LES 50 PROPOSITIONS
CONTRE LE RACISME
ET LE COMMUNAUTARISME

mai 2010

Le 23 octobre 2009, par lettre conjointe, Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, et Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, donnaient un ordre de mission au CRAN (1) (Conseil représentatif des associations noires de France), afin de rédiger un rapport sur la « Lutte contre le racisme et le communautarisme », plus tard rebaptisé « 50 propositions contre le racisme et le communautarisme ». Nous n’avons rien à dire sur l’idée. D’une part, dans une société où se côtoient désormais quotidiennement des personnes de toutes races et de toutes religions, le racisme n’est pas tolérable. D’autre part, le communautarisme nous apparaît comme un danger, tendant à fractionner la Nation en groupes antagonistes. En revanche, nous nous interrogeons sur les intentions réelles du gouvernement, quand il confie la tâche de rédiger ce rapport au CRAN, une faction communautariste constituée sur une base raciale.

Nous avons parlé de Patrick Lozès, président du CRAN, en juin 2007. Rappelons ses propos : « Pour que les Noirs deviennent un groupe actif dans le débat public français et reconnu comme tel, il leur manquait une organisation, une stratégie. De ce point de vue, les Juifs de France nous montrent une voie ».

Le CRAN s’est construit sur le modèle du CRIF (2) et fait figure d’instrument de ce dernier. Ce n’est pas un hasard mais une stratégie globale consistant à transformer la France, d’une Nation assimilatrice des différences, en un ensemble de communautés. Le rapport remis par Lozès se prête totalement à cette manipulation.

On remarque tout d’abord le racisme décrit dans ce rapport à sens unique. Pour ne parler que de cela, à aucun moment ne sont évoquées les injures et violences racistes dont sont parfois victimes des Français à la peau blanche, dans certaines banlieues ou dans les transports en commun.

On note ensuite l’extraordinaire déséquilibre entre le traitement du racisme à l’égard des gens de couleurs et le danger communautariste : dans les 50 propositions faites pour aller dans le sens du rapport, pas une n’est suggérée pour combattre le communautarisme.

Certes, les auteurs du rapport donnent une définition percutante du communautarisme. « En France, dit-il, le mot « communautarisme » désigne une logique exclusive de la différence et le primat accordé aux règles communautaires sur les règles républicaines, menaçant la cohésion nationale et la sécurité publique. Il signifie que l’on souhaite s’arroger des privilèges, des droits particuliers dans l’espace public, du simple fait d’une appartenance à une communauté ».

Certes, encore, nous approuvons les mots : « L’existence d’une communauté n’est pas nécessairement synonyme de communautarisme ». Mais quand, quelques lignes plus bas nous lisons : « Sous couvert de lutter contre le communautarisme, certains cherchent, en réalité, à lutter contre les communautés, ou contre certaines d’entre elles », nous commençons à deviner la ligne de défense des auteurs du rapport.

Elle se précise quand les rédacteurs du document ajoutent : « Cette dérive est d’autant plus préoccupante que les communautés les plus visées par cet amalgame sont, précisément, celles qui sont les plus discriminées ou les plus stigmatisées en France : les Noirs, les Arabes, les Asiatiques, les Juifs ou les homosexuels... »

De fait, nous pensons que, dans certains cas, des Noirs ou des Arabes peuvent être victimes de discriminations. Mais comme pour certains homosexuels, qui se plaignent de ces tendances à l’exclusion, il conviendrait aussi de considérer le comportements des supposées victimes. L’impolitesse, le refus de se plier aux codes sociaux ou la volonté de choquer nous apparaissent en effet comme des causes tout aussi possibles de rejets.

En revanche, nous présenter dans un rapport officiel les Juifs, en France, comme des victimes de la discrimination porte à sourire. A part l’époque de l’occupation, nos gouvernements en ont toujours compté plusieurs et on les voit très présents dans les structures du pays et dans la presse. Dans une proportion, nous permettons-nous de remarquer, qui dépasse largement le un pour cent qu’ils forment au sein de la Nation.

Il fallait néanmoins cette énormité pour introduire un argument faussé : Ainsi, lit-on : « Au lieu de critiquer « le lobby juif », comme on pouvait le faire dans la France des années 1930, certains critiquent le « communautarisme juif », faisant ainsi la promotion de l’antisémitisme, sous couvert de républicanisme ». Voilà comment, sous prétexte de lutte contre le racisme, on interdit la critique.

Sans le prouver, mais se contentant de l’affirmer, les auteurs du texte partent du principe qu’il n’existe pas de communautarisme juif. Affirmation incohérente à nos yeux, quand nous reprenons la définition du communautarisme écrite quelques lignes plus haut : « il signifie que l’on souhaite s’arroger des privilèges, des droits particuliers dans l’espace public, du fait d’une appartenance à une communauté ».

Car c’est bien la tendance manifestée par les dirigeants du CRIF et certains éléments de la communauté juive. Nous avons relevé maints indices, découverts au cours de nos lectures de la presse juive. Dans un article, Jean Daniel (3) lui-même, un Juif faut-il le rappeler, dont nous saluons la rigueur morale sans en partager toutes les options, a évoqué « les dérapages communautaristes du CRIF ».

« Pour la plupart de nos interlocuteurs, le communautarisme fait référence au religieux, et plus encore à l’islam », continue le rapport. Sur ce point, nous approuvons, tout en relevant le paradoxe, puisque c’est au sein de la communauté juive que l’on rencontre le plus haut degré de communautarisation.

En outre, remarquons-nous, cette tendance affecte une bien plus grande proportion de la communauté chez les Juifs que chez les musulmans. Néanmoins, et cela nous apparaît compréhensible, le communautarisme musulman inquiète plus en raison de l’importance numérique de cette communauté (4) .

Cet état de fait traduit la peur des autres Français, de se voir submerger par un flot intarissable de migrants d’origine musulmane, et d’assister à moyen terme à la mutation identitaire du pays. Or, cette vision des choses ne relève pas du fantasme, si les autorités ne savent pas endiguer les migrations.

Cette inquiétude, face au nombre, ne doit cependant pas faire oublier la menace émanant du communautarisme le plus structuré, celui de certains Juifs, sous l’égide de quelques dirigeants du CRIF.

Il faut en effet se garder d’un exemple qui, servant aujourd’hui de modèle à toutes les autres communautés, tend à liguer les minorités réelles, voire fantasmées comme celle des homosexuels, pour faire éclater la Nation française. Cela rappelle trop le principe « diviser pour régner » pour être négligé.

Ceci d’autant plus que, lisant avec attention le rapport du CRAN, on comprend la méthode pour y parvenir très élaborée. « Comment lutter ensemble contre le racisme et le communautarisme ? S’interrogent ses auteurs. Si la discrimination, la stigmatisation et la marginalisation qui affectent certains groupes sociaux étaient moindres, répondent-ils, la tentation du repli serait également moins grande ». Et d’ajouter : « De ce point de vue, lutter contre le racisme et les discriminations permet de lutter contre le communautarisme ».

Nous ne rejetons pas totalement cette idée. Elle nous apparaît cependant à courte vue. Du reste, prenant à nouveau pour exemple le communautarisme de certains Juifs, nous constatons que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France dans son ensemble n’a jamais été aussi peu antijuive (5) .

C’est pourtant pendant cette période, et surtout depuis la première élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, qu’en France on a assisté à la mise en place d’un communautarisme juif d’une vigueur jamais connue depuis dans notre pays depuis la création du Consistoire au XIXème siècle.

Du reste les auteurs du rapport se dévoilent, quand ils précisent que « lutter contre le communautarisme d’une manière aveugle (...) peut aboutir à banaliser le racisme ». Une manière de recommander de ne s’en prendre qu’au racisme et de laisser le communautarisme se développer tranquillement.

Suivent les 50 propositions faites par Lozès et son équipe : une floraison de règles contraignantes, coûtant cher à l’État et aux entreprises, qui handicaperont un peu plus le fonctionnement de notre société. Les idées vont d’un « Observatoire national du racisme » à la création d’une administration « dédiée à la création d’entreprises de la diversité » (ethnique) en passant par l’instauration de fondations, de fonds de soutien et d’aides publiques aux « représentants de la diversité », terme préféré à « minorités visibles ».

Il faudrait selon eux, un « objectif de 10% d’élus de la diversité dans les élections locales », mais aussi « renforcer l’aide juridictionnelle », « réformer le logement social » et améliorer « l’accès aux soins », non dans un esprit de justice en s’intéressant à tous les Français, mais à l’intention des seuls « représentants de la diversité ». L’opposé en somme de l’égalité républicaine.

La perversité de ce document devrait susciter l’émoi de tous les Français de coeur, quelque soit leur couleur de peau ou leur religion. L’absence de critiques dans la presse nous inquiète au plus haut point.


Notes

(1) Voir notre étude sur le CRAN de juin 2007.
(2) CRIF, Conseil représentatif des institutions juives de France.
(3) Éditorialiste au « Nouvel Observateur ».
Voir la brève: Jean Daniel dénonce les excés du CRIF.
(4) Quand les juifs représentent 1% de la population française, on estime la communauté musulmane à 10%.
(5) Nous préférons user du mot antijuif, désignant la seule communauté juive, qu’antisémite, terme approximatif puisque pour des raisons sémantiques, il devrait associer dans le même concept Arabes et Juifs.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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