TRADUCTION DU MESSAGE DE BEN LADEN
" Louanges à Allah qui
a crée ses créatures pour qu'elles l'adorent, leur
a ordonné d'être justes et a permis à la
victime qui souffre d'injustice de se venger de l'oppresseur
en lui rendant la pareille.
Après le préambule nécessaire,
Au peuple américain,
Je m'adresse à vous pour vous
rappeler les causes du 11 septembre, les guerres qui suivirent,
leurs séquelles, et le moyen de résoudre le conflit
en l'attaquant aux racines.
Je m'adresse en particulier aux parents
des personnes touchées par ces évènements,
et qui viennent de demander l'ouverture d'une enquête afin
d'en connaître les causes. C'est un premier pas dans la
bonne direction, après que d'autres voies, erronées,
aient été volontairement empruntées pendant
ces huit années de misère.
Tout le peuple américain doit suivre votre exemple, car
le retard accusé dans la compréhension des causes
(du 11 septembre 2001) vous a déjà coûté
très cher et ce de manière irrémédiable.
Partie prenante dans le conflit, la Maison Blanche, vous avait
fait croire au cours des années passées, que la
guerre était nécessaire pour assurer votre sécurité.
Or les sages suggèrent d'écouter les deux parties
d'un conflit. J'appelle donc votre attention.
Je dis, tout d'abord, ce que nous avons
déjà dit et déclaré à plusieurs
reprises, il y a de cela un peu plus de deux décennies
: la cause de notre différend repose sur le soutien que
vous accordez à vos alliés Israéliens qui
occupent notre terre en Palestine. Ce choix, ajouté à
d'autres injustices, nous a poussé à lancer les
attaques du 11 septembre.
Si vous saviez l'immensité de
notre endurance, quand il s'agit de l'injustice que les juifs
nous font subir, avec l'aide de vos gouvernements, vous auriez
pu comprendre à quel point nos deux nations sont victimes
de la politique de la Maison Blanche.
Mais la Maison Blanche est en réalité
l'otage de groupes de pression, en particulier ceux des grandes
compagnies et du lobby israélien. La personne la plus
à même de vous éclairer à propos des
causes du 11 septembre est l'un de vos compatriotes, un ancien
agent de la CIA, dont la conscience s'est réveillée
au tournant de ses 80 ans. Il a décidé de dire
la vérité malgré les menaces et vous explique
le message du 11 septembre. Il a écrit plusieurs livres
dans ce but. Parmi ceux-ci, celui qu'il a intitulé : "
Excuses
d'un tueur à gages " (1).
Concernant ce qu'endurent nos parents
en Palestine. Obama a avoué dernièrement, dans
un discours prononcé au Caire, la difficulté de
leur vie, là-bas sous l'embargo. Vous serez un peu plus
éclairés si vous lisez ce qu'a écrit votre
ancien Président, Carter, à propos du
racisme exercé par les Israéliens contre nos frères
et nos soeurs de Palestine.
Il y a quelques semaines, passant à
Gaza, Gaza détruite pliant sous le blocus, il a dit :
" Les habitants de Gaza sont plus traités
comme des animaux que des êtres humains ". Pour notre part, nous nous en remettons
à Allah.
Mais, attardons-nous un peu sur cette
situation. Celui qui porte en lui ne fût-ce qu'une once
de charité, ne peut que compatir pour la souffrance de
ces opprimés, vieillards, femmes et enfants qui subissent
un embargo meurtrier. Mais, comme si cela n'était pas
suffisant, les sionistes lâchent aussi sur eux des bombes
au phosphore blanc de fabrication américaine.
La vie en Palestine est une tragédie
sans limite. A un tel point que les enfants meurent dans les
bras de leurs parents impuissants, faute de médicaments,
de nourriture et d'électricité. Au front de tous
les hommes politiques de la planète, qui acceptent pareille
horreur, mais aussi des gens qui les élisent, cela apparaît
comme une flétrissure.
Aux Etats-Unis, cela se passe sous
la pression du lobby israélien qui sait tout cela. Les
détails vous en sont donnés par deux de vos concitoyens,
Stephen Walt et John Mearsheimer, dans leur livre " Le
lobby israélien aux USA " (2).
Après la lecture de ces ouvrages, vous connaîtrez
la vérité et vous serez choqués de l'ampleur
des mensonges que l'on vous a assénés.
Vous saurez aussi que ceux qui prétendent,
aujourd'hui au sein de la Maison Blanche, que vos guerres contre
nous sont nécessaires afin d'assurer votre sécurité,
marchent sur les pas de Cheney et de Bush. Ils reprennent la
même propagande, se servant de la peur initiée par
le gouvernement précédent, pour faire passer les
intérêts des grandes compagnies au prix de votre
sang et votre économie.
En réalité, ce sont ces
gens-là qui vous imposent les guerres et non pas les moujahidine.
Nous, nous ne faisons que combattre pour libérer notre
terre. Si vous appréhendiez bien votre situation, vous
comprendriez que la Maison Blanche est occupée par les
groupes de pression dont il faudrait la libérer au lieu
de combattre pour " libérer l'Irak "
comme l'a prétendu Bush.
Le chef de la Maison Blanche, qui qu'il
soit, ressemble au conducteur d'un train qui ne pourrait rouler
que sur des rails placés par les groupes de pression.
Faute de quoi, il est intercepté et il peut craindre de
subir le sort de l'ancien Président Kennedy ou de son
frère (3).
En résumé, il est temps
de vous libérer de la peur et de l'inquiétude psychologique
exercées sur vous par les néo-conservateurs et
le lobby israélien et de vous pencher sur le dossier de
votre alliance avec Israël.
Il faut que vous réfléchissiez
afin de préciser votre position. Votre sécurité,
votre sang, vos enfants, votre argent, vos emplois, vos maisons,
votre économie, votre réputation sont-ils plus
importants pour vous que la sécurité, les enfants
et l'économie des Israéliens?
Si vous optez pour votre propre sécurité
et la cessation des guerres, conformément à ce
qui a été démontré par les sondages,
il vous incombe de reprendre le contrôle de ceux qui bafouent
notre sécurité en votre nom.
Nous sommes prêts à répondre
favorablement à un tel choix, sur les bases saines et
justes que nous avons déjà évoquées.
Il faut prêter une attention sans faille au point concernant
la guerre et la manière d'y mettre un terme. Quand Bush
a pris les rênes du pouvoir et nommé son ministre
de la Défense, il a choisi le principal responsable de
la mort de deux millions de villageois opprimés au Vietnam
(4). A cette époque des personnes éclairées
ont affirmé que Bush préparait de nouveaux massacres
sous son règne. C'est ce qui s'est passé en Irak
et en Afghanistan.
Quand Obama est arrivé au pouvoir,
il a gardé à leurs postes les hommes de Cheney
et de Bush, dans le haut commandement du ministère de
la défense comme Gates, Mullen et Petraeus (5). Les gens de bon sens ont alors compris qu'Obama
est un homme faible et qu'il n'aura jamais la force d'arrêter
la guerre, contrairement à ce qu'il a promis, mais qu'il
cherchait à gagner du temps.
S'il avait vraiment le pouvoir, Obama
aurait confié la direction de la Défense aux généraux
opposés à cette guerre inutile, comme par exemple
l'ancien chef de l'armée en Irak, le général
Sanchez (6). ou bien le chef du CENTCOM qui a été
poussé à la démission par Bush, juste un
peu avant qu'il ne quitte la Maison Blanche (7).
en raison de son opposition à la guerre. Il l'avait alors
remplacé par une personne sûre, qui allait attiser
les feux du conflit après son départ de la Maison
Blanche.
Obama, sous prétexte d'ouverture
en direction des Républicains, a magistralement dupé
les gens en laissant en place le plus important et le plus dangereux
des ministres de Cheney, afin de poursuivre la guerre. Avec le
temps, vous comprendrez qu'à part les visages, rien n'a
changé à la Maison Blanche. Triste réalité,
les néo-conservateurs continuent de peser de tout leur
poids sur la destinée de votre pays.
Mais revenons au début de la
problématique. Si vous arrêtez les affrontements,
très bien. Sinon nous n'aurons pas d'autre solution que
de poursuivre notre guerre d'usure sur tous les fronts possibles,
comme nous l'avons fait contre l'URSS, la faisant saigner pendant
dix ans et ce, jusqu'à ce qu'elle soit démantelée,
grâce à Allah, et réduite à l'état
de souvenir.
Allongez le conflit autant que vous
le voudrez, vous menez une guerre désespérée,
perdue d'avance et dont on ne voit pas la fin. Les généraux
russes, eux qui ont perdu en Afghanistan, vous avaient prédit
le résultat de la guerre avant même que vous ne
la commenciez. Mais vous n'aimez pas les conseilleurs.
C'est une guerre menée avec
de l'argent emprunté, des soldats qui ont le moral au
plus bas et, chaque jour, nous apprenons le suicide de l'un d'entre
eux. C'est une guerre perdue avec la permission d'Allah. Cette
guerre vous a été prescrite par deux médecins
: Cheney et Bush comme remède aux évènements
du 11 septembre. Elle vous laissera un goût amer et ses
pertes seront plus élevées que celles des évènements
du 11 septembre elles-mêmes.
De surcroît, les dettes engendrées
par cette guerre sont sur le point de ruiner l'économie
de tout le pays. Le proverbe dit : " Parfois le médicament
est pire que le mal ".
En revanche, nous, grâce à
Allah, portons nos armes sur nos épaules et combattant
depuis trente ans les deux pôles du mal, en Occident et
en Orient, nous n'avons à déplorer aucun cas de
suicide, en dépit la traque internationale qui nous est
livrée, louanges et grâce à Allah.
Cela pour vous prouver que notre idéologie
est saine et que notre cause est juste. Avec la permission d'Allah,
pour la libération de notre terre, nous continuerons sur
cette voie. Notre arme est la patience et nous demandons la victoire
auprès d'Allah. Nous n'abandonnerons pas Al Aqsa et tenons
à la Palestine bien plus qu'à nos vies. Allongez
le cours de la guerre autant que vous voulez, par Allah, nous
ne marchanderons jamais là-dessus ".
"La guerre féroce ne m'a
pas entamé.
Dans la force de l'âge,
C'est pour elle,
Que ma mère m'a enfanté " (8)
Paix sur celui qui suit le droit chemin
NOTES
(1) Ben Laden veut sans doute parler du
livre " Confession d'un tueur à gage économique
" (" Confession of an economic hit man "),
écrit par John Perkins. Certes, pour l'auteur, l'attaque
contre l'Irak, en 1991, n'était pas motivée par
l'invasion du Koweït, mais par la volonté de renverser
Saddam Hussein jugé rétif à l'ordre américain.
Néanmoins, d'une part, Perkins parle de méthodes
pour assujettir les pays étrangers en les ruinant, et
non pas des actions d'un tueur à gage. D'autre part, à
aucun moment, l'auteur ne dit avoir servi dans les rangs de la
CIA mais pour des entreprises privées.
(2)Le livre s'appelle "
Le lobby pro-israélien et la politique étrangère
américaine des Etats-Unis ".
(3) John Fitzgerald Kennedy a
été assassiné en 1963 et son frère,
Robert, en 1968, alors qu'il se présentait à la
candidature à la Maison Blanche.
(4) Il s'agit de Donald Rumsfeld.
Il est difficile de lui reprocher les excès de la guerre
du Vietnam. En effet, si Rumsfeld a été secrétaire
d'Etat à la Défense américaine de novembre
1975 à janvier 1977, le conflit américano-vietnamien
s'est terminé en avril 1975. Auparavant, il a occupé
diverses fonctions qui ne faisaient pas de lui un décideur
de premier plan pour la conduite de la guerre au Vietnam.
(5) Il s'agit de Robert Gates,
secrétaire d'Etat à la Défense depuis décembre
2006, de l'amiral Michael Mullen, chef d'état-major des
armées depuis octobre 2007, et du général
David Petraeus qui, depuis octobre 2008, commande le CENTCOM,
structure militaire américaine en charge de la région
s'étendant de l'Egypte au Pakistan et de la Somalie au
Kazakhstan.
(6) A notre connaissance, le
général Ricardo Sanchez, commandant des forces
alliées en Irak de juin 2003 à juin 2004, n'était
pas opposé à la guerre contre l'Irak mais a critiqué
la manière dont les politiciens la conduisait.
(7) Il semble s'agir de l'amiral
William Joseph Fallon, qui aurait démissionné de
la direction du CENTCOM en mars 2008, sur les pressions de Bush.
Il lui était reproché des propos critiquant la
politique présidentielle, mais une fois encore pas d'une
opposition de principe à la guerre d'Irak.
(8) Vers arabes conçus
à l'époque de Mahomet, mais restés d'origine
indéfinie.
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NOTRE COMMENTAIRE
Précaution
d'usage, comme pour les précédentes communications
imputées au chef d'Al-Qaïda, nous partons du principe
que Ben Laden peut être mort. Qu'en d'autres termes, ce
message, comme d'autres, pourrait être un faux.
Il faut néanmoins
admettre ce texte traduisant une bonne compréhension de
la mentalité des Occidentaux et touchant les Etats-Unis
au point faible de leur cuirasse, l'opinion.
Certes, on remarque
des erreurs. Par exemple, l'auteur parle d'un livre, " Confession
d'un tueur à gage économique ", qu'il
n'a manifestement pas lu. Il en tire des conclusions faussées.
Il prend aussi les propos de généraux américains,
critiquant la politique de George W. Bush pour des dénonciations
de la guerre en Irak. Enfin, il reproche à Donald Rumsfeld
" la mort de deux millions de villageois opprimés
au Vietnam ", alors que déjà dans l'administration
américaine, certes, il n'occupait néanmoins pas
une position lui permettant d'ordonner un tel carnage.
A ces détails,
si l'on comprend que l'auteur n'est pas coupé du reste
du monde, on en en déduit aussi qu'il dispose principalement
d'informations prises sur les chaînes de télévision
par satellite ou transmises par les quelques éléments
de son réseau restés en contact direct avec lui.
Sur le fond, en revanche,
nous constatons l'élaboration d'une stratégie de
communication affinée.
" Je m'adresse
en particulier aux parents des personnes touchées par
ces événements " du 11 septembre 2001,
commence l'auteur de l'enregistrement. Par cette approche humaine,
fût-elle distante, des parents des victimes, il touche
l'opinion. Quelque lignes plus tard, les mots : " la
cause de notre différend repose sur le soutien que vous
accordez à vos alliés Israéliens "
n'en prennent que plus de poids.
L'habileté
consiste ensuite à enchaîner, pendant le quart de
la durée de la cassette, sur les souffrances endurées
par les Palestiniens sous la férule israélienne.
L'auteur revient
alors sur les seuls vrais coupables, à ses yeux, du 11
septembre et du conflit. Non pas lui et ses hommes, mais le seul
" lobby sioniste " aux Etats-Unis, comme
on dit en anglais. " Ce sont ces gens-là qui vous
imposent les guerres et non pas les moujahidine ".
L'argument massue
enfin tombe : " Votre sécurité, votre sang,
vos enfants, votre argent, vos emplois, vos maisons, votre économie,
votre réputation sont-ils plus importants pour vous que
la sécurité, les enfants et l'économie des
Israéliens ? " En clair, voulez-vous vous ruinez
et mourir pour Israël ?
La presse française
n'a pas révélé le texte, pourtant assez
court, et n'a fait aucune mention de ces citations. Sans doute
par crainte de susciter l'approbation de quelques-uns de nos
compatriotes. Car, et c'est là le problème, il
n'y a pas que du faux dans ce discours attribué à
Ben Laden.
Première cible
de ces mots, les premiers concernés aussi, les Américains.
Or si les arguments d'Al-Qaïda trottaient un peu
trop dans leurs têtes, ils pourraient bien obliger leurs
élus, ou les concurrents aux prochaines élections,
à réviser leur politique de soutien inconditionnel
à Israël.
C'est du reste ce
à quoi appelle l'auteur en affirmant : " Il vous
incombe de reprendre le contrôle de ceux qui bafouent notre
sécurité en votre nom ". Là encore,
on remarque l'habileté. On entend bien " notre
sécurité ", celle des Américains
et des musulmans, et " en votre nom ". Vous
êtes, cela signifie-t-il, vous Américains, les seuls
responsables de notre sécurité collective. Vous
devez, assumant votre position, " reprendre le contrôle
".
Ce document apparaît
comme un chef d'oeuvre de guerre psychologique. Ses propos sont
crédibles, s'appuyant sur des faits réels puisés
dans l'actualité. Ils se révèlent, pour
le moins, capables de déstabiliser le plus grand nombre.
Néanmoins,
toujours appliquant les principes de la guerre psychologique,
il occulte la part gênante de la réalité.
Car il convient de
rappeler les attentats, les milliers de morts, civils désarmés
et, même, incompréhensible gâchis, ces musulmans,
femmes et enfants compris, déchiquetés par la fureur
islamiste. Rappelons aussi que le terrorisme, qui se réclame
abusivement du Coran, fait plus de morts en Orient qu'en Occident,
où il lui est plus difficile d'agir.
Qu'en d'autres termes,
Ben Laden et ses affidés, s'ils se battaient réellement
pour les droits des Palestiniens, tueraient sans doute plus de
soldats israéliens que de civils musulmans.
Mais nous sommes
dans le monde de la manipulation psychologique. Il suffit que
l'injustice israélienne se dresse dans toute son horreur
pour occulter, et même faire oublier, les crimes d'un tueur
qui prend la cape du justicier. Car, si Ben Laden, ou
qui qu'il soit, ne s'inquiète certainement pas beaucoup
du sort des Palestiniens, en revanche, à travers l'Orient,
les agressions d'Israël contre leurs voisins sont reçues
avec colère par l'opinion musulmane.
C'est néanmoins
au travers de la grille de la propagande qu'il faut déchiffrer
le discours des uns et des autres. Or, sur ce terrain, les gens
d'Al-Qaïda, s'ils ont fait montre de leur compétence,
finissent eux-mêmes par se trahir.
Après avoir
longuement débattu de l'injustice dont les musulmans sont
les victimes, l'auteur du message conclut dans le dernier paragraphe
: " Pour vous prouver que notre idéologie est
saine et que notre cause est juste ".
Nous ne pouvions
rêver texte plus didactique ! Au Centre de Recherche sur le Terrorisme, nous insistons pour dire
que le terrorisme se nourrit de deux aliments : l'injustice et
l'idéologie. Quand l'injustice sert surtout à motiver
les recrues, les dirigeants s'inspirent d'une idéologie
mortifère dans laquelle ils puisent les arguments justificateurs
de leurs crimes.
Nous nous permettons d'évoquer les propos tenus par les
analystes sur ce dernier message attribué à Ben
Laden. Si certains n'ont voulu retenir que la dialectique guerrière,
le plus grand nombre interprète les propos tenus comme
l'aveu de faiblesse d'un Ben Laden acculé dans les montagnes
afghanes ou pakistanaises.
Pour notre part,
nous ne le croyons pas plus acculé qu'il y a huit ans
au début de l'intervention contre l'Afghanistan.
Habitué désormais à une vie frugale, s'il
est en vie, il s'est en outre complètement identifié
à son personnage de héros mythique, et trouve dans
l'idéologie, qui l'inspire, les raisons de vivre, mais
aussi de mourir. Le croire acculé reviendrait à
l'imaginer pressé de retrouver une vie normale. A la fin
du texte, les quelques vers tirés d'une ancienne poésie
arabe nous confortent dans cette analyse.
Reste un danger, celui de céder au chant des sirènes
que susurre l'auteur du message. L'écoutant, nos dirigeants,
l'opinion, feraient d'un criminel un interlocuteur valable. Exactement
ce qu'il attend, pour affirmer haut et fort, qu'Al-Qaïda,
les " moujahidine ", comme il dit, ont vaincu
l'Amérique après l'Union Soviétique. "
Combattant depuis trente ans, selon ses mots, les deux pôles
du mal, en Occident et en Orient ", les tenants de l'idéologie
islamiste ne manqueraient pas de recruter parmi les frustrés
de la planète, pour susciter une révolution à
l'échelle de plusieurs pays.
Mais refuser de
fléchir à l'appel des sirènes, ne doit pas
pour autant nous faire oublier la dangerosité de l'injustice
générée par Israël. Car si cette dernière
n'est qu'un prétexte au recours au terrorisme pour l'auteur
du message, elle n'en reste pas moins la motivation principale
pour les recrues d'Al-Qaïda et des autres organisations
islamo-terroristes.
Alain
Chevalérias
La guerre infernale, biographie
de Ben Laden
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