HISTOIRE
LE GHETTO DE VARSOVIE

En septembre 1939, les Allemands attaquaient la Pologne. En octobre 1940, ils créaient plusieurs ghettos. Celui de Varsovie est connu pour le soulèvement qui y éclata en avril 1943. Nous reprenons, en caractères gras, le texte de Sandrine Szwarc, publié dans « Actualité Juive » du 3 avril 2008. Certes, Gaza n’est pas le Ghetto de Varsovie. Pour une raison simple : la destination finale des Palestiniens n’est pas l’extermination. Les Israéliens ne leur demandent « que » la soumission. Néanmoins, beaucoup de descriptions et de situations font écho avec la condition de Gaza.

« Le 12 octobre 1940, les Allemands ordonnèrent par décret la création d’un Ghetto dans le centre de Varsovie. Ils imposèrent que tous les résidents juifs de la ville s’installent dans une zone composée de deux parties, le grand Ghetto relié au petit Ghetto par un pont de bois ». Plus de 350 000 Juifs vivaient à Varsovie, formant environ 25% de la population, précise l’auteur.

Depuis la guerre de 1948-1949, les trois quarts du territoire de la Bande de Gaza ont été annexés par Israël. La population palestinienne a été entassée dans le quart restant. 1 million et demi d’habitants disposent de 360 km2, soit 240 m2 par habitant.

« Le lieu fut ensuite entouré par un mur de plus de trois mètres de haut surmonté de fils de fer barbelés et bien gardé pour éviter toute circulation vers le reste de la ville... »

Gaza est encerclé par des murs de 8 mètres de haut et des réseaux de barbelés. Une route circule le long du mur à l’usage des patrouilles israéliennes. Les points de passage permettant de se rendre en Israël ou en Égypte sont souvent fermés. Pour les franchir, les Palestiniens sont soumis à des conditions humiliantes. Côté mer, la marine israélienne interdit l’entrée.

« Les conditions de vie dans le Ghetto étaient particulièrement inhumaines. Il était trop petit pour accueillir tous les Juifs de Varsovie et des villages environnants... »

Richard Falk, Rapporteur spécial des Nations Unies pour les territoires palestiniens, a publié un communiqué le 9 décembre 2008. Il dit : « Tranquillement, Israël poursuit le siège de Gaza dans toute sa violence, ne permettant le passage que du strict minimum de combustible et de nourriture pour éviter une famine massive et une épidémie ».

« Beaucoup perdirent tout en arrivant dans ce quartier fermé, mal ou presque pas approvisionné en nourriture et en combustible. Dès l’hiver 1940-1941, la faim et le froid se firent ressentir. Nombreux furent alors ceux qui organisèrent de menus trafics avec l’extérieur. Certains laissèrent parfois leur vie en essayant d’apporter de la nourriture dans le Ghetto... »

A Gaza, les Palestiniens ont creusé des tunnels les reliant à l’Égypte. Par là, passent de la nourriture et, bien sûr, des armes. Ce métier de passeur s’avère très dangereux. Les Israéliens effectuent des raids aériens contre les tunnels, provoquant leur effondrement et la mort de leurs utilisateurs.

« A l’été 1942 commença (la) première vague de déportation vers les camps de la mort... (Elle) ramena la population du Ghetto à 70 000 habitants... Une nouvelle vague de déportations, en janvier 1943, toucha environ 5000 d’entre eux... Les Juifs décidèrent de se révolter. Le soulèvement débuta le 19 avril 1943... »

Toujours, l’injustice suscite la révolte contre l’oppresseur, à Varsovie, comme à Gaza. Faut-il alors appeler ceux qui se soulèvent résistants ou terroristes ?

« Encouragés par le succès apparent de la résistance et l’arrêt des déportations, les habitants du Ghetto bâtirent des abris souterrains en préparation d’une révolte.... »

Comme aujourd’hui les Palestiniens à Gaza, les combattants du Ghetto sont mêlés à la population. Leurs caches sont sous les maisons.

« Les Allemands avaient prévu de liquider le Ghetto de Varsovie en trois jours, mais les combats persistèrent. Des forces blindées, commandées par le général SS Jürgen Stroop, commencèrent à incendier le Ghetto, immeuble après immeuble, pour faire sortir les juifs de leurs cachettes. Les combattants juifs effectuèrent des raids sporadiques, mais les Allemands réduisirent systématiquement le Ghetto en ruines... »

Dans l’enclave de Gaza, les blindés, l’artillerie et, de plus, l’aviation, ont servi aussi dans un combat inégal qui a duré plus longtemps que ne l’auraient cru les Israéliens. Résultat, comme à Varsovie, les maisons sont réduites à l’état de ruines. Face à ce déluge de feu, les Palestiniens ont aussi tenté des « raids sporadiques ».

Marek Edelman, l’un des chefs de l’insurrection, disait : « Nous nous battrons pour que, de l’autre côté du mur, on entende que nous sommes vivants ». Agé de 90 ans environ, il vit toujours en Pologne. Il refuse de s’installer en Israël. Il n’aime pas les ghettos.

Jean Isnard

 

 
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