|
juillet 2012
Dans le sud de lAfghanistan, base de recrutement des Taliban, le pachtou apparaît comme lidiome le plus parlé par les tribus du même nom. Pourtant, le persan, la langue de lIran, est aussi la langue administrative du pays et, de plus, celle des populations du nord. Pour cette raison, Téhéran considère comme « sa » zone dexpansion naturelle le nord de lAfghanistan et le Tadjikistan voisin, ancienne république musulmane de lURSS, où le persan est aussi la langue nationale. Anticipant sur le départ des Occidentaux de la région, les services iraniens, sous couvert dactivités religieuses chiites, ont créé un réseau de mollahs quils rémunèrent à la fois dans le nord de lAfghanistan et au Tadjikistan. Au cours des derniers mois, ils ont multiplié les réunions dans le centre chiite de Kaboul. Les décisions venant de Téhéran ont été ensuite répercutées dans leurs différentes implantations, principalement à Herat, Kandahar, Kunduz, Ghazni, Takhar, Mazar-i-Charif et Parwan. Des organisations financées par les Iraniens, comme les fondations Khomeiny, Mehr, Akram, Kazimi ou Khatam-Al-Nabeen, multiplient les projets économiques, donnant des emplois aux jeunes diplômés sans travail, les enrôlant ainsi dans leur vaste plan dassimilation de toute la région.
Un comité spécial a été créé à cet effet et des universitaires chiites recrutés. Des Iraniens, dépêchés par leurs services, pilotent le programme. Les 2 et 3 mai, sous prétexte de célébrer la « victoire de la résistance contre les Soviétiques », une série de festivités a été organisée dans les différentes structures afghanes contrôlées par lIran à Kaboul : la fondation Khomeiny, le centre de formation Basir, la fondation Païambari Azam et luniversité Machhal. Cette dernière est dirigée par lingénieur Ahmad Chah Ahmadzai (1). Au cours des célébrations, des petits cadeaux ont été distribués par les agents de Téhéran, mais surtout des CD, des DVD et des documents de propagande dénonçant les activités américaines et exhortant les Afghans à saffranchir de linfluence occidentale. Les festivités ont donné lieu à de nombreux discours. Tous étaient orientés, non sur la « défaite soviétique », mais appelaient les Afghans à refuser les négociations avec les Américains et à soutenir les efforts iraniens. Téhéran a entrepris des activités comparables au Tadjikistan et offre des bourses aux jeunes qui veulent étudier en Iran. Les Iraniens ont aussi noué des relations daffaires avec la famille du Président, Emomalii Rahmon, en particulier avec ses filles, son fils et ses gendres. Tout cela à la barbe des forces doccupation occidentales. (1) Ahmadzai est un Pachtoun sunnite rallié à lIran qui a été Premier ministre de 1995 à 1996. Son importante fortune doit beaucoup à ses amis Iraniens et, faut-il ajouter, il a installé son université en face de lambassade iranienne. Ahmadzai contrôle aussi un réseau de mollahs sunnites rémunérés par lIran. Lire aussi: Interview d'Ahmad Chah Ahmadzai |
www.recherches-sur-le-terrorisme.com |