A PROPOS
DE LA TRIBUNE DE ROBERT REDEKER

octobre 2006

 

Robert Redeker est philosophe, nous dit-il, et enseignant. Son article, dans " Le Figaro, " (Opinions du 19 septembre 2006) lui a valu des menaces. Aujourd'hui, il est contraint de se cacher. Ses persécuteurs sont indignes. Quoi qu'il ait pu exprimer sur leur religion, ils n'ont d'autre droit que de répliquer par les mots. S'en tenant à ce juste comportement, encore y gagneraient-ils à modérer leur ton.

Il leur était pourtant facile de répondre.

D'abord, Redeker généralise. " L'islam, affirme-t-il, essaie d'imposer à l'Europe ses règles : ouverture des piscines à certaines heures exclusivement aux femmes, interdiction de caricaturer cette religion... " Qui est donc l'islam pour agir ? On comprend qu'il s'agit des musulmans. Mais Redeker ne fait pas de différences entre le musulman ordinaire et l'islamiste militant.

Non seulement il les enferme tous dans cette catégorie dénommée " islam, " mais de surcroît, il dénigre leur religion. Le cérémonial de la lapidation symbolique de Satan (1) est " un phénomène superstitieux (...) un rituel qui couve la violence archaïque... " Écrit-il. Quant à Mahomet, il se voit réduit à " un maître de haine. "

Prenant argument de faits historiques avérés, il le qualifie de " chef de guerre impitoyable, pillard, massacreur de juifs et polygame. "

" Quand le judaïsme et le christianisme sont des religions dont les rites conjurent la violence, la délégitiment, l'islam est une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine, " insiste Redeker.

Or, il prend là un risque considérable. Car si, dans l'Évangile la violence est proscrite, on ne saurait en dire autant de la Torah, l'Ancien testament pour les chrétiens. Citons un exemple pris dans le " Livre de Josué. "

Successeur de Moïse, Josué serait parti à la conquête du pays de Canaan pour y installer l'État d'Israël sur l'ordre de Dieu. On lit : " Les gens d'Aï (2), furent enveloppé par Israël de toutes parts. Israël les battit, sans leur laisser un survivant ni un fuyard (...) Lorsque Israël eut achevé de tuer tous les habitants d'Aï dans la campagne, dans le désert, où ils les avaient poursuivi, et que tous furent entièrement passés au fil de l'épée, tout Israël revint vers Aï et la frappa du tranchant de l'épée. Il y eut douze mille personnes tuées ce jour-là, hommes et femmes, tous gens d'Aï... "

Selon la Bible, Josué a massacré la population de toute la ville d'Aï mais aussi de bien d'autres lieux. Qui oserait pour autant le qualifier de criminel ?

Ailleurs, dans " La Genèse, " on apprend qu'Abraham, quittant Canaan, prend le chemin de la vallée du Nil. " Comme il était prêt d'entrer en Égypte, il dit à Saraï, sa femme : Voici, je sais que tu es une femme belle de figure. Quand les Égyptiens te verront, ils diront : C'est sa femme ! Et ils me tueront (...) Dis, je te prie, que tu es ma soeur, afin que je sois bien traité à cause de toi (...) Lorsque Abraham fut arrivé en Égypte, les Égyptiens virent que la femme était fort belle. Les grands de Pharaon la virent aussi et la vantèrent à Pharaon ; et la femme fut emmenée dans la maison de Pharaon. Il traita bien Abraham à cause d'elle ; et Abraham reçut des brebis, des boeufs, des ânes, des serviteurs et des servantes, des ânesses et des chameaux... "

Abraham a vendu les charmes de sa femme et reçu une rémunération en échange. Qui oserait pour autant le qualifier de proxénète ?

On ne peut juger les comportements de nos lointains ancêtres à l'aune des valeurs morales d'aujourd'hui. Ou alors, Jules César se verrait réduit au rang d'un vil esclavagiste et Charlemagne à celui d'un massacreur " d'infidèles " (3). Redeker devrait y penser.

Certes, il ne faut pas être naïf. Pour les musulmans, Mahomet est le modèle idéal. Comme Abraham, pour les juifs. Cela ne fait pas des israélites des proxénètes en puissance. Pourtant, une partie des musulmans, minoritaire mais significative en nombre, veut donner à la société humaine une organisation identique à celle des fidèles regroupés à Médine autour de Mahomet il y a bientôt quatorze siècles.

Appelez-les islamistes, fondamentalistes ou salafistes. Des terroristes se recrutent parmi eux. Ces derniers, pour arriver à leurs fins, sèment le meurtre à travers la planète. Surtout en terre d'islam, de l'Irak à l'Afghanistan en passant par l'Arabie Saoudite.

Les autres musulmans ne demandent qu'à vivre tranquilles et à jouir des fruits de la modernité. Ils n'en sont pas moins des mahométans. Insultant leur religion, on provoque leur colère et les jette dans les bras des extrémistes.

Voulons-nous avoir ces musulmans aspirant à la tranquillité avec ou contre nous ? Voilà une question à poser à Robert Redeker.


Alain Chevalérias

 

 Notes

(1) Pendant les derniers jours du pèlerinage, avec sept cailloux, les musulmans lapident trois colonnes représentant le démon.
(2) Ville antique correspondant au site archéologique de El-Tell.
(3) Lors de sa campagne contre les Saxons, Charlemagne lève des otages et déporte les populations en masse. En 782, il fit exécuter 4500 Saxons pour obtenir la conversion de leur peuple au christianisme.

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