Le 14 septembre 2014, les Frères musulmans présents au Qatar informaient la presse que les autorités avaient prié sept de leurs responsables de quitter le pays.

À première vue, on est tenté de croire à un revirement de la monarchie qatarie qui, depuis une vingtaine d’années, affiche un soutien marqué à la mouvance des Frères musulmans. La chaîne de télévision financée par le Qatar, Al-Jazeera, recrute elle-même majoritairement dans les rangs de la confrérie. À commencer par le cheikh Youssef Al-Qaradawi, la référence religieuse d’Al-Jazeera, lui-même égyptien de naissance.

En réalité, cette apparente disgrâce des Frères n’est qu’un jeu politique.

D’une part, il faut savoir les sept individus soumis à de courtoises invitations à quitter le pays tous égyptiens. Chassés de leur pays par la contre-révolution menée par le général Sissi, ils avaient trouvé au Qatar un asile amical.

Cela déplaisait fort en Égypte, où on aimerait les raccourcir d’une tête, mais aussi aux Émirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite, États voisins. Déjà, en mars, on avait vu ces trois pays et le Bahreïn rappeler leurs ambassadeurs du Qatar, accusé d’entretenir une trop grande proximité avec les groupes islamistes armés.

On peut néanmoins se demander pourquoi la monarchie qatarie, qui a résisté jusque-là aux pressions des pays pairs, finit par céder aujourd’hui. La réponse est stratégique.