Ce que la presse ne vous dit pas sur la Libye 

juillet 2012

Il n’y a là rien de bien étonnant. En février 2011, avant même son offensive, la France a fait livrer des moyens de communication et semble-t-il des armes aux rebelles de la région de Zenten.

Or, comme nous l’avons déjà écrit, la Résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations Unies interdisaient la livraison des « armes et munitions, véhicules et matériels militaires, équipements paramilitaires et pièces détachées correspondantes... »

Cela semble indiquer que l’Élysée avait décidé d’intervenir avant même le vote de la Résolution 1973, votée le 17 mars, et donnant à la France et à la Grande-Bretagne le prétexte de leur intervention militaire.

Que la vérité, sur cela et sur d’éventuels financements occultes, n’éclatât trop ostensiblement gênait Nicolas Sarkozy. Voilà pourquoi il abritait Bachir Saleh, ancien grand argentier de Mouammar Kadhafi à Paris. Étrangement, ce dernier a disparu de notre pays entre les deux tours des élections présidentielles. A-t-il senti le vent tourner ?

Pendant ce temps, en Libye, d’autres se positionnent sur un terrain où les Français brillent par leur quasi absence : les Américains.

Les visites de hauts responsables des États-Unis se succèdent à Tripoli et Benghazi. Les 23 et 24 avril, c’était le Secrétaire d’État adjoint à l’Économie et à l’Énergie, Jose Fernandez, à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires de son pays. Les 29 et 30 mai, le secrétaire d’État adjoint à la Démocratie et aux Droits de l’homme, Michael H. Posner.

Le 21 mai, le général Carter F. Ham, chef de l’AFRICOM, s’est pour sa part rendu en Libye pour proposer de réorganiser des forces armées. Il a été suivi par une délégation du DIRI (US Defense Institute Reform Initiative)* menée par David Cate.

Le programme va être prochainement lancé sous la supervision de Tom Davis, un militaire à la retraite, qui sera à la tête d’une équipe d’experts. Petit problème, cette initiative est concurren-te d’un projet équivalent du chef d’état-major des armées françaises, soutenu par la MANUL (Mission d’appui des Nations Unies en Libye) et... l’OTAN. Quand les intérêts américains sont concernés, il n’y a plus ni d’alliés, ni de loyauté pour Washington.

Encore plus fort, pour s’accaparer des contrats pétroliers, les États-Unis se sont mis en tête de faire annuler ceux signés sous Kadhafi. La SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme de la Bourse, a été mobilisée dans ce sens au nom de la FCPA (Foreign Corrupt Practices Act), la loi américaine contre la corruption des hommes politiques.

Les autorités libyennes collaborent sans rechigner avec l’enquête de la SEC. En d’autres termes, elles se plient aux lois votées dans un autre pays.

Tout cela parce que les États-Unis ayant déclaré un embargo sur le pétrole de Kadhafi, aujourd’hui, ils ne reçoivent que 3% de la production de la Libye. Quand l’Europe se voit attribuer la part du lion, avec 80% du brut libyen, et la Chine 11%.

Les Français se font tailler des croupières par d’autres. Le 21 juin, se tenait une importante réunion à laquelle participaient les ministères libyens du Plan et des Transports. Un contrat de 12 milliards de dollars a été signé avec la société chinoise « China Railway Corporation Corp » (CRCC) et la Compagnie russe des chemins de fer (RZD).

Note

* Le DIRI est un programme du département de la Défense américaine pour « soutenir les capacités de structuration des ministères de la Défense des nations partenaires des États-Unis ».

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

Lire aussi: Comment Sarkozy a orchestré la révolte libyenne

 

Retour Menu
Retour Page Accueil