L’art d’éluder les sujets gênants
du grand rabbin de France Haïm Korsia

octobre 2015

Haïm Korsia n’est pas mauvais homme. Il a même appris à s’ouvrir en tant qu’ancien aumônier du culte juif dans l’armée française. Cependant, le discours chargé d’empathie quand il s’agit de migrants arrivant aux frontières de la France, il garde un silence prudent à l’égard des manières employées par Israël. Cela soit dit, en toute humilité de notre part.

Au cours d’une interview publiée dans « Actualité Juive » du 10 septembre, répondant à une question sur les migrants qui arrivent en France, il dit : « Nos Textes (religieux) détiennent des pistes de réponses à nos interrogations (...) Le Deutéronome nous enseigne en effet : « Tu aimeras l’étranger car tu as été étranger en terre d’Égypte » (Deut. X, 19). Il faut permettre la stabilisation des populations et la pacification des territoires dont sont originaires ces migrants en amont, mais il est également de notre devoir de donner aux migrants la possibilité de construire un avenir où ils se trouvent », autrement dit chez nous, en France.

On ne pouvait pas en attendre moins d’un homme de religion. Nous sommes néanmoins interloqués du silence de Korsia à propos de la situation des migrants non-juifs en Israël.

Ainsi, le 6 septembre, Benjamin Netanyahu a déclaré que son pays ne se laisserait pas « submerger » par les réfugiés syriens et africains. Il a annoncé la construction d’une clôture le long de la frontière partagée avec la ,Jordanie. En 2013, du reste, l’État hébreu a déjà installé une clôture électronique de 240 km le long de sa frontière avec l’Égypte pour interrompre les infiltrations de migrants africains.

Plus de 50 000 d’entre eux étaient parvenus à entrer. Nous avons évoqué dans nos colonnes la manière dont ils sont traités dans le camp d’Holot, en plein désert du Néguev et à une centaine de km de la première ville. Comment aussi ils sont renvoyés en Afrique dans des pays « amis » comme le Rwanda.

Nous avions aussi parlé du cas de ces trois chrétiens érythréens, passés par le camp d’Holot, renvoyés en Afrique puis exécutés par Daech en Libye au cours d’une nouvelle tentative de fuite vers l’Eldorado (lien en note).

En matière de traitement de réfugiés, il semble qu’Israël fasse encore reculer les normes. Handicapés par l’afflux de blessés venant de Syrie, l’autorité israélienne a annoncé que désormais « l’identité des blessés se présentant à la frontière sera strictement vérifiée ». Les blessés non-désirables seront refoulés après avoir reçu les premiers soins, pas plus.

Les réflexions de Korsia sur les migrants arrivant à nos frontières ne sont pas toutes à rejeter. Néanmoins, il conviendrait, s’il veut poser en donneur de leçons, qu’il parle aussi de ce qui se passe en Israël. Ou alors, en tant que juif français, il perd tout crédit.

Note


Voir « Trois clandestins, chassés d’Israël, sont exécutés en Libye par Daech », juin 2015.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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