Le procès d'Ahed Tamimi, une adolescente
de 16 ans au moment des faits, s'ouvrait hier devant un tribunal
militaire israélien. Le juge a ordonné le déroulement
des audiences à " huis clos ".
Le
prétexte invoqué fait sourire : le débat
public ne serait pas dans l'intérêt d'une mineure.
En revanche qu'elle soit emprisonnée depuis deux mois
et arrivée au tribunal pieds et mains entravés
semblent " dans l'intérêt d'une mineure
".
Qu'est-il
reproché à la jeune fille ?
Ahed Tamimi emmenée à son procés
12
chefs d'inculpation sont tombés
sur sa tête, certains remontant à son enfance. Mais
le 15 décembre dernier, l'autorité israélienne
n'en pouvait plus : Ahed avait giflé de ses petites mains
des soldats casqués et cuirassés en position devant
sa maison en Cisjordanie occupée. Les images, propulsées
sur Internet, ont " humilié " l'opinion
israélienne. Du coup, la mère d'Ahed, qui
les a diffusées, se voit poursuivie pour cette grave atteinte
à la fierté de Tsahal.
Manifestation
contre la décision de Trump de reconnaître Jérusalem
capitale d'Israël
Le 15 décembre 2017,
Ahed, comme des dizaines de milliers de Palestiniens,
manifestaient contre la décision des États-Unis
de reconnaître Jérusalem comme capitale du seul
État juif. Sur la légalité de l'arrestation
de la jeune fille, son avocate Gaby Lasky a plaidé
qu'avant tout c'est l'occupation de la Cisjordanie par l'armée
israélienne qui est illégale ! Fait indéniable
au regard des résolutions des Nations
Unies. Gaby Lasky n'a pourtant rien d'une terroriste
palestinienne : elle est juive et israélienne.
Des soutiens
israéliens à Ahed
Elle n'est pas seule parmi ses compatriotes.
Yonathan Geffe, auteur-compositeur, voit son oeuvre censurée
sur ordre du ministre de la Défense pour avoir
comparé Ahed à Jeanne d'Arc. Pire,
à Chana Senesh, héroïne juive de la
lutte contre le nazisme, et à Anne Frank.
La disproportion entre les faits reprochés
à une adolescente et l'action légale entreprise
contre elle, ajoutées au huit clos judiciaire, une méthode
de tyrannies, et à la rage des autorités contre
les défenseurs d'Ahed, tout cela révèle
la peur qui s'empare des cercles dirigeants d'Israël.
Ils se sentent en effet désarmés
face à des actions relevant plus de la provocation que
de la violence. Le terrorisme renforce Israël. Les
actions pacifiques le rendent vulnérable.
Quelqu'un l'a bien compris. Le cheikh
Yusef Qardawi, le prédicateur de la chaîne
qatarie Al-Jazeera.
Nous l'avons entendu appeler les musulmans à marcher pacifiquement
sur les territoires palestiniens occupés. " Nous
sommes trop nombreux, ils ne pourront jamais tous nous tuer
", a-t-il dit en substance. Il pense à une arme de
paix, imparable par principe. Un déferlement tranquille
qui pousserait les Israéliens à commettre l'irréparable
en se rendant coupable d'un génocide.
Nous le savons bien, Qardawi rêve
pour les pays musulmans de l'ins-tauration d'une théocratie
qui n'aurait rien à envier à celle de l'Iran. Pour
cette raison aussi ceux qui disent aimer Israël devraient
engager ce pays à reconnaître leurs droits territoriaux
et leurs droits de citoyens aux Palestiniens. Pour lui éviter
le pire !
Prouvant la faiblesse d'Israël,
le 21 mars 2018, Ahed a été condamnée à
8 mois de prison ferme. Un an plus tôt, le 21 février
2017, le sergent israélien Elor Azaria avait été
condamné à 18 mois de prison pour l'exécution
d'un prisonnier palestinien blessé. La droite israélienne
estimait ce jugement trop sévère !
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