AFGHANISTAN
L’IRAN PLANTE SES CROCS

avril 2010

Daté du week-end du 21 mars 2010, le Sunday Times publiait l’interview de deux commandants des Taliban afghans. Ces derniers affirmaient l’Iran entraînant sur son sol des Afghans pour combattre les forces occidentales en Afghanistan. Émanant d’une publication à la ligne éditoriale extrémiste, sous la conduite de Rupert Murdoch, l’information pouvait être mise en doute. On connaît en effet Murdoch, magnat des médias à l’échelle mondiale (1), pour son soutien aux « néo-cons » américains et à la politique de George Bush, pour son engagement total aussi en faveur de la guerre en Irak et des thèses sionistes radicales. Pourtant, forts de nos enquêtes sur le terrain afghan, nous confirmons ces informations. Elles arrivent cependant bien tardivement, après plusieurs années d’aveuglement des Américains à l’égard des activités iraniennes en Afghanistan. Nous avons évoqué cette pénétration à plusieurs reprises dans nos colonnes (2). Il ressort néanmoins de cette offensive médiatique de Murdoch, que les radicaux américains et sionistes ont décidé d’apporter un nouvel argument pour convaincre le monde d’attaquer militairement l’Iran. A nos yeux, ce n’est pas le meilleur moyen de dissuader ce pays de ses visions expansionnistes.

L’information du Sunday Times tombait après une étrange décla-ration de Robert Gates, secrétaire Américain à la Défense. Le 11 mars, il avait estimé le soutien de l’Iran aux Taliban assez limité en Afghanistan. « A ce stade, le niveau de leur effort n’est pas un problème majeur pour nous », avait-il précisé. C’était l’autre tendance américaine qui se manifes-tait, cherchant à apaiser les tensions.

On a le sentiment, quand Téhéran crache sur les États-Unis, que le responsable de la Défense tend la main pour dire qu’il pleut ! En fait, aussi étrange que cela puisse paraître, en Afghanistan, comme en Irak, Washington s’est mis dans une position de vulnérabilité vis à vis de l’Iran, État frontalier de ces deux pays.

Pour faire simple, le pouvoir américain hait le régime en place à Téhéran, comme on le sait, mais évite de le contrarier en Irak et en Afghanistan, où l’Iran jouit d’une importante capacité de nuisance.

Ces circonstances suscitent des situa-tions cocasses. Le 10 mars, Mahmoud Ahmadinejad, le Président iranien, débarquait à Kaboul pour rendre visite à Hamid Karzaï, son homologue afghan. Au même moment, Gates visitait les troupes américaines dans le sud du pays. L’Iranien a tout fait pour l’éviter tout en le narguant. Boutade cinglante, mettant le pied sur le sol afghan, il a interpellé les forces d’Outre-atlantique en déclarant : « Que faites-vous à 12 000 km de chez vous ? » Puis il a ajouté : « Nous ne voyons pas la présence des forces militaires étrangères comme une solution pour apporter la paix en Afghanistan ». Déclarations occultées par la plupart des médias de l’Hexagone.

KARZAÏ SE PRÉPARE-T-IL À TRAHIR LE GRAND FRÈRE AMÉRICAIN ?

En revanche, les propos d’Ahmadinejad pourraient avoir eu plus d’écho qu’on ne le croit dans l’esprit de Karzaï. D’après nos informations, quelques jours après le départ de l’Iranien, il a tenu une réunion non officielle avec ses collaborateurs les plus proches. A la surprise générale, il a prophétisé un avenir catastrophique pour les Américains sur les plans économiques et politiques. D’autre part, il a estimé leurs buts illogiques et inamicaux à l’égard des pays musulmans et plus particulièrement de l’Afghanistan.

Il a par ailleurs estimé que les forces occidentales quitteraient à plus ou moins long terme le pays. Qu’en conséquence, il valait mieux, pour l’Afghanistan, développer de bonnes relations avec les pays voisins afin d’envisager une stratégie d’ensemble. Par pays voisins, il faut entendre le Pakistan, mais surtout l’Iran.

Karzaï se fait l’instrument de sa perte et celle de son pays en tombant dans le piège iranien. Se dressant contre ses protecteurs et croyant opérer un changement d’alliance, il sera balayé. Quant aux Américains, ils perdront d’autant en légitimité et leur présence sera un peu plus menacée dans le pays. Or l’Iran attend en embuscade le départ des forces étrangères pour se jeter sur l’Afghanistan.

Ceux qui voient dans Ahmadinejad un clown sans aucune intelligence politique se trompent. Il y a plus de ruses et de calculs chez ce petit homme que chez beaucoup de décideurs occidentaux.

Notes

(1) Rupert Murdoch possède près de 200 de journaux, principalement en Australie, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Il détient aussi des chaînes de télévision. Voir :« Le mondialisme en marche : Murdoch, la presse sous contrôle ».
(2) Voir: « Subversion iranienne en Afghanistan », et « Ingérence de l’Iran en Afghanistan ».

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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