Assassinats de soldats français en Côte d’Ivoire,
qui Paris couvre-t-il ?

décembre 2011

Le 6 novembre 2004, sous le Président Laurent Gbagbo, une attaque aérienne des forces armées ivoiriennes tuait 9 soldats français de l’opération Licorne sous mandat des Nations Unies. Elle en blessait 40 autres, dont 10 grièvement. Ces hommes étaient placés en force d’interposition entre les belligérants.

Début 2005, furieuses de la manière dont l’État français cherchait à occulter ce drame, les familles des victimes portaient plainte pour assassinat et tentative d’assassinat auprès de la Justice de notre pays. Bientôt sept ans plus tard, le dossier n’a pas progressé.

Pendant tout ce temps, trois juges se seront succédés. Le troisième, Frédéric Digne, serait si malade qu’on ne le voit guère. Mieux, arrivant en fin de mandat, un autre juge va le remplacer... et reprendre l’instruction de zéro. Peut-on mieux faire pour enterrer une affaire ?

Certains nous trouverons « mauvaise langue ». Nous ne parlons pas à la légère car d’autres éléments mettent en valeur le peu d’empressement des autorités françaises dans la quête de la vérité.

L’attaque avait été perpétrée par des mercenaires biélorusses et ukrainiens. Les militaires français les avaient interceptés sur le territoire ivoirien après l’opération. Preuve à l’appui, Jean Balan, avocat des plaignants, affirme : « Michèle Alliot-Marie a donné un ordre net et précis : « Libérez-les sans les interroger » ».

Quelques jours plus tard, les mêmes personnes étaient interceptées au Togo, où elles avaient été prises en charge par un trafiquant d’armes, Robert Montoya. Les autorités togolaises, croyant rendre service à notre pays, les interceptaient. Nos « responsables » politiques ne donnaient pas suite.

En 2004, Jacques Chirac était Président de la République et Dominique de Villepin son ministre de l’Intérieur. Villepin, atteint comme son ancien patron d’amnésie sélective, ne parvient pas à se souvenir que Chirac l’ait prévenu de l’arrestation des « présumés » coupables au Togo. À cette époque, la Côte d’Ivoire représentait le seul front sur lequel nos forces étaient engagées. Comment croire que la mort de 9 de nos soldats n’ait pas mobilisé l’intérêt des plus hautes sphères de la République !

Suivant de peu l’attaque, France 2 et « Valeurs Actuelles » avaient déclaré que du matériel israélien et des techniciens venus de l’État hébreu avaient permis le guidage des avions ivoiriens sur leur cible: le lycée Descartes de Bouaké, où nos soldats étaient cantonnés.

Étrangement, depuis, silence radio. Plus personne n’évoque ce détail. Comme s’il convenait de l’oublier. Cette affaire serait-elle le USS Liberty de la France ?

Le 8 juin 1967, le navire espion américain USS Liberty croisait dans les eaux internationales au large du Sinaï. On peut présumer qu’en pleine guerre israélo-arabe des Six jours, il n’était pas là par hasard. Les États-Unis n’en étaient pas moins une puissance amie pour Israël.

Pourtant, sans avertissement, des avions de combats et des vedettes lance-torpilles israéliens l’ont coulé. 34 marins américains ont été tués. Aux États-Unis, cette agression criminelle, au regard des règles internationales, a été mise sous le boisseau. Aucune poursuite n’a été engagée et les auto-rités font mine de ne pas se souvenir.

Certes, pour le bombardement de Bouaké, nous ne sommes que dans le domaine du soupçon. Le meilleur moyen de le dissiper ne serait-il pas de pousser les feux de la Justice ?

Alain Chevalérias

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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