TERRORISME
&
DÉSINFORMATION

LIBAN - ISRAËL -
MOUJAHIDINE DU PEUPLE

 octobre 2005

 Du mensonge proféré par George W. Bush à propos des armes de destruction massives irakiennes, aux manoeuvres algériennes autour du GSPC (1), on a compris la désinformation une pièce maîtresse de la guerre. A l'origine, on l'utilisait surtout pour tromper l'ennemi. Aujourd'hui, dans le jeu pervers entre États et groupes terroristes, elle sert de moyen pour subjuguer l'opinion. Dans le pire des cas, pour provoquer des affrontements.

 wTrois exemples. Le premier concerne les Moujahidine du Peuple (MEK) de Maryam Rajavi. Une centaine d'hommes sortis de leurs rangs et les familles de ceux qui sont retenus contre leur gré, cherchent à obtenir la libération de ces derniers. Drapeau des Moujahidine e Khalq d' Iran

Une démarche qui met en évidence les violations des droits de l'homme et les manipulations psychologiques auxquelles se livrent les Moujahidine contre leurs propres troupes.

Pour se protéger, Maryam Rajavi (Radjavi)a mis sur pied un programme de désinformation. Les anciens membres, quand ils révèlent des vérités gênantes, sont accusés de travailler pour les services de renseignement iraniens. A travers des médias sur Internet, " Iran Focus " et " Iran Terror, " les Moujahidine vont jusqu'à accuser l'un d'eux, Massoud Khodabandeh, d'avoir fourni des informations à la Syrie pour arrêter son frère Ibrahim (2).

Mieux. Comme nos lecteurs le savent, au mois de mai dernier, " Human Rights Watch, " ONG américaine, a publié un rapport dénonçant les comportements des Moujahidine du Peuple d'Iran contre leurs membres.

Sans nuances, dans leurs médias, les Moujahidine vont jusqu'à incriminer Human Rights Watch d'avoir été " transformé en plateforme de désinformation " par les services iraniens.

Récemment, ils ont même accusé Alain Chevalérias (5) de servir de coordinateur entre les services français et iraniens.

Si ce type de procédé, du genre pilonnage d'artillerie, ne peut convaincre que des ignorants. D'autres utilisent des méthodes plus subtiles.

 
Ibrahim Khodabandeh

w Il existe à Washington une organisation travaillant sous le nom de MEMRI (Middle East Media Research Institute). Créée en 1998, elle est dirigée par Yigal Carmon, un ancien des renseignements israéliens.

Le MEMRI publie des traductions de textes tirés des médias arabes. Parfois, en déformant la vérité. Début juillet, Hani Al-Sibaï (3), un islamiste actif à Londres, était interviewé par Al-Jazeera pour débattre sur le sort des civils dans la guerre selon l'islam.

Hani Sibaï dit alors : " Le mot civil n'existe pas dans la jurisprudence islamique au sens occidental du terme... Il n'y a que les mots combattants et non-combattants... " Et il ajoutait : " Il n'est pas légal de tuer un innocent en islam. "

Le MEMRI traduisait : " Il n'existe pas de civil au sens occidental moderne du terme. Les gens appartiennent ou non au dar al-harb... "

Le " dar al-harb, " c'est textuellement " la maison de la guerre. " Là où, dans le passé, et selon le droit islamique, un musulman pouvait tuer, piller et réduire à l'esclavage les non-musulmans. L'inversant, les Croisés se sont inspirés de ce " modèle."

On comprend à quel point, remplaçant la notion de non-combattants par celle de " dar al-harb, " le MEMRI désinformait son public. Comment voir là un geste innocent et ne pas craindre la détermination du traducteur à exacerber les tensions ?

 
Hani Sibaï

wEnfin, au Liban, le 27 juillet dernier, un fax était envoyé au cheikh Ali Al-Amine, mufti de Tyr et de Jabal Amal. Signé du nom d'une organisation islamiste sunnite proche d'Al Qaïda, le texte appelait au meurtre des chiites désignés sous le terme péjoratif de " rafidi. "

L'un des experts de notre Centre de Recherches a analysé le texte(4).

Conclusion : " Ce document n'est pas rédigé par des islamistes sunnites d'Al Qaïda... " Une fois encore, on cherchait à provoquer des affrontements. Cette fois entre sunnites et chiites.

 Cheikh Ali Al Amine, mufti jaafarite de Tyr et Jabal Amel (Liban)
Cheikh Ali Al Amine

 Face aux désinformateurs de tous poils, la presse devrait chasser la désinformation. Qu'en est-il ?
 

 Jean Isnard est consultant au

Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001

 Notes

 

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