NOTRE-DAME-DES-LANDES
ET LE ZADISME

février 2018

Le 17 janvier dernier, le Premier ministre, Édouard Philippe, a annoncé l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame des-Landes, en Loire-Atlantique. Celui-ci remonte à 1963, son emprise territoriale a été décrétée en 1974 et sa déclaration d’utilité publique rendue le 9 février 2008. Le début des travaux avait bien été prévu pour 2013 mais, alors Premier ministre, Jean-Marc Ayrault avait décidé de repousser leur mise en oeuvre de six mois... Six mois qui ont traîné mettant un terme au projet. Ayrault avait faibli devant l’opposition. Il est vrai qu’à l’automne 2012, tentant de récupérer la place occupée par des militants encagoulés, les forces de l’ordre avaient essuyé un revers, le gouvernement un camouflet. Alors Ayrault, qui s’écrit sans H, s’est dégonflé. Emmanuel Macron et son camarade Philippe ont repris l’essai et l’ont transformé en s’aplatissant devant les « zadistes ». Il faut savoir ce que signifie cette dérive.

On entend par « zadistes » les occupants, dans un sens quasi militaire, de la ZAD.
Pour l’administration, ce sigle signifie « zone d’aménagement différé ». Les opposants ont transformé cette désignation en « zone à défendre ».

Mais à défendre de qui ? De l’État et du grand capital. Du moins selon les zadistes car, en réalité, il s’agit d’une opposition systématique aux grands travaux d’aménagement du territoire sous prétexte de « défendre l’environnement » et le « droit des populations locales à décider de l’avenir de leurs territoires ».

À la fin, cela revient à bloquer le développement du pays en empêchant la réalisation des infrastructures indispensables telles que le réseau de chemin de fer, les autoroutes, les aéroports ou les structures de production d’énergie. Il est toujours facile de jouer sur un émotionnel aujourd’hui à fleur de peau, concernant l’écologie, ou des intérêts individuels, les expropriations causant toujours des blessures, pour susciter un mouvement d’opinion défavorable à un plan d’aménagement du territoire.

Le plus célèbre des antécédents des actions zadistes remonte à l’affaire du Larzac, de 1971 à 1981, quand les amis de José Bové s’opposèrent à l’extension du camp militaire. Une victoire qui fait jurisprudence dans leurs esprits puisque des terres que les militants zadistes occupaient indûment et par la force leur furent attribuées sous la présidence de François Mitterrand. Ils les exploitent encore et Bové pavoise aujourd’hui à Bruxelles en tant que député européen.

D’autres actions ont été rapportées par la presse, comme celle des manifs s’opposant au projet de centrale nucléaire à Creys-Malville (Isère), en 1976 et 1977. À cette occasion, lors des affrontements avec les forces de l’ordre à Faverges, ces dernières reçurent des boulons, des cocktails Molotov et des bouteilles d’acide. Un militant, Vital Michalon, a été tué par un tir de grenade. Ce dossier se solda par la fermeture de la centrale sur décision du Premier ministre Lionel Jospin.

Les zadistes à Sivens
On se souvient aussi de la campagne des zadistes contre la construction du barrage de Sivens, dans le Tarn. On y compte un autre mort, Rémi Fraisse, touché lui aussi par une grenade. Cela en dit long sur l’âpreté des affrontements, quand les policiers sont acculés à des situations quasi insurrectionnelles. À Sivens, là encore, on donna raison aux opposants en annulant le projet, sous François Hollande cette fois.

Les socialistes ont une longue tradition de désertions en rase campagne qui renforcent la combativité et le prestige des zadistes.

Aujourd’hui, une quinzaine de « zones à défendre » se sont organisées à travers la France. Celle de Notre-Dame-des-Landes, dans les campagnes au nord de Nantes, a commencé à s’installer en 2009. Aujourd’hui, environ 200 zadistes se logent dans des baraques construites de leurs mains. Ils ont aussi accaparé des terres devenues bien de l’État après l’expropriation de leurs propriétaires.

En collusion avec une partie de la population hostile à l’aéroport, la zone est auto administrée sur le mode « Commune de Paris ». Elle est aussi organisée en bastion avec ses tours de gué et ses barrages disposés sur la route d’accès. On est là en pleine tradition anarchiste de contestation de la propriété, éventuellement par la force. Car, si certains éléments se veulent pacifistes, d’autres cherchent à en découdre. En particulier les « Black Blocs », des militants prêts à tuer.

Le gouvernement s’est donné jusqu’au 31 mars, la fin de la trêve hivernale, pour reprendre le contrôle de ce territoire qui échappe à la République. Déjà, il prévoit plus de 2200 hommes, des blindés, trois hélicoptères et même deux avions d’attaque au sol pour faire des photos. D’ici là, il faut craindre des renforts d’enragés arrivant du reste de l’Europe. Tout est possible. Y compris la collusion avec des excités islamistes ou des voyous de banlieues. Pour Emmanuel Macron, ce serait le moment de vérité.


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