décryptage |
Le 15 mars 2016, sans prévenir, Vladimir Poutine entamait le retrait de ses troupes de Syrie. Certains sen sont réjouis et lont cru agissant sous la pression financière dune économie touchée par la crise du pétrole. Quils se détrompent, le maître du Kremlin a agit en stratège. Ce, quapparemment, ni Obama, ni aucun de nos dirigeants européens ne sait plus faire. Dabord, il a intégré une règle de base : leçon du XXe siècle, il ne faut jamais envoyer ses troupes longtemps loin de ses bases pour combattre. On y risque lenlisement et un jour un retrait dans la honte, comme au Vietnam ou en Afghanistan. Ensuite, il sait, et cela au moins depuis la leçon magistrale donnée par Staline à Yalta, que les guerres se gagnent aussi sur le papier des traités. Pour mettre la Russie en bonne position dans les tractations politiques de paix, Poutine a besoin du régime de Bachar Al-Assad comme alibi. Il la donc sauvé dune fin probable pendant lété dernier quand les rebelles et les jihadistes menaçaient le réduit gouvernemental centré sur le port de Lattaquié. Du même coup, il préservait sa tête de pont, lescale navale dont dispose la Russie dans ce même port. Ces objectifs essentiels atteints, pour plusieurs raisons, il pouvait se retirer avec les honneurs.
Restait à gagner la partie politique de la guerre de Syrie. Avec le départ de lessentiel du corps expéditionnaire russe, les négociations sen trouvent facilitées et Moscou passe presque, du coup, comme un facilitateur de paix. Ce nétait pas suffisant. Les Européens, les Français en particulier, apparaissaient comme les plus retors. Poutine a réussi à limiter les négociations à un tête à tête entre Sergueï Lavrov, son ministre des Affaires étrangères, et John Kerry, le secrétaire dÉtat américain. Sans lui faire insulte, Kerry na ni la culture ni la formation pour faire face à un homme formé à lépoque soviétique par le MGIMO (Institut dÉtat des Relations Internationales de Moscou), lécole des diplomates de haut rang où passaient en outre les futurs officiers supérieurs du KGB. Avec une note de frais bien moins élevée que celle des Occidentaux, en Syrie, Poutine domine la table de négociations. Dommage que ce talent ne serve pas les intérêts des Syriens maintenus sous le joug dune famille de prédateurs, les Assad. Lopposition démocratique syrienne ne peut compter que sur elle-même. |
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