UNE POIGNÉE DE MAIN AVEC LE DIABLE |
Le 23 septembre 2015, à la Havane, le Président colombien Juan Manuel Santos échangeait une poignée de main avec Timoleon Jimenez, chef des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie). Ils se sont promis darriver aux accords de paix dans six mois... Alors que les négociations durent depuis trois ans. On goûte lironie de la situation : cette poignée de main historique se déroulait dans la capitale des « révolutions » marxistes dAmérique latine. Comme nous le constations dans « Larticle?? », confronté à ses contradictions et incapable de générer une économie fiable, le communisme est bien mort sur ce continent. Il faut aussi noter le rôle joué par le Pape François. Le 20 septembre, lors de son séjour à Cuba, il avait exhorté les Colombiens à signer la paix « dans le respect des institutions comme du droit national et international ». Outre sa fonction qui en fait un pacificateur, il avait une autre raison de lancer cet appel : plusieurs dizaines de prêtres ont été tués par les FARC. Ce ne sont pas les seules atrocités commises par lorganisation. Surgie au milieu des années 60 de la rencontre du mécontentement des paysans et du choix des armes par le Parti communiste, les affrontements avec les FARC ont causé la mort de 220 000 personnes et le déplacement de 6 millions de paysans pauvres.
Mais les temps changent. À leur apogée, les FARC comptaient 17000 combattants. Aujourdhui, ils nen ont plus que 7 000. Leurs chefs, vieillissants et bedonnants, aspirent aussi à plus de tranquillité et, sans doute, voudraient profiter sereinement de leur trésor de guerre. Enfin, le soutien des gouvernements sympathisants se fait de plus en plus hésitant, comme on le voit avec Cuba. Il y a néanmoins un problème : il est difficile pour lÉtat colombien de fermer les yeux sur les exactions commises par les FARC. Aussi, depuis le début, les négociations achoppaient sur le sort judiciaire de leurs combattants. Une issue a été trouvée qui laisse cependant perplexe. Dun côté, pour faciliter une entente, Eduardo Montealegre, le procureur général de Colombie, a décrété la suspension des poursuites contre les responsables des FARC pour « violations graves des droits de lHomme ». De lautre, un tribunal spécial sera créé pour juger les auteurs de crimes contre lhumanité ou de crimes de guerre, de génocide, de tortures, de viols etc... Il faut craindre les lampistes payant la note, pendant que les donneurs dordre couleront des jours heureux au bord dune piscine. Ce nest pas tout. Seront aussi poursuivis les membres de la police ou de larmée coupables des mêmes exactions. Ou bien la Colombie est aux mains de bandes criminelles, y compris au sein de lÉtat, et alors tout le pays devrait être reconstruit sur de nouvelles bases. Ou bien, capitale dun État de droit, Bogota a surveillé ses forces de lordre. Même si des faiblesses peuvent être enregistrées, nous inclinons vers la seconde hypothèse. Quelques officiers pourraient être offerts en pâture à la justice, craignons-nous, pour satisfaire lintransigeance des FARC. On voit-là la difficulté à faire la paix avec une organisation terroriste. Cest pourquoi, dans cette situation, il nous semblerait plus approprié de poursuivre le combat jusquà une victoire totale, tout en offrant le pardon individuellement aux combattants et à leurs chefs en échange de leur reddition. |
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