Existerait-il une tendance mafieuse au sein du pouvoir russe ?

juillet 2017

Désolé pour les « poutinophiles », mais il pourrait bien exister une tendance mafieuse au sein du pouvoir russe. Pour preuve de nos soupçons, les faits d’armes de Denis Grunis, actuel chef de la Division pour la coopération internationale du parquet fédéral russe.

Tout commence en 2007, quand une bande d’escrocs bien introduits dans les milieux du pouvoir russe parvient à soutirer 230 millions de dollars au ministère des Finances. Deux témoins ne survivront pas à cette affaire. Le premier meurt empoisonné à Londres. Le second, un certain Sergueï Magnitski, succombe dans une prison russe en novembre 2009. Une commission d’enquête estime qu’on l’a assassiné. L’homme il est vrai, avocat de son état, se voulait « lanceur d’alerte ». Il représentait donc un risque.

Denis Grunis
Honnêtement, donc naïvement dans le climat moscovite, la Suisse intervient alors. Le 3 mars 2011, le Ministère public helvétique bloque plusieurs millions de dollars supposés appartenir aux escrocs à la banque du Crédit Suisse. Les détenteurs des comptes sont accusés de blanchiment d’argent.

Là, surprise, alors numéro deux de la Division pour la coopération internationale du Parquet fédéral russe, Denis Grunis demande « l’entraide judiciaire » à la Suisse dans l’enquête sur l’assassinat de Magnitski. En d’autres termes, en raison des relations entre les deux dossiers, d’avoir accès à celui des millions bloqués.

Les Helvètes auraient dû se méfier de la coïncidence de leur intervention et de la demande des Russes. Cependant, faut-il reconnaître, les échanges entre services judiciaires sont désormais habituels d’un État à l’autre. Le Ministère public suisse a donc fourni les informations demandées croyant aider à l’application du droit à Moscou.

Mais cette escroquerie de 230 millions de dollars intéressait décidément beaucoup de monde. En avril 2014, le Parlement européen recommandait une restriction de visas et le gel des comptes en banque de tout un groupe de personnes liées à l’affaire. Parmi elles, un certain Andreï X. Ce Russe, lui aussi avocat, aurait permis aux escrocs de réaliser leur coup en apposant sa signature sur un document.

Or, et c’est là le problème, Andreï X entretient des relations très amicales avec Denis Grunis, comme plusieurs courriels en attestent. Ce dernier va jusqu’à tutoyer son correspondant et le remercie même pour « son aide ». Pas mal entre un procureur et un suspect.

Faut-il s’en étonner, Grunis a refusé de transmettre les informations reçues de Suisse aux polices étrangères afin d’aider à la mise sous les verrous de la bande d’escrocs.


Mieux, si l’on peut dire, le 21 mars 2017 l’avocat de la famille de Magnitski, Nikolai Gorokhov, est tombé malencontreusement de la fenêtre du quatrième étage de son appartement moscovite. De mauvaises langues disent qu’on l’aurait poussé. En tout cas, s’il s’en est sorti, mais gravement blessé il ne se souvient plus de rien. Le choc est-il seul responsable de cette amnésie ?

Pour Grunis, cependant, tout va bien ! En avril dernier il a été promu, recevant la direction de toute la coopération internationale du Parquet fédéral russe.

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