HISTOIRE
Du Golan

mars 2015

Le 18 janvier 2015, effectuant un raid dans la partie syrienne de la région du Golan, un hélicoptère israélien tuait 6 membres du Hezbollah et 6 militaires iraniens, dont le général Mohammad Ali Allahdadi du corps d’élite des Gardiens de la Révolution (Pasdaran). Dans son communiqué, l’État hébreu a dit avoir effectué sa frappe contre des éléments qui « préparaient des attaques » contre lui. Cela semble peu probable. Certes, on sait le Hezbollah et les Iraniens très actifs dans cette partie de la Syrie mitoyenne d’Israël, mais pour y combattre Daech (l’État islamique). L’alliance chiite n’a pas
les moyens d’ouvrir un nouveau front. La suite des événements allait d’ailleurs le prouver. Le 28 janvier, un commando du Hezbollah tirait un missile anti-char et des obus de mortier contre les forces israéliennes tuant deux soldats. De manière significative, ces deux attaques se déroulaient dans la zone des fermes de Chebaa, territoire occupé par Israël et revendiqué par le Liban, où les Libanais sont en droit chez eux. Une façon, pour le Hezbollah, de se venger sans faire monter la tension, faute de pouvoir répondre à une vaste offensive. Autrement plus important apparaît le plateau du Golan, une région stratégique revendiquée par la Syrie et annexée par Israël. Le raid israélien du 18 janvier y claquait du reste comme un signal fort disant l’État hébreu déterminé à ne pas lâcher un pouce de terrain dans cette région.

Le Golan est un plateau bordé à l’ouest par la vallée du Jourdain, frontière est de la Palestine autrefois sous mandat britannique (1), et descendant en pente douce vers Damas à l’est. Au nord, on adjoint à cet espace géographique le flanc sud-ouest du mont Hermon. Outre l’aspect stratégique, parce que point haut le Golan met la capitale syrienne à portée de canon, c’est aussi une zone fertile de plus bénéficiant d’une pluviosité relativement élevée. 35% des ressources en eau d’Israël proviennent du Golan.

En 1948, lors de la première guerre israélo-arabe, les Syriens tentèrent une percée dans la région du Lac de Tibériade sur le territoire réputé israélien. Mais après une brève avancée, ils furent stoppés par la Haganah (2) et se replièrent sur les hauteurs du Golan. La guerre terminée, restant maîtres du plateau, les Syriens multiplièrent à partir de là les opérations de harcèlement contre les territoires juifs.

Au début de la Guerre des Six Jours, en juin 1967, en l’espace de 48 heures, les chars de Tsahal (3) bousculaient les forces syriennes et occupaient les parties hautes du Golan. À cette extension des zones contrôlées par Israël s’ajoutaient les prises du Sinaï, de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-est.

Puis, en 1973, éclatait la Guerre du Kippour. L’armée syrienne avançait à nouveau au Golan, récupérant 60% du territoire perdu, mais une contre-offensive israélienne amenait Tsahal à 30 km au-delà de sa première ligne de contrôle, dite ligne Alpha, menaçant Damas et constituant la ligne dite Bravo à l’est de la première.

Néanmoins, un cessez-le-feu étant signé, Israël acceptait de retourner à ses positions de 1967, reculant de la ligne Bravo, à la ligne Alpha. En échange, entre les deux lignes, une force d’interposition de Casques bleus était mise en place par les Nations-Unies.

Israël va d’abord considérer le Golan comme un territoire occupé. Mais le 17 décembre 1981, sous Menahem Begin alors Premier ministre, le Parlement vote l’annexion du plateau, l’intégrant de fait à l’État d’Israël.

Des foyers juifs sont installés et l’agriculture développée au point de donner le meilleur vin d’Israël. Refusant la nationalité israélienne, la population druze, d’origine, est bientôt surpassée en nombre par les juifs. Le Golan est devenu une vraie terre coloniale.

À Damas on a toujours clamé n’accepter la paix qu’à condition de récupérer le Golan. Mais sans rien entreprendre de sérieux dans ce sens.

Quand, en mars 2011, éclatait la révolution en Syrie, Israël se trouvait confronté à de nouveaux problèmes. L’afflux de blessés arrivant à sa frontière l’a obligé à installer un hôpital de campagne dans le Golan. Les Israéliens ont même reçu à l’intérieur de leur territoire des femmes venues accoucher. Puis le 15 septembre 2014, les Casques bleus abandonnaient leurs positions pour s’éloigner des combats.

Au Golan, plus que jamais, c’est « Guerre et paix », en même temps.

Jean Isnard

Notes

(1) De 1923 à 1948.
(2) La Haganah était une milice juive armée qui a commis de nombreux attentats. Elle a été intégrée à l’armée israélienne en 1948. Voir « La trace sanglante d’Yitzhak Shamir »
(3) L’armée israélienne.

Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001
www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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