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Le 4 octobre 2004, Didier Julia, député UMP, déclarait coupés les contacts avec les ravisseurs de Christian Chesnot et Georges Malbrunot en Irak. Occasion de rappeler le cynisme et les tentatives de récupération des négociateurs de tous bords dans les affaires de prises dotages. Occasion aussi de sinterroger sur la légitimité islamique de telles méthodes de chantage.
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La Présidence de la République a dabord laissé régner lambiguïté sur son implication dans linitiative de Didier Julia. Les risques déchec apparaissant, elle a affirmé ne pas lui avoir donné de mandat. Enfin, laffaire ayant capoté, Jean-Pierre Raffarin, dont on connaît la soumission à lElysée, sest empressé de déclarer que toute initiative privée était « susceptible de faire naître une menace pour nos compatriotes » retenus en otages. En dautres termes, toujours prêts à ramasser les lauriers, les gens au pouvoir nendossent jamais la responsabilité des échecs. Jouer avec eux, cest toujours jouer perdant. Jouer ! Ce mot fait frémir
quand la vie de deux Français, journalistes par ailleurs,
est menacée. Car voilà bien, chacun à sa
manière, comment Didier Julia, Mustapha Aziz,
un marchand darmes, Laurent Gbagbo, président
de Côte dIvoire, lElysée, pour
notre part, et dautres ont envisagé les choses.
Ces gens misent pour récupérer un gain. Pas pour
sauver la vie des victimes dont ils nauraient rien, ou
très peu, à faire si la presse taisait ce drame. Françoise Claustre, libérée en janvier 1977, resta trois ans prisonnière dHissène Habré dans le désert tchadien du Tibesti. Pour justifier linaction des autorités françaises, « on » fit circuler la rumeur quelle était la maîtresse de son kidnappeur. Cétait sous Valéry Giscard dEstaing.
De 1985 à 1987, neuf Français sont capturés au Liban par des islamistes proches de lIran : Marcel Fontaine, Marcel Carton, Jean-Paul Kaufmann, Philippe Rochot, Michel Seurat, Georges Hansen, Aurel Cornéa, Jean-Louis Normandin et Roger Auque. François Mitterrand, en ce temps, présidait. Jacques Chirac occupait les fonctions de Premier ministre. Les deux visaient les élections présidentielles de 1988. Mandaté par Mitterrand, Eric Rouleau se rendit à Téhéran en mars 1986. Il a dit : « Pendant que je négociais, des envoyés de M. Chirac, dans le même bâtiment, surenchérissaient » offrant des conditions plus avantageuses. Ceux-ci voulaient, affirme-t-il, faire correspondre « la livraison » des otages avec la campagne des élections présidentielles pour en attribuer le mérite aux réseaux Chirac. Affabulation? Brusquement, dit Rouleau, les Iraniens mirent un terme aux pourparlers engagés à Téhéran. La libération de Carton, Fontaine et Kaufmann eut lieu le 4 mai 1988. Deux ans plus tard mais, surtout, quatre jours avant les élections présidentielles. Les deux acteurs principaux de cette libération à retardement sappelaient Charles Pasqua et Jean-Charles Marchiani. Pour ma part, emprisonné en 1975 par LUNITA de Jonas Savimbi, lun des mouvements en lutte pour semparer du pouvoir en Angola, jai vu ma libération retardée par les calculs de Giscard dEstaing. Lévacuation la plus rapide passait par la Zambie. Mais la presse internationale ayant fait de ce pays sa base arrière pour suivre le conflit angolais, les autorités Françaises, favorables à Savimbi, décidèrent de mon retour par Kinshasa (Zaïre). Ma détention en fut allongée de quinze jours. Une semaine après mon départ, mes compagnons de détention angolais furent exécutés. En matière de libération dotages, le temps cest de la vie qui sépuise. Les retards voulus par les négociateurs en raison de sordides calculs sont toujours criminels.
est consultant au Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001 |