LES 8 ET 9 JUIN 2015 AU CAIRE |
Les 8 et 9 juin, se tenait au Caire une conférence de lopposition syrienne. Elle sétait donné pour mission de proposer une feuille de route permettant dacheminer la Syrie vers une solution politique. Nous avons fait le déplacement. 150 personnes étaient présentes, chose remarquable, appartenant autant à lopposition extérieure, formée dexilés, quà celle dite de lintérieur, des hommes et des femmes venant des zones contrôlées par le gouvernement de Bachar Al-Assad. Certes, on peut reprocher à cette conférence dêtre une nouvelle structure face au « Conseil National syrien » et à la « Coalition nationale des forces de lopposition ». Il faut néanmoins admettre ces deux appareils ne faisant pas beaucoup avancer léchéancier politique. Dautre part, il faut aussi les savoir largement dominés par les Frères musulmans qui, pourtant, ne représentent quune minorité de la population syrienne. Un coup déperon autant quun rééquilibrage en direction de la société civile étaient donc nécessaires. Aussi convient-il mieux de parler de complémentarité de la Conférence du Caire avec le Conseil National et la Coalition que de remise en question de leur légitimité. Cest en fait une nouvelle ouverture démocratique qui se met en place. Le projet de feuille de route proposé à la fin de ces deux jours (voir le texte traduit en français) en atteste. Il devrait retenir lintérêt de ceux qui veulent le retour de la paix en Syrie : il nest ni vengeur ni fanatique, mais offre de construire une société syrienne démocratique et laïcisée. La formule tend à affranchir la Syrie de la tyrannie dun groupe comme du communautarisme religieux. Constat axiomatique, il y a impossibilité « de parvenir à une solution engendrée par une victoire militaire » de lun des camps en conflit. Et même si une telle victoire devait se produire, les rédacteurs du texte insistent : « nous ne voulons ni de la victoire dun camp (celui des jihadistes) en raison des drames qui en découleraient, ni du maintien de lactuel régime, ni lui ni son Président nayant de place dans la future Syrie. La solution politique négociée est l'unique moyen pour sauver la Syrie ». Politiquement, on ne peut être plus clair quand le texte proclame vouloir : « Un régime démocratique, parlementaire et multipartiste bénéficiant dun système dalternance (...) basé sur le principe de légalité des citoyens en matière de droits et de devoirs, sans différences de sexe, dethnie, de croyance ou de confession ». Le processus de retour à la paix ne manque pas non plus dintérêt. Il suppose dabord la proclamation dun cessez-le-feu « tout réfractaire étant considéré hors-la-loi pour la légalité nationale comme pour le droit international ». On comprend les groupes jihadistes désignés sous lappellation de réfractaires puisquils veulent simposer par la force des armes et rejettent le jeu démocratique. Les éléments armés souscrivant au plan de paix seront dabord cantonnés sur leurs dernières positions. Puis conformément à un plan densemble, redirigés sur de nouvelles affectations. Ils agiront sous le commandement du « Conseil militaire national de transition », lui-même inféodé au gouvernement de transition. Ces éléments armés, quils soient issus de la rébellion ou de larmée régulière, constitueront la nouvelle armée syrienne par intégration. Ceci devrait se faire sans trop de difficultés beaucoup dofficiers de la rébellion étant eux-mêmes des déserteurs de larmée régulière. Cette nouvelle armée aura pour mission principale dassurer « la sécurité, la stabilité, luttera contre le terrorisme et les organisations terroristes et tous les groupes armés qui s'allient à elles, refusent la solution politique ou poursuivent les combats. Il lancera l'opération de restauration de la souveraineté syrienne sur tout le territoire ». En résumé, on rassemble les éléments armés des deux camps, le pouvoir et la rébellion, à condition quils soient favorables à un processus politique. Puis on les retourne contre les ennemis de tous, les jihadistes. Dans un tel contexte, les autres exigences
du projet de feuille de route relèvent du bon sens : Enfin, établissant bien lancrage de la proposition de feuille de route dans la légalité internationale, ses rédacteurs demandent la supervision des Nations Unies et le parrainage du Conseil de sécurité. Tout nest pas fait, mais la Conférence du Caire, cest un peu de lumière au fond du tunnel. Alain Chevalérias Lire aussi: |
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