LA MONDIALISATION
AU SERVICE DU MONDIALISME

novembre 2012

 

Fonds souverains :
le Qatar est-il le plus dangereux ?

Les fonds souverains sont des fonds d’États investis sur le marché sous forme d’actions en bourse, de dettes d’autres États, d’acquisitions d’entreprises ou de bâtiments etc...

Les fonds souverains les plus importants sont bien sûrs ceux des pays qui disposent des plus grands surplus financiers. Autrement dit, ceux qui dépensent moins qu’ils ne gagnent.

Le Qatar fait beaucoup parler de lui. Bien sûr, il détient 10% des actions du groupe Lagardère, 5,8% de Vinci, 5% de Veolia, 22% de la société des Casinos de Cannes, l’ex-hôtel Royal Monceau et le centre de conférences international de l’avenue Kléber à Paris.

Il fait aussi beaucoup parler de lui en raison des relations de son émir avec la classe politique françaises, de Sarkozy à Hollande, son ingérence dans les banlieues françaises et son activisme dans les révolutions arabes comme en Libye et aujourd’hui en Syrie.

Néanmoins, le « Qatar investment authority » ou QIA, son fonds souverain, ne pèse que 60 milliards de dollars, contre 300 pour l’Arabie Saoudite et 875 pour les Émirats Arabes Unis, les champions du monde en matière de fonds souverains.
Il ne faut cependant pas croire ces pays arabo-pétroliers seuls sur le créneau. Singapour détient 330 milliards de dollars de fonds souverains, la Norvège 322 milliards et la Chine 831 milliards. Ce dernier pays, et de loin, se montre le plus offensif.

Ainsi, entre 2010 et 2011, les investissements chinois ont été multipliés par 2,5 en Europe, atteignant 68 milliards de dollars. En France, ils viennent d’acquérir 48% d’Aigle Azur et vont ouvrir un hôtel haut de gamme à Alforville.

En 2011, le CIC (1), fonds souverain chinois, a pris une participation de 30% dans le pôle exploration-production de GDF Suez. La société publique chinoise Cofco a acquis le Château de Viaud, un cru Lalande-de-Pomerol. L’usine McCormik de Saint Dizier s’est vendue au groupe Yto, détenu à 52% par l’État chinois. Des sociétés privées sont aussi venues faire leurs courses chez nous comme le groupe Fung Capital qui a acheté le chausseur de luxe Robert Clergerie.

Sonner le tocsin à cause des investissements qataris en France, est tout juste bon pour amuser la galerie. Les vrais dépeceurs de notre patrimoine économique sont bien plus en Chine qu’au Qatar, qui ne dispose pas d’une force de frappe financière suffisante.

Encore faudrait-il s’en prendre aux vrais responsables. Quand le renard, trouvant la porte ouverte, s’introduit dans le poulailler, qui est coupable, du renard qui suit son inclination naturelle ou du fermier ?

Ceci pour arriver à deux conclusions.

1/ D’une part, il ne faut pas confondre la mondialisation, qui favorise l’intensification des échanges, et le mondialisme, qui est un projet politique de gouvernement mondial par une élite cooptée. Néanmoins, les mondialistes, pour arriver à leurs fins, se servent de la mondialisation pour réduire les nations et asservir nos pays.

Nous avons besoin d’un encadrement de la mondialisation pour échapper au mondialisme.

2/ Il convient d’ajouter que le Qatar représente un danger réel, mais dans un autre domaine que celui de l’économie. Comme nous l’avons évoqué dans plusieurs articles, l’émir se révèle l’objet d’un tropisme favorable aux Frères musulmans et même aux salafistes (2).
Sur ce terrain, sa fortune peut avoir un effet amplificateur bien plus redoutable que ses investissements chez Lagardère ou Veolia.

(1) China Investment Corporation.
(2) Voir notamment « Al Jazeera : une télé pas comme les autres », « Le Qatar se dévoile » et « L’émir du Qatar en grand calife »


Quand un hebdomadaire juif fait campagne contre la gloutonnerie du Qatar

Dans « Actualité Juive » du 25 octobre, pas moins de six pages étaient consacrées au dénigrement du Qatar avec des titres comme « La mainmise du Qatar », « Où investit le Qatar en France ? » ou « La France, un paradis fiscal pour le Qatar ».

Six pages ! Un huitième de la pagination de l’hebdomadaire. Il faut remercier « Actualité Juive » de s’inquiéter avec autant d’empressement pour la France. On peut néanmoins s’étonner que cette tardive prise de conscience les relations financières du Qatar et de la France remontant à la fin des années 80.
Ne soyons pas dupes. Depuis 1996, Israël entretenait des relations très suivies avec le Qatar. L’État hébreu avait installé une représentation commerciale à Doha, la capitale, avec deux diplomates. Pendant les 13 ans qu’a duré cette lune de miel, les Israéliens ont vendu pour 7 milliards de dollars de matériel de télécommunication au Qatar. En ces temps, ni « Actualité Juive », ni aucun journal juif n’émettaient alors la moindre critique contre ce pays et son émir.
En janvier 2009, cependant, l’idylle israélo-qatari s’assombrissait. À la suite de « l’opération Plomb durci » lancée par Tsahal contre Gaza, l’émir rompait les relations avec Jérusalem. Commençait alors le dénigrement.
Pour notre part, sans avoir attendu la fâcherie israélo-qatarie, nous appelons à une certaine méfiance de l’émirat depuis des années.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

 
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