du nucléaire iranien |
Le 21 août 2010, lIran et la Russie commençaient à charger les barres duranium dans le réacteur de la centrale nucléaire de Bushehr. Le combustible a été envoyé par Moscou et sera retraité en Russie après utilisation. Enrichi à 3,5%, sa teneur est bien trop faible pour permettre lutilisation dans une arme nucléaire. LIran fait néanmoins un pas important dans le domaine de lacquisition de la technologie nucléaire, à la barbe des États-Unis, et surtout dIsraël, qui lui dénient le droit dutiliser le nucléaire, y compris à des fins civiles. Ces deux pays estiment lIran suffisamment riche en hydrocarbures pour ne pas avoir recours au nucléaire. Un argument que personne navançait il y a quarante ans. Tout a commencé dans les années 50, quand le shah a décidé de doter son pays de centrales nucléaires pour produire lélectricité nécessaire au pays. Les États-Unis savèrent les principaux pourvoyeurs de technologie nucléaire à lIran. Dès 1957, ils signent un programme de coopération dans ce domaine avec Téhéran qui, en 1968, rejoint le traité de non-prolifération. Le shah projette de construire jusquà 23 centrales dici lannée 2000. En 1975, Henry Kissinger, alors secrétaire dÉtat américain, paraphe le « National Security Decision Memorandum 292 » qui dresse la liste des détails des ventes déquipements nucléaires à lIran. Le marché devait rapporter six millions de dollars aux compagnies américaines. Puis, en 1976, le Président Gerald Ford octroie à Téhéran le droit dacheter une usine de retraitement du combustible usé, lui permettant ainsi dobtenir du plutonium, indispensable à larme nucléaire. Comme pour dédouaner lexécutif américain, le document signé par Ford précise que : « lintroduction de lénergie nucléaire en Iran permettra à la fois de fournir les besoins grandissants de léconomie iranienne et de libérer des ressources de pétrole pour lexport ou la conversion en produits pétrochimiques ». On sourit. A lépoque, lIran extrayait six millions de barils de pétrole par jour, contre 4 millions aujourdhui. De plus, le nombre des voitures en circulation dans le pays a décuplé, utilisant une partie très importante de la production. Dick Cheney, Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz, aujourdhui adversaires acharnés du programme nucléaire iranien, étaient à lépoque très impliqués et travaillaient à sa promotion pour servir les intérêts des entreprises américaines appâtées par les contrats à saisir. La France, de son côté, sétait engagée à fournir de luranium enrichi à lIran dès 1975. Leader dans le capital dEurodif, quand la Suède renonçait à ses parts, notre pays acceptait de céder celles-ci à lIran. Le shah versa un milliard de dollars à la signature du contrat, auxquels sajoutèrent 180 millions en 1977, pour la construction de lusine Eurodif. Il assurait ainsi à son pays 10% de la production duranium enrichi par le consortium. En 1979, au lendemain de la révolution islamique, les pays occidentaux se réveillèrent inquiets. Ils avaient joué avec le feu. Dun côté ils avaient accordé laccès au nucléaire à un pays, lIran, prenant le risque de lutilisation du combustible à des fins militaires. De lautre, ils avaient facilité le renversement du shah et laccession au pouvoir de limam Khomeiny. Croyant sen sortir ainsi, les pays concernés cessèrent de répondre à leurs obligations contractuelles avec lIran en matière de nucléaire. Sous la pression des Américains, lAIEA, lagence de lONU chargée de la surveillance du nucléaire, sopposa même à la poursuite de sa collaboration avec lIran. Quant à la France, comme les États-Unis, elle refusa de rembourser à Téhéran les sommes versées par le shah. Résultat, lIran instrumentalisa le Hezbollah qui prit des otages français au Liban dans les années 80. Puis, en 1986, Georges Besse, le patron dEurodif, fut assassiné. On accusa Action directe du crime. Le mouvement dextrême-gauche nie encore. Avec une série dattentats commis en France, on a de fait plus de raison de soupçonner lIran. Paris finit du reste par céder et rendre 1,6 milliard à Téhéran. Mais, en 1995, lIran renversa la donne et signa un contrat avec la Russie pour terminer la construction de la première tranche de la centrale de Bushehr et la mettre en service. Jusquà ce que le 21 août 2010, le combustible soit chargé. Entre lirresponsabilité des pays occidentaux, leur manque de courage et le cynisme criminel du régime des ayatollahs, on ne sait qui est le plus fautif.
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