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février 2010
Dans les années 80, Saddam Hussein faisait construire un barrage à une quarantaine de kilomètres de Mossoul, afin de contrôler les eaux du Tigre. Parmi les entreprises européennes en charge de la réalisation de louvrage, figurait la société Dumez. Tout irait pour le mieux si le sol sur lequel repose le barrage nétait en gypse, roche soluble dans leau. Pour empêcher louvrage de bouger, il faut constamment le renforcer en injectant du ciment sous ses fondations. Sous Saddam, une entreprise yougoslave était chargée de cette tâche. A partir de 1991, à la suite de la première guerre du Golfe et de la défaite de lIrak, un embargo étant décrété contre le pays à linstigation des États-Unis, les travaux de renforcement du barrage cessèrent. Par ailleurs, limportation des pièces détachées étant interdite, les vannes ne bénéficièrent pas dun entretien normal. Conscient du danger, Saddam ordonna la construction dun second barrage, à Babush, en aval du premier, afin de retenir les eaux si celui-ci seffondrait. Mais là encore, lembargo a empêché de conduire la construction jusquà son terme. Selon Stuart Bowen, directeur du « Bureau de linspecteur général pour la reconstruction de lIrak », pendant loccupation, les Américains ont essayé de colmater les brèches qui souvrent dans le sol. Plus de 27 millions de dollars ont été dépensés à cette fin. Mais, utilisant des ciments ordinaires, au lieu de mélanges spéciaux, le travail des Américains neut aucun effet. Résultat, aujourdhui, les spécialistes estiment que 20 cm de roche a fondu sous le barrage. Or, haut de 120 mètres, avec son lac de retenue de 400 km2, ce dernier peut contenir jusquà 11 milliards de mètres cube deau. Sil cédait, une vague de 10 à 20 mètres déferlerait sur Mossoul au bout de trois à quatre heures, à une vitesse de 2 mètres par seconde. Les villages bordant le Tigre seraient détruits et certains quartiers de Bagdad se retrouveraient sous cinq mètres deau. Gilles Munier, dont la fidélité à lIrak reste imperturbable sous la tempête, fait remarquer que la responsabilité dune catastrophe serait imputable aux Américains, aux autorités kurdes, qui ont pris le contrôle du barrage, et à lactuel gouvernement irakien. Pour notre part, nous nous interrogeons sur le bien fondé dun embargo, quand il met en danger la vie de la population dun pays. Il y a dans cela quelque chose dinhumain, que pourtant nos élites décident en toute bonne conscience. |
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