LES USA AU LIBAN |
Le 30 août 2017, le Conseil de sécurité des Nations Unies adoptait à l'unanimité la résolution 2373. Celle-ci prolonge d'un an le mandat des Casques bleus opérant au Liban dans le cadre de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban). Israël et les Etats-Unis se félicitaient de cette reconduction. Etrange quand on sait ces deux pays ayant en vain bataillé pour obtenir un changement du mandat. Que s'est-il donc passé ? Le 4 août dernier, une lettre, adressée par le Secrétaire général des Nations Unies au président du Conseil de sécurité, propose le texte de renouvellement du mandat de la FINUL. Très vite, les États-Unis, l'un des cinq membres permanents du Conseil, s'opposent à ce texte. À Washington, on est sous pression. Jared Kushner, le gendre de Donald Trump, est à la fois le partisan d'un État d'Israël dominateur et chargé par son beau-père de définir la politique moyen-orientale des États-Unis. Mme Nikki Haley, l'ambassadeur états-unien nommé par Trump, reproche au commandant en chef de la FINUL, Michael Beary, " de ne pas faire son travail ". Quant à l'ambassadeur d'Israël à New York, il attaque la FINUL qui, selon lui, ne met pas " un terme aux violations, par le Hezbollah, des résolutions du Conseil de sécurité ". Il oublie les très nombreuses " violations " de l'État hébreu.
Il faut savoir la zone en question, du fleuve Litani à la frontière, vidée des éléments armés du Hezbollah depuis 2006. Ce que demande en réalité les Israéliens, ce sont des fouilles intrusives des maisons et la transformation du sud du Liban en zone neutre quand le côté israélien reste ultra militarisé. En clair, la FINUL deviendrait une force supplétive au service d'Israël quand elle est une force d'interposition entre les deux pays. Mais cette fois, le sort n'a pas été favorable à la puissance états-unienne et à son protégé. Suivant la France, les pays européens s'opposent à un changement de mandat de la FINUL. Ils reçoivent le soutien implicite de la Russie. D'après le journal israélien Haaretz, elle a été jusqu'à menacer d'opposer un veto à la résolution. Ce pour faire retirer une mention du Hezbollah, par ailleurs son allié en Syrie, convient-il d'ajouter. On ne comprend décidément pas la satisfaction affichée par les Américains et les Israéliens. D'autant plus que, comparant la proposition de la lettre du 4 août et le texte de la résolution du 30 août, on ne voit guère de différence. Par exemple, quand la proposition initiale " lance un nouvel appel à Israël et au Liban pour qu'ils appuient un cessez-le-feu permanent ", la mouture définitive " réitère l'appel lancé à Israël et au Liban pour qu'ils appuient un cessez-le-feu permanent ". Tout juste remarque-t-on l'ajout, au paragraphe 14, des mots " y compris à ce qui peut être fait pour améliorer la visibilité de la Force, notamment en procédant à des patrouilles et à des inspections ". On imagine les affrontements verbaux pour obtenir cette petite modification quand déjà, sur le terrain, la FINUL exécute cette mission ordonnée dans les résolutions précédentes. La satisfaction, que l'on comprend feinte, de Washington et Tel-Aviv, cacherait-elle une intention perverse ? Par exemple celle de se lancer dans une guerre d'interprétation du texte pour obtenir ce qu'ils veulent... En tout cas, pour la première manche, comme on l'a remarqué à Beyrouth, on assiste à une victoire de la France et de l'Europe contre les États-Unis. Allant plus loin, on sent timidement émerger un nouveau front politique. Laissant face à face Moscou et Washington, les Européens semblent se laisser tenter par l'émancipation. Les erreurs américaines, dont celle de l'invasion de l'Irak en mars 2003, porteraient-elles leurs fruits ? |
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