MISE À MORT
de la
SERBIE-MONTÉNÉGRO

mai 2006

 

Nous sommes le 22 mai. Il fait nuit noire sur la Serbie. La première heure vient de sonner quand Milo Djukanovic, chef du gouvernement monténégrin, annonce : " par la volonté de ses citoyens, le Monténégro a rétabli son indépendance... " 55,5% de la population a voté pour. A Podgorica, capitale de ce minuscule État méditerranéen, la foule s'enflamme. La Serbie reste froide.

 

 Djukanovic a parlé de rétablissement de l'indépendance. Et pourtant. Déjà du XIIIème au XIVème siècle, le Monténégro était inclus dans le royaume de Serbie. Il en était séparé, au XVème siècle, mais pour tomber sous la domination de la République de Venise, avant de passer sous celle des Ottomans. Plus significatif, en 1918, sa population rejetait la dynastie régnante et demandait son intégration à la Serbie.

Il n'y avait pas plus de raisons historiques de séparer ces deux contrées de même langue, le serbe, et de même religion, le christianisme orthodoxe, qu'en France d'arracher la Corse ou la Savoie au territoire national.

Poussant plus loin la réflexion, on devine d'autres enjeux. L'Europe avait laissé sa monnaie, l'euro, devenir celle du dernier Etat fédéré avec la Serbie. Mais quelle Europe ?

Il faut, pour comprendre, remonter à 1918. Parmi les puissances alliées, au nom des vies humaines consenties, notre pays sortait grand vainqueur de la guerre contre les Germains. Nous devenions les principaux artisans du dépeçage de l'Empire austro-hongrois, et lui arrachions, parmi d'autres territoires, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine et la partie de la Serbie qu'elle gouvernait (1). Nous appuyant sur les similitudes culturelles et linguistiques des habitants de ces contrées, tous des Slaves du sud ou " Yougoslaves, " nous présidions à la création d'un État qui prendrait en 1931 le nom de Yougoslavie.

Cette construction logique déplaisait, on s'en doute, au vaincu. Pendant la Deuxième guerre mondiale, plus par esprit de revanche que pour des raisons stratégiques, les forces de l'Axe immobilisèrent 40 à 50 divisions de leurs armées en Yougoslavie. Un dixième de la population tomba sous les balles des nazis. 1945, avions nous cru naïvement en France, avait mis un terme aux ambitions germaniques dont s'étaient armés les fantasmes nazis.

Pourtant, en 1991, nous entendions l'Allemagne soutenir la sécession de la Croatie et de la Slovénie. Déjà, à l'époque, oeuvrant à la destruction de la Yougoslavie, les Allemands préparaient l'acte pré ultime de la disparition totale de la Yougoslavie : l'indépendance du Monténégro, avant celle, programmée, du Kosovo.

Mais est-ce là la fin de ce qui ressemble à un autre de ces complots qui n'existe pas ? (2)

Un parti demeure mal connu chez nous : l'ALE (Alliance Libre Européenne). Il accueille en son sein des groupes indépendantistes du vieux continent. Fédéré aux Verts, il est dominé par les Allemands. Il y a trois ans, il a publié une carte (3). Elle divise l'Europe en régions." culturelles, " que l'ALE-Vert appelle à devenir autonomes. Il les invite à s'assujettir directement à Bruxelles et à se couper de leurs matrices étatiques.

carte-europe-ALE-Verts

Carte ALE-Verts de l'Europe des Régions. Pour voir la carte en détails cliquer sur l'image. Vous pouvez aussi la télécharger. Carte-Europe des Régions

 

 

Déjà, le Monténégro est dessiné, sur cette carte de l'ALE-Vert, détaché de la Serbie. L'Allemagne et l'Autriche y sont regroupées dans les mêmes frontières, avalant au passage la Suisse alémanique et la Silésie. Quant à notre pays, il est tronçonné : dans sa partie nord il garde le nom de France, tandis qu'à partir du Limousin, il prend celui d'Occitanie (4).

 

Que Daniel Cohn-Bendit soit le coprésident de l'ALE-Verts, et s'associe ainsi à un fantasme pan-germanique, ne nous rassure pas.

 

 

 

La France, en collaborant à l'achèvement de la Yougoslavie, ou travaillant au sein des instances de l'Europe, semble se faire l'instrument de sa propre destruction. Il faut craindre les conséquences violentes, voire terroristes.

Notes

(1) Une succession de traités a consacré la création de la future Yougoslavie : Neuilly (1919), Saint Germain en Laye (1919), Trianon (1920).
(2) Voir notre article " La théorie du complot " .
(3) Cette carte est distribuée par le secrétariat de l'ALE
(Wiertzstraat 60, PHS 2C 33, 1047 Bruxelles Tél : 02-284 30 40).
(4) voir " De l'Union euro-atlantique à l'État mondial " de Pierre Hillard, publié chez François-Xavier de Guibert.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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