RWANDA :
RACISME NÈGRE ET DICTATURE TROPICALE

septembre 2010

Le 11 août 2010, Paul Kagamé était reconduit pour un second mandat présidentiel à la tête du Rwanda, avec un score de 93% des voix. On ne peut que s’étonner.

Comme l’a dramatiquement prouvé la guerre des Tutsis contre les Hutus puis le génocide des premiers par les seconds, en 1994, au Rwanda l’ethnicisme domine le quotidien. Dans ce contexte, on se demande comment la population, à 84% hutue, a pu élire un président tutsi.

Quelques-unes des recettes employées donnent une idée du faible degré de démocratie régnant à Kigali. Ainsi, le 26 juillet, en pleine campagne électorale, le Haut conseil des médias, organe local de contrôle de la presse, décrétait la suspension de 19 radios et 22 journaux brusquement accusés par le pouvoir de ne pas remplir « les conditions de diffusion et d’émission prévues par la loi ». Deux jours plus tard, un nouveau communiqué ordonnait aux forces de sécurité de fermer les journaux et de couper les émetteurs des radios incriminés.

Autre recette, celle de la mise hors jeu des candidats hutus ayant quelques chances. Victoire Ingabire, par exemple, dirige le Rassemblement Républicain pour la Démocratie au Rwanda, un parti politique que le pouvoir en place refuse de reconnaître comme tel. Plus grave, le 22 avril dernier, augurant d’un processus électoral peu fiable, la jeune femme était placée sous contrôle judiciaire pour « association avec un groupe terroriste, propagation de l’idéologie du génocide, négationnisme et divisionnisme ethnique ». Or, ces termes, bien au goût d’une certaine nomenklatura mondialiste, n’ont aucune raison d’être dans le cas de Victoire Ingabire, car elle dénonce avec vigueur le génocide perpétré contre les Tutsis. Pendant la campagne, parsemée de « menaces et agressions », rapporte l’AFP, on comptait aussi deux meurtres : celui d’un opposant et celui d’un journaliste.

Dans un pays où le « gouvernement de Tutsis » dirige, comme le disait Bernard Debré au « Monde », et où l’armée appartient massivement à cette ethnie, en particulier pour la caste des officiers, on peut parler de domination du plus petit nombre, les Tutsis, sur le plus grand nombre, les Hutus. Détail significatif, au Rwanda, il est interdit de parler de ce déséquilibre. Cette prohibition est le signe caractéristique de l’oppression sur le plus grand nombre. Quand une minorité ethnique ou religieuse s’implante à la tête du pouvoir, partout, le prétexte de la lutte contre le racisme est la raison invoquée pour obliger les bouches à se taire.

En Afrique, il existe un « racisme nègre », dans le sens culturel du terme, bien plus virulent entre tribus et ethnies, qu’il ne l’est à l’égard des Blancs. Au Rwanda, sa variante tribaliste ne suffit même plus à un Kagamé assoiffé de pouvoir. Il veut celui-ci sans partage et fait désormais le vide parmi ses anciens compagnons de guerre tutsis.

En 2005, le colonel Patrick Karegeya, patron des services de renseignements extérieurs, était emprisonné pour « insubordination ». Parvenant à s’enfuir, il s’est réfugié deux ans plus tard en Afrique du Sud. Début 2010, il y est rejoint par le général Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien chef d’état-major de l’armée, élevé au rang de héros de la guerre contre l’ancien pouvoir hutu. Depuis, au moins quatre officiers de haut rang ont été arrêtés pour « indiscipline » ou pour « actes immoraux ».

Il faut pourtant craindre l’arbitraire de Kagamé incapable de faire comprendre aux Tutsis que la domination du petit nombre sur le grand nombre est partout, sur le long terme, vouée à un échec qui peut être sanglant. Comment ne pas voir dans le Rwanda un symbole à méditer ?

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
 www.recherches-sur-le-terrorisme.com

 

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