Les courants mondialistes voudraient dépecer la Syrie

janvier 2016

Dans le « Wall Street Journal », Robert Zoellick, ancien président de la Banque mondiale et associé aux cercles mondialistes, a déclaré : « Est-ce que quelqu’un peut vraiment croire que la Syrie peut être à nouveau réunie et revivifiée grâce à des élections démocratiques ? » (1)

Plus haut, il qualifiait les efforts de John Kerry, patron des Affaires étrangères américaines, pour mettre un terme à la guerre à travers la diplomatie, « de bien intentionnés ». Tout en diagnostiquant qu’il « ne parviendrait pas à accomplir ce qu’il attend ».

Dans l’article, Zoellick fait le constat des lignes conflictuel-les qui traversent le Moyen-Orient pour en déduire que la Syrie, selon lui, ne sera jamais restaurée en tant qu’État. C’est s’incliner devant la logique du désordre et accepter des prédateurs qu’ils fassent main basse sur ce pays mais aussi toute la région. Du reste, l’ancien patron de la Banque mondiale va jusqu’à admettre comme un fait accompli, et incontournable, l’extension de Daech « au Yémen, à la Libye, à l’Afghanistan et à l’Afrique ».

Pas un mot dans le discours de Zoellick pour inviter son pays et le reste de l’Occident à contrer la barbarie, mais aussi les appétits démesurés de l’Iran. Tout juste propose-t-il un vague plan humanitaire.

Mais pourquoi ce quasi abandon de la Syrie aux démons de la guerre ? Que l’article ait été accompagné d’une photo de la rencontre des présidents des principales organisations juives américaines n’est pas innocent. Cette image apparaît même comme une clé.

Si la Syrie ne retrouve pas l’unité étatique, elle restera éclatée en zones d’influence. La Turquie, bien sûr, en prendra un morceau, l’Iran et/ou la Russie, domineront dans la zone tenue par Bachar Al Assad mais, surtout, Israël, comme nous l’avons déjà dit, s’emparera de la zone druze, dans le sud (2).

La colère musulmane serait alors dopée par cet abandon du peuple syrien et ce nouveau cadeau fait à Israël. Daech renforcerait son pouvoir de nuisance sur le reste du monde et apparaîtrait comme le seul adversaire sérieux de Assad aux yeux de beaucoup de jeunes musulmans.

Enfin, par contagion, l’éclatement de la Syrie risquerait de se propager à d’autres pays du Moyen-Orient. Le résultat ne serait pas moins de guerre, mais plus de guerres dans une situation encore plus difficile à gérer pour nous qu’aujourd’hui.

Notes

(1) Dans le « Wall Street Journal » du 5 novembre 2015.
(2) Lire «
Israël se prépare à intervenir en Syrie ».

Syrie: la paix en trompe-l'oeil

Le 18 décembre, les 15 membres du Conseil de sécurité des Nations Unies ont voté à l’unanimité un texte de compromis pour sortir du conflit syrien. On se congratule, mais qu’en est-il dans le fond ?
D’abord, comme en convient tout le monde, ce n’est pas encore la paix. John Kerry, pour les États-Unis, a admis qu’une autre réunion était prévue pour parvenir à un cessez-le-feu.
Cependant, on ne parle d’une fin des combats qu’entre le gouvernement de Damas et l’opposition armée dite modérée. La résolution ne concerne pas les organisations jihadistes, comme Daech (l’État islamique) et Al-Nosra (affilié à Al-Qaïda). Sur ce plan nous approuvons. En effet, un groupe terroriste recourrant à des méthodes criminelles et non à des procédés de guerre, n’est pas intégrable dans une société normale. Il doit être vaincu militairement et démantelé. Aucune discussion n’est donc possible avec lui concernant son avenir.
Mais comment vaincre un groupe terroriste ? Le spectacle de l’horreur qu’il projette donne une image surévaluée de sa force aux yeux des populations agressées. En fait, les terroristes sont peu nombreux. Certes, ils restent difficiles à cibler car ils se cachent. Pouvant surgir en tous lieux, ils donnent l’impression d’être partout.
Pourtant, que tout le monde se coalise contre eux, comme cela tend à se passer en ce qui concerne Daech aujourd’hui, et la disproportion des forces deviendra telle qu’en quelques mois les groupes terroristes se retrouveront exsangues. Ne restera plus qu’à éliminer des cellules réduites à la survie. Tous les pays l’ont bien compris. Les Russes et Bachar Al-Assad, le Président syrien, jouent de cela. En gros, ils nous disent : « Contre les groupes terroristes, vous avez besoin de nous. Pressez donc ceux que vous appelez les modérés, la rébellion non-jihadiste, à rejoindre nos forces contre Daech...» C’est là que se cache le piège. Si Bachar Al-Assad reste en place, grâce à nous et aux Russes, il appartiendra au camp de la victoire. Après coup, il deviendra inexpugnable. Reprenant des usages que lui et sa famille n’ont jamais abandonnés, il truquera les élections, fera emprisonner, torturer ou exécuter ses opposants et organisera à nouveau des attaques terroristes pour tenter d’imposer ses volontés à ses voisins. Comme il le fait au Liban. Le pire, dans tout cela, sera de demander à une population qui s’est rebellée contre les excès des Assad de se soumettre à leur loi comme si de rien n’était. Voilà la paille dans l’accord. Car personne, parmi ceux qui refusent Daech et Bachar Al-Assad avec la même détermination, ne peut humainement accepter de se battre contre le premier en se mettant au service du second.
Alors faut-il renoncer à tout accord ? Non, puisqu’il apparaît la seule solution pour écraser Daech et Al-Nosra. En revanche, il convient d’insister et d’obtenir le limogeage de Bachar et de ses principaux associés dans le système de terreur qu’il a ordonné à la suite de son père Hafez.
Alors, les rebelles favorables à une solution démocratique pourront rejoindre, non le régime, mais les institutions du pays. Ils pourront même se mettre en ordre de bataille, au sein d’une armée syrienne reconstituée, pour combattre les groupes jihadistes. Pour obtenir une telle évolution, il faut néanmoins l’accord des Russes. Pour cela leur reconnaître, dans la région, une part d’influence. Faute de quoi, Daech va continuer de nuire...

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 
 
Retour Menu
Retour Page Accueil