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mars 2010
Depuis 2002, lUnion européenne finance la mise en oeuvre de projets pour permettre à la Turquie de répondre aux critères dentrée dans lEurope des 27. On les appelle IAP ou « Instrument daide de préadhésion ». Déjà, le principe nous paraît étrange. Nous aurions pu croire ce pays ayant lobligation de faire la preuve, par lui-même, de sa volonté dintégrer lensemble européen. Il convient cependant de contrôler la réalisation des projets, den mesurer la portée et le degré defficacité. Afin de sassurer la mise en place des dispositifs de surveillance nécessaires par la Commission de Bruxelles, la « Cour des comptes européenne » a effectué une enquête, suivie de la rédaction dun rapport dont nous avons pris connaissance (1).
La Cour sest contentée de procéder au contrôle de 11 projets sur les 82 mis en place entre 2002 et 2004. Elle a cependant constaté, quen « labsence de données de référence », il était impossible dapprécier le degré de réussite de ceux-ci (article 27, page 16). En outre, nous nous interrogeons sur le bien fondé des projets mis en place. Prenons un exemple, celui intitulé programme de développement de lAnatolie Orientale ou EADP (page 16) et doté de 45 millions deuros. Il avait pour buts de « renforcer les capacités agricoles de la population... stimuler lactivité des petites et moyen-nes entreprises... promouvoir la région en tant que destination touristique... » Il faut savoir lAnatolie Orientale mieux connue sous le nom de Kurdistan, une région irrédentiste, grande comme le quart de la France et peuplée de 5 millions dhabitants, où la guerre civile a fait 37 000 morts depuis 1984. Dune part, les 45 millions budgétés apparaissent finalement dérisoires pour atteindre les objectifs proposés. Dau-tres part, nous nous demandons si latmosphère de violence dominant la région ne rend pas impossible le pro-gramme. Ne pouvant pas servir les buts suggérés, largent, soyons-en sûrs, ne sera pas perdu pour tout le monde. Un peu plus loin, on mesure lamplitude de la déconnection des technocrates de Bruxelles de la réalité du terrain. Toujours avec ce programme en faveur de lAnatolie orientale, ils veulent « rétablir léquilibre en matière daccès des femmes à lalphabétisation et aux activités rémunératrices ». Si nous pensons quil faut réduire les archaïsmes sociaux en prenant son temps, principalement grâce à lécole, la Commission de Bruxelles croit pouvoir les faire disparaître dun coup de baguette magique. Quant aux moyens de contrôle, la Cour des comptes constate : « depuis six ans quune aide de préadhésion est accordée par lUnion européenne à la Turquie, aucun système na été mis en place pour évaluer a posteriori les différents projets ou lefficacité des programmes... » (article 62, page 29). En dautres termes, nous accordons de largent à la Turquie pour des pro-jets irréalisables, voire inutiles, sans nous donner les moyens de vérifier lutilisation des fonds. En pire, une autre Grèce est en gestation... (1) Il sagit du rapport spécial n°16 de 2009, de la Cour des comptes européenne. |
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