une télé pas comme les autres |
juillet 2011
Créée en novembre 1996, chaîne de télévision internationale en arabe, Al-Jazeera est basée au Qatar et financée par lémir de cette principauté pétrolière, le cheikh Hamad Bin Khalifa Al-Thani. Sur un autre canal, aujourdhui Al-Jazeera diffuse en anglais et projette de sattaquer au marché francophone. Chose quasi ignorée du public occidental, la plupart des journalistes de la chaîne sont proches, sinon membres, des Frères musulmans, organisation intégriste islamique née en 1929 en Égypte. Sous couvert dune « modernité technologique » de façade, ils font une lecture obscurantiste du Coran. Du reste, le vernis des apparences se craquelait au printemps 2010, quand cinq présentatrices vedettes de la chaîne, dont deux chrétiennes, démissionnaient parce quelles subissaient des pressions pour islamiser leur tenue à lantenne. La ligne éditoriale de la chaîne mérite dêtre décryptée. En Irak, principalement pendant loffensive de 2003, comme en Afghanistan ou au Pakistan, elle est anti-américaine. Avec un recul apparent, elle sert même de caisse de résonance à la propagande dAl-Qaïda. Rien de très étonnant, quand on sait toutes les organisations terroristes islamistes influencées par l'idéologie des Frères musulmans. En revanche, on est surpris par la politique du Qatar : dun côté il héberge une chaîne de télévision ostensiblement anti-américaine, de lautre, il accueille sur son territoire une base US de 3300 hommes, qui a servi de quartier général lors de lattaque lancée contre Saddam Hussein. Mieux, le Qatar entretient de très bonnes relations avec lÉtat hébreu et a même accepté, en 1996, la création sur son territoire dun bureau daffaires israélien, rien dautre quune ambassade déguisée. Le Qatar cherche-t-il à concilier leau et le feu pour servir au mieux ses intérêts ? Pour correspondre à une partie de la réalité, cette lecture mérite dêtre revue, dans le nouveau contexte de crise qui touche lensemble politique arabe. On a vu Al-Jazeera prendre position
avec fermeté contre les dictatures arabes : en Tunisie, en Égypte, en Libye, aujourdhui
en Syrie et même au Yémen. Rien de surprenant, puisque
nous savons les Frères musulmans en faveur du renversement
des pouvoirs en place, pour « prendre la place du calife
». Certes, que le Qatar fournisse des avions à la coalition qui combat les hommes de Kadhafi en Libye nétonne pas vraiment. Pas plus que les aides quapporte lémir aux rebelles. Non seulement on voit Al-Jazeera en parfaite harmonie avec la politique étrangère du Qatar, mais, de surcroît, sur la même ligne que les États-Unis pour faire tomber les régimes arabes non monarchiques. Une fois encore, les Américains, derrière eux les Européens, sassocient à un jeu dans lequel, faute de connaître toutes les données, ils risquent de finir les dindons de la farce. Des régimes islamistes sous contrôle des Frères musulmans dans tous les pays arabes, est-ce en effet le plus souhaitable, pour les peuples concernés et accessoirement pour nous ? Nous aimerions connaître la réponse dObama. |
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