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Sur la mort de 55 chiites, à Kaboul

février 2012

En pleine Achoura, une fête religieuse chiite célébrée dans la rue, un homme s’est fait exploser au milieu de la foule à proximité du sanctuaire Abou Fazl, à Kaboul. Dans les mêmes circonstances, un autre attentat perpétré à Mazar-i-Charif, dans le nord, a fait au moins quatre morts dans la communauté chiite de cette ville. Vous l’avez lu dans la presse. Nous vous en disons plus.

Il faut savoir cette célébration particulière aux chiites. A cette occasion, ils s’auto flagellent jusqu’au sang, utilisant des objets contondants pour amplifier l’écoulement d’hémoglobine.

Ces manifestations sont honnies par les sunnites pour leur aspect violent mais aussi parce qu’elles consacrent la division entre les deux branches de l’islam. En effet, les chiites célèbrent ainsi la mort d’Hussein, petit-fils de Mahomet, mais surtout troisième iman chiite tué par les sunnites à Karbala (actuel Irak), en 680 après J.-C.. Encerclés par les forces sunnites, les chiites avaient été coupés des approvisionnements en eau pendant huit jours.

Réduits au combat en situation de faiblesse, ils avaient été massacrés avec leur chef à leur tête. Au Xème, puis au XVIème siècles, les monarchies persanes, les Bouyides puis les Safavides, ont élevé les anniversaires du « martyre » d’Hussein au rang de célébrations annuelles.

En Afghanistan, autrefois, ces manifestations ne dépassaient pas l’enceinte des « hussaynias », les mosquées chiites, la majorité sunnite s’y opposant.

Elles occupent la rue depuis l’arrivée des forces occidentales qui, au nom de la liberté de culte, ont laissé se développer cette coutume, en même temps que les chiites, jusqu’alors marginalisés, accédaient à des positions qui leur étaient jusqu’ici refusées.

Les services iraniens, à des fins politiques, organisent et financent chaque année la fête de l’Achoura sur le territoire afghan. Au cours des dernières semaines précédant les célébrations, ils ont convoqué plusieurs réunions, dans les villes à fortes minorités chiites. Les fonds ont été considérablement augmentés cette année pour assurer une mobilisation spectaculaire.

L’insécurité et les attentats se multipliant en Afghanistan, y compris à Kaboul, on en vient à se poser des questions sur les intentions réelles de Téhéran. Le but était-il religieux et festif ? N’était-il pas d’organiser une provocation afin d’engendrer un drame, d’exacerber les passions et d’augmenter le degré d’insécurité dans le pays ?

Il faut savoir : si depuis deux ans l’Iran entraîne et arme des Taliban pour provoquer le départ des forces occidentales, il travaille aussi à s’implanter politiquement, religieusement et économiquement en Afghanistan en s’appuyant sur les ethnies qui refusent la domination des Pachtouns, tribus constituant la base de recrutement des Taliban.

Ces derniers ont nié avoir commis les attentats de Kaboul et Mazar-i-Sharif. Ils sont néanmoins loin d’être homogènes et il n’est pas exclu qu’un de leurs groupes ait commis ces massacres. Cependant, même si l’on ne retient pas, contre les Iraniens, l’intention d’une provocation, on ne peut taire l’irresponsabilité de leurs activités en Afghanistan. Voilà pourquoi, à partir du moment où nous avons désormais un engagement moral à l’égard de la population de ce pays, nous devrions nous assurer de la neutralité de l’Iran à son égard.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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