DES NOUVEAUX CONFLITS |
janvier 2014
Dans l'article « La Syrie sur la route du pétrole », évoquait le danger que représenterait lextension de la guerre civile syrienne à un conflit ouvert entre lIran et les pays sunnites pour nos approvisionnements en pétrole venant du Golfe. Il ne faut cependant pas oublier le rôle du gaz, aujourdhui stratégiquement plus important, car des réseaux de distribution, en concurrence les uns avec les autres, sont en cours dinstallation. Deux projets de gazoducs, Nabucco et South Stream devraient être mis en service respectivement en 2017 et 2015. Le premier est soutenu par lUnion européenne et les États-Unis. Il a pour objectif de se relier à la Caspienne et au Golfe persique pour acheminer les réserves de gaz vers lEurope, passant par la Turquie et contournant les pays sous influence russe. Le second, South Stream, est une initiative de Moscou afin de renforcer la dépendance de lEurope à légard du gaz russe. Il faut identifier les intérêts. Pour éviter de dépendre de la Russie en matière de ressources gazières, lUnion européenne cherche à souvrir un futur accès aux réserves de gaz du Qatar dans le Golfe persique. Cependant, pour se faire, elle a besoin de traverser le territoire syrien. En 2009, Damas sy est opposé sous les pressions de son parrain, la Russie. Faut-il sétonner, quoutre les aspects humains et la légitimité du soulèvement originel contre un régime totalitaire, on retrouve la Russie aux côtés de Bachar Al-Assad, dune part, les pays Occidentaux et le Qatar soutenant la rébellion, dautre part. Pour les Russes, le transfert du gaz par lUkraine est à la fois une faiblesse, un enjeu et un instrument de puissance. Pour le moment, 60% du gaz russe expédié en Europe passe par lUkraine. Le South Stream permettra donc à Moscou de se dégager de la dépendance à légard de ce pays. En attendant, les Russes doivent faire avec. Cette raison, à elle seule, suffirait à expliquer leur activisme empêchant lUkraine de rejoindre lUnion européenne. Cependant, ce même handicap a permis à Moscou de retenir Kiev sous son influence. Abaissant le prix de vente de son gaz aux Ukrainiens dun tiers et apportant une aide financière de près de 11 milliards deuros à un pays exsangue, en échange Vladimir Poutine a obtenu que lUkraine ne signe pas daccord dassociation avec lUnion européenne. Faut-il, dans ce cadre, sétonner du soutien des pays occidentaux aux manifestations de lopposition au gouvernement ? Bruxelles, comme Moscou, sait recourir au chantage économique. La Commission européenne a signifié à la société Gazprom, de ne plus être à la fois producteur du gaz russe et propriétaire des gazoducs. Comme Gazprom na pas lintention de se plier aux oukases européens, la Commission a exigé des pays dEurope de lEst de ne pas ratifier leurs contrats pour la construction de South Stream. Faute de quoi, ils sexposent à « des contentieux ». Autrement dit des sanctions financières. |
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