au résultat, le complot avait pour cible Villepin. Comme l'on voit aussi Gergorin l'un des mieux placés, pour compromettre et faire tomber notre ancien Premier ministre, en se servant des relations d'amitié et de confiance nouées entre eux au cours des années.

 

 

Notes

(1) Voir "Clearstream, les données occultées. Qui est Imad Lahoud?" et
" Des corbeaux sur la France".
(2) D'après " Le Monde " du 10 mai 2006.
(3) D'après le " Washington Post " du 16 novembre 2004.
Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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