DE LISLAMISME |
octobre 2012
Lislam est
divers et comme les autres religions sujet à interprétations.
On range dans la catégorie dislamistes, ou fondamentalistes
musulmans, ceux qui, refusant daccepter lévolution
du monde, prétendent vivre comme à lépoque
de Mahomet et appliquer à la lettre la charia. À
la base, manifestant un certain degré dignorance,
ils sont pourtant en contradiction avec eux-mêmes. La charia,
ou loi islamique, na été fixée quau
VIIIème et au IXème siècle, longtemps après
la mort de Mahomet. Or elle diffère souvent des préceptes
contenus dans le Coran. Par exemple, quand la charia condamne la femme adultère à la lapidation, une règle sémite autrefois appliquée par les juifs, le Coran ordonne pour sa part la flagellation de lhomme et de la femme, à condition que quatre témoins mâles rapportent les faits. Nous ne saurions, dans cette page, décrire toutes les évolutions de lislamisme, nous ferons en revanche comprendre quil nest pas une tendance nouvelle mais que ses origines se confondent avec celles de lislam. |
La première manifestation de lislamisme remonte au VIIème siècle. Ali, le quatrième calife, ayant été destitué par une cour darbitrage, parmi ses partisans, les Kharijites, tenants dun puritanisme exacerbé, lui reprochèrent sa soumission à la sentence, se révoltèrent contre lui et finirent par lassassiner. Pour les Kharijites, appréciation courante chez les plus radicaux des islamistes, sestimant seuls musulmans authentiques, ils considéraient les autres apostats et se donnaient le droit de les tuer avec leur entourage. Sassagissant avec le temps, on les retrouve aujourdhui sous le nom dIbadites, à Djerba (Tunisie), dans le Mzab algérien et, représentants lislam officiel, à Oman. Au IXème siècle, cependant, prenait pied en Irak, devenu le siège califal, une école étonnante, le mutazilisme. A cette époque, le calife Al-Mamun avait créé une académie des sciences consacrée à la traduction des oeuvres grecques en arabe. Encouragé par le pouvoir, les Mutazilistes se servirent des outils philosophiques de lantiquité grecque, simprégnèrent de culture persane et, en conflit avec la tendance dominante, développèrent comme le christianisme lidée du libre arbitre de lhomme, en opposition avec la notion de prédestination. Dun certain point de vue, le mutazilisme apparaît comme une école rationaliste, ouverte sur les grandes cultures et la modernité de lépoque. Il finit pourtant par donner naissance à une véritable inquisition afin dimposer ses vues. Par réaction, déclaré hors-la-loi par le successeur dAl-Mamun, lépisode du mutazilisme fut lune des causes de la fermeture de « la porte de lijtihad », lijtihad étant le travail dinterprétation des textes fondateurs de lislam. Cétait la fin dune certaine liberté de pensée dans le sunnisme. En 890, les Qarmates, dinspiration chiite, se révoltaient dans la région de Wasit en Irak. Puritains, leurs chefs se donnaient le titre de « Seigneurs de la pureté », ils contestaient le pouvoir califal, prétendaient redistribuer les richesses et pratiquaient la conspiration et lassassinat terroriste pour parvenir à leurs fins. Ils disparurent au début de la deuxième moitié du Xème siècle. Au même moment, proche des Qarmates et chiite comme eux, pour trois siècles, la dynastie fatimide simposait en Afrique du nord et sinstallait au Caire. Elle engendra la domination dAl-Hakim, fou mystique qui alla jusquà se proclamer Dieu publiquement. On lui doit la destruction de léglise du St Sépulcre, en 1009, qui fut lune des causes des croisades. Au XIème siècle, héritière dAl-Hakim, la secte des Assassins surgit en Perse. Elle répandit la terreur à travers le Moyen-Orient et ordonna des attentats suicides contre la promesse dune vie de plaisir dans lau-delà. Les ismaéliens de lAgha Khan sont aujourdhui les descendants très pacifiés de cette secte. Côté sunnite, venant respectivement du Sahara et dAfrique du nord, les Almoravides (1056 à 1147) et les Almohades (1130 à 1269), imposèrent leur loi sur le Maroc et lEspagne au nom de la pureté islamique avant de disparaître dans les circonvolutions de lHistoire. Né en 1263, Ibn Taymiyyah allait laisser une trace indélébile. Ce juriste de renom interprétait le Coran au pied de la lettre et sopposait à toute innovation. Ses excès verbaux lui valurent la prison. Surtout, jusque-là pensée interdite dans lislam traditionnel, il fut à lorigine dune théorie autorisant la destitution dun gouvernant corrompu. Les Wahhabites, secte au pouvoir en Arabie Saoudite, et surtout les Frères musulmans, apparus en Égypte en 1929, présentent Ibn Taymiyyah comme une référence idéologique. Aujourdhui, « les Frères » dominent le paysage islamiste sunnite. Ayant pourtant concédé une dose homéopathique de modernité à leur dogme, ils passent pour des modérés, comparés aux Salafistes, tenants dun retour total aux pratiques des origines. Tous, néanmoins, senferment dans une vision non évolutive de lislam. Jean Isnard |
www.recherches-sur-le-terrorisme.com |