Obama au point critique

juin 2009

Le 20 mai 2009, après la Chambre des représentants une semaine plus tôt, le Congrès américain refusait de voter à Barack Obama le budget de 80 millions de dollars nécessaire pour fermer le camp de Guantanamo.

En Europe, « Le Figaro » le premier, on a interprété cela comme une déculottée pour le Président américain. En réalité, Obama est renvoyé dans les cordes, plus sur la forme que sur le fond. Les parlementaires, nous dit-on à Washington, admettent que la situation ne peut s’éterniser. Ils s’inquiètent en fait de ce que la Justice va faire des détenus libérés. Sur ce plan, Obama n’a pas assez travaillé son dossier. On le renvoie potasser le sujet.

Le crédit du nouveau Président reste entier. On peut même dire qu’il s’est renforcé. Comme promis, il a commencé à se dégager d’Irak et consolide ses positions en Afghanistan.

Certes, l’avenir est sombre à Bagdad, mais si la situation n’empirait pas, Obama s’en tirerait bien, la faute originelle incombant à George Bush. A Kaboul, en revanche, un éventuel échec lui serait reproché. Or, en Afghanistan, nous ne voyons pas se dégager une stratégie américaine capable de ramener la paix.

Obama compte-t-il sur le dossier israélo-palestinien pour faire une avancée ? Ce serait habile, parce que le monde entier, et d’abord les musulmans, n’attend que cela. Ce serait aussi retirer une grosse partie de la capacité de nuisance de l’Iran, qui instrumentalise le conflit à son profit. Le pari reste néanmoins difficile à gagner.

C’est pourtant cette voie qu’Obama semble avoir prise. Le 18 mai, recevant Benyamin Nétanyahou, le Premier ministre israélien, le Président des États-Unis n’a pas cédé d’un pouce. Une première dans ce pays habitué à toujours s’incliner devant Israël.
La mésentente entre les deux gouvernements repose essentiellement sur trois points, les trois refus de Nétanyahou : refus d’un État palestinien, refus du retour aux lignes de 1967 comme frontières d’Israël et refus du gel des colonisations.

Or, ces trois demandes d’Obama concernent les exigences minima des Arabes. En d’autres termes, il est difficile de parler d’un succès de Washington si ces trois demandes ne sont pas acceptées par Israël.

Reste à savoir ce qu’Obama est prêt à faire pour obtenir qu’Israël cède. Il dispose de moyens importants : les aides économique et militaire versées par Washington à Tel-Aviv, les plus importantes accordées à des États étrangers. Mais il a aussi un talon d’Achille : les « lobbies juifs », comme on dit outre-Atlantique, qui minent l’appareil politique états-unien.

Cependant, sur ce terrain aussi, Obama semble avoir pris les devants. À l’Aipac, le principal de ces lobbies, il a envoyé Joe Biden, son vice-président, et Rahm Emanuel, son chef de l’administration présidentiel, plaider contre la poursuite de la colonisation. Biden est très pro-israélien et Emanuel a vu le jour en Israël.

Qu’Obama réussisse à abaisser le degré d’agressivité d’Israël et il passera pour le sauveur de l’Humanité. Qu’il n’y parvienne pas et, sauf événement providentiel lui permettant de remonter dans l’estime de la population, il ne vaudra pas plus qu’une cacahuète aux yeux de tous.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

Retour Menu
Retour Page Accueil