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octobre 2006
La plupart de ces attaques ont été revendiquées par les TAK, les " Faucons de la Liberté du Kurdistan. " Même si, pour les autorités, les groupes gauchistes, comme le DHKP-C, figurent aussi parmi les suspects, le nom des TAK, des irrédentistes kurdes, revient le plus souvent. Cette organisation apparut en juin 2004, quand le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) déclara la réouverture des hostilités avec le pouvoir turc. Depuis, les attaques sont quasi quotidiennes dans la région du sud-est anatolien, dirigées contre l'armée et, dans l'ouest du pays, sous forme d'attentats. Les autorités d'Ankara considèrent
les TAK comme une émanation du PKK. Il est vrai que, dans
les textes de revendication de ce groupe, on remarque des appels
à la vengeance pour " le traitement fasciste subi
par le président Apo. " Par Apo, il faut entendre
Abdallah Öcalan, le fondateur du PKK, aujourd'hui
détenu en Turquie. Cela nous transporte quelques années
en arrière. Pour sa part, il se réservait une vie plus confortable que celle de ses combattants et avait trouvé asile en Syrie, auprès du régime d'Hafez El Assad, d'où il commandait les attaques. Mais en 1998, pour lui, tout basculait. Profitant de la disparition de l'Union soviétique, protectrice de la Syrie et du PKK, la Turquie exigeait de Damas la tête d'Öcalan. Fin politique, cons-cient en outre de sa faiblesse, sans le secours de Moscou face à la Turquie, El Assad enjoignit à son protégé d'aller chercher ailleurs un refuge. Après une cavale de plusieurs mois, le chef du PKK fut capturé à Nairobi, en février 1999, dans des circonstances restées mal élucidées. En détention, se transformant en mouton, il se fit soudain l'avocat d'une solution pacifique pour le Kurdistan. Il alla jusqu'à demander, et obtenir, un cessez-le-feu de ses anciens compagnons. La rupture de ce dernier, comme nous l'avons vu en 2004, et la reprise des opérations par les TAK, ressemblent à un jeu de rôles. Les violences étant commises sous un autre sigle que celui du PKK, du fond de sa prison, Öcalan s'estime sans doute à l'abri de toutes accusations. Comme le met en évidence cet autre chapitre du terrorisme international, les organisations marxistes, comme les TAK, le PKK, les FARC de Colombie, ou les maoïstes du Népal, sont au moins aussi dangereuses que les structures terroristes surmédiatisées des islamistes. Encore une fois, on voit la notion de " guerre contre le terrorisme " une erreur. Il faudrait parler de lutte contre " les " terrorismes, pour mieux en saisir les différences et ainsi mieux les réduire. |
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