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mars 2008
Le 17 février 2008, le Kosovo s'autoproclamait indépendant de la Serbie. Les principales puissances occidentales, dont la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis, reconnaissaient dès le lendemain le jeune État. La Serbie manifestait vainement son désaccord. Le représentant de la Russie à l'OTAN, Dimitri Rogozine, menaçait pour sa part du recours aux armes. Le 21, à la suite d'importantes manifestations, un groupe incendiait l'ambassade des États-Unis à Belgrade. Des déprédations étaient enregistrées à proximité des ambassades du Canada, de Croatie et d'Allemagne. Nos manipulations et nos injustices constituent le ferment de la colère serbe. Nous n'aurions pas pu mieux faire pour jeter ce peuple dans les bras de la Russie. Pour ouvrir à cette dernière une voie royale vers le coeur de la vieille Europe. Pour "L'Homme Nouveau" de la première quinzaine de mars, Alain Chevalérias a écrit un article sur les étapes de la dépossession des Serbes de leur province albanaise. Ci-dessous, nous évoquons une étape particulière, à partir d'un autre texte, rédigé par le même auteur, en mars 1999. |
En février 1999, quand depuis plus d'un an, le conflit avait atteint un niveau de violence inacceptable, les grandes puissances réussissaient le tour de force de réunir les protagonistes serbes et albanais du Kosovo à Rambouillet. En gros, la proposition occidentale s'articulait en deux volets. Le premier, politique, se basait sur l'octroi d'une large autonomie pour le Kosovo maintenu au sein de la Serbie. Le second, militaire, consistait à envoyer une force de l'OTAN pour assurer l'ordre dans cette province serbe. A Rambouillet, Belgrade acceptait l'autonomie du Kosovo mais refusait l'occupation de l'OTAN, considérée comme une atteinte à la souveraineté du pays. Les Albanais du Kosovo, en revanche, accueillaient très bien l'idée d'une présence militaire occidentale. Mais ils refusaient l'autonomie et réclamaient l'indépendance. Résultat, ni les uns, ni les autres ne signèrent les accords proposés. Les Américains approchèrent alors la délégation albanaise et lui firent comprendre que l'autonomie offerte signifiait en réalité l'indépendance sur le moyen terme. Aussi, le 18 mars 1999 à Paris, sans hésiter les Albanais du Kosovo signèrent les deux volets de l'accord. Quant aux Serbes, refusant l'occupation de leur sol, ils continuèrent de refuser de parapher un texte qu'ils voulaient négocier. Montrant leur souhait de régler pacifiquement le litige, le 23 mars, les Serbes faisaient voter l'autonomie du Kosovo par leur Parlement. Mais, le 24 mars, l'OTAN déclenchait une guerre aérienne contre la Serbie. Il faut retenir tout d'abord deux
choses : D'une part les prétendues négociations
de Rambouillet étaient en réalité
un ultimatum. D'autre part, incapables de déclencher une
offensive aussi importante en six jours, du 18 mars, fin
des " négociations ", au 24 mars,
début de l'offensive, les États-Unis et
dans une certaine mesure les États européens,
montraient qu'ils se préparaient avec détermination
à la guerre tout en prétendant chercher une solution
pacifique. A cette épuration, plusieurs raisons. D'une part, les guérilleros indépendantistes marchaient en formations militaires vers la capitale de la province. D'autre part, la population de souche albanaise applaudissait les bombardements de l'OTAN. Enfin, si les Serbes sont critiquables pour avoir expulsé les Albanais du Kosovo, ils ne sont pas seuls fautifs, la cause principale du nettoyage ethnique demeurant le déclenchement des hostilités par l'OTAN. Une vérité difficile à admettre pour nos bonnes consciences. D'où l'inversement des causalités et la dénonciation d'une expulsion massive, pourtant inexistante, des Albanais, avant l'attaque de l'OTAN. Nous en sommes sûrs, comme
l'a dit sans fioriture Vladimir Poutine le 23 février,
à propos des Européens : " Le précédent
du Kosovo (...) va un jour leur revenir dans la gueule
". Jean Isnard |
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