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Le 5 juillet, les Grecs votaient à la demande dAlexis Tsipras, le Premier ministre. Laffaire reposait sur un malentendu : hors des frontières du pays, on croyait que les Grecs allaient sexprimer sur leur volonté de rester dans lEurope ou de la quitter. En réalité, on leur demandait : « Faut-il accepter le plan daccord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) lors de lEurogroup du 25 juin, qui est composé de deux parties : « Réformes pour la poursuite du programme en cours et plus loin » et « Analyse préliminaire de lacceptabilité de la dette » ». On le voit, du jargon deurocrate. Tsipras a bien appris la leçon. Peut-être 10% des Grecs ont-ils pu comprendre la question. Encore, pour y répondre, auraient-ils dû lire les textes concernés. En fait, derrière cette formulation absconde, se cachait une question autrement plus claire : « acceptez-vous la poursuite des restrictions exigées par lUnion européenne, la BCE et le FMI ? » Problème, et cest là que le chat se mord la queue, avec ou sans le programme de lEurope, la Grèce est en crise économique. Plus comique encore, seule lEurope peut limiter la casse en intervenant financièrement. Tsipras le sait bien, sinon, il aurait largué les amarres qui relient la péninsule grecque à lEurope depuis longtemps. Alors, le 5 juillet, il avait pris la précaution dajouter un avertissement en filigrane. « Si vous voter oui, avait-il dit, je démissionne ». Avec habileté il avait transformé le referendum en plébiscite. Aussi, ayant obtenu 61,31% de « non », il en ressortait renforcé face aux instances internationales. Ce quil cherchait et rien dautre. En fait, dans la crise grecque, nous allons de date butoir en date butoir. Celle fixée au 30 juin, concernait une aide de 7,2 milliards deuros pour permettre à la Grèce de faire face à ses obligations immédiates. En échange, elle devait simposer de nouvelles restrictions. Cétait avant que Tsipras ne donne un coup de pied dans la table de jeu en appelant les Grecs à sexprimer en referendum. Ironie du sort, si lon peut dire, ces 7,2 milliards deuros ne suffisent même pas aux Grecs confrontés aux urgences : 1,6 milliards à verser au FMI et 6,7 milliards à la Banque centrale européenne, pour le service de la dette, et près de 2 milliards par mois pour couvrir les salaires des fonctionnaires. En gros plus de 12 milliards deuros pour arriver à la fin du mois de juillet. La Grèce vit sous perfusion. En mars 2010, elle a déjà reçu une aide de 110 milliards deuros. Puis une seconde de 140 milliards en février 2012, accompagnée dun effacement dune partie de sa dette de 107 milliards en mars 2013. En échange, le FMI, la Banque mondiale et lUnion européenne exigent toujours plus de restrictions. Or, fruit de ses carences administratives ajoutées à leffondrement de son PIB de 25% entre 2008 et 2013, les recettes fiscales des Hellènes sont pratiquement nulles. On ne tond pas un oeuf. Les taxes sétant multipliées et les salaires ou les retraites ayant chuté de 30 à 60% en fonction des secteurs, les Grecs sombrent dans la misère. Cest la raison de lélection de Tsipras, à la tête dune alliance de gauchistes et décologistes en janvier 2015. Il na manqué la majorité absolue à la chambre que de deux sièges. En fait, il ne faut pas sy tromper : Tsipras est un opportuniste. Pour capter le pouvoir, il a promis aux Grecs de rétablir la situation économique sans maintenir laustérité inhumaine, il est vrai, à laquelle ils sont soumis. Au pied du mur, il ne lui reste plus quà jouer le chantage de la sortie de la Grèce de lEurope pour obtenir des aides de cette dernière. Problème pour lui, le « Grexit », terme désignant la sortie du pays de lUnion, est désormais envisagé comme une possibilité par les responsables européens. Un défaut de paiement dAthènes, sa faillite déclarée en somme, pourrait servir de prétexte. LAllemagne est la plus en faveur de ce choix. Il faut dire, Tsipras na pas épargné Berlin : en février, croyant sans doute faire céder les Allemands, il a évoqué « lobligation morale et historique » des Grecs de leur réclamer des indemnités de guerre... pour une occupation qui se déroulait 70 ans plus tôt !
Les Grecs ont cru pouvoir vivre sur le même pied que les pays du nord de lEurope. Représentant 32% des salariés du pays, les fonctionnaires gagnaient plus que dans le privé et bénéficiaient dun 13ème et même dun 14ème mois de salaire. Pour remplir les caisses, Goldman Sachs invitait les Grecs à emprunter. Mais on ne peut vivre éternellement au-dessus de ses moyens. En décembre 2009, les agences de cotation financière américaines, quasiment les seules sur ce créneau, sifflaient la fin de la récréation. La Grèce était appelée à payer ses dettes... |
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