On lit dans l'histoire juive, qu'au début de notre ère, l'une des factions formant la communauté hébraïque s'appelait " les nazoréens, disciples de Jésus de Nazareth qui proclama le " Royaume de Dieu " dans les environs de Capharnaüm et fut acclamé, un moment comme le Messie, avant d'être arrêté à Jérusalem et crucifié sur l'ordre du préfet Pontius Pilatus (ndlr Ponce Pilate). Ses disciples, ne cessant "de proclamer à son sujet qu'il leur apparut le troisième jour de sa mort vivant à nouveau *" formèrent le parti des " nazoréens " à l'origine de celui des chrétiens " (1). Cette interprétation des faits occulte le rôle d'une partie des juifs de l'époque demandant la condamnation à mort de Jésus-Christ. Par contre, elle met en valeur le différend surgi parmi les juifs jusqu'à donner naissance à une nouvelle religion. De ce différend naquit une violence anti-chrétienne. |
Sous l'occupation grecque (2) puis romaine de l'ancien État d'Israël, les juifs comptaient déjà une diaspora nombreuse, très active dans le commerce, et présente dans tout le bassin méditerranéen. Ils développèrent des relations de proximité avec les autorités coloniales et obtinrent des privilèges (3) en échange de services rendus à celles-ci. A l'époque romaine, parmi ces privilèges, figurait l'exemption du culte aux dieux païens et des taxes y afférant. Quand la prédication de Jésus-Christ prétendit ouvrir le monothéisme à tous les hommes, les juifs prirent peur, inquiets de voir leurs privilèges menacés. Un trop grand nombre de gens se réclamant de la judaïté risquaient en effet de provoquer une révision de leur statut par les Romains. L'affaire empira encore avec l'apôtre Paul, quand il dit dans l'Épître aux Corinthiens : " La circoncision n'est rien et l'incirconcision n'est rien, mais l'observation des commandements de Dieu est tout... " (4) Comble de l'inacceptable aux yeux des juifs, des incirconcis, des " impurs ", menaçaient d'entrer dans les synagogues où Paul et les apôtres, nés dans la religion de Moïse, prêchaient déjà. Les juifs de Corinthe se saisirent de Paul et le conduisirent devant le pro-consul romain Gallion. Ils dirent : "Cet homme excite les gens à servir Dieu d'une manière contraire à la loi" (5). Il faut comprendre. Pour les Romains, ne pas adorer les dieux païens relevait de l'athéisme et entraînait la peine de mort. Les juifs échappaient à cette règle mais, eux-mêmes, condamnaient à mort par lapidation ceux qui abandonnaient la religion mosaïque. Pour eux, les juifs devenus chrétiens entraient dans cette catégorie. Cependant, pour les mettre à mort, il fallait l'aval de l'autorité romaine. D'où la démarche des juifs de Corinthe pour obtenir le droit d'exécuter Paul. Mais Gallion les débouta. Ces requêtes furent fréquentes. Beaucoup reçurent l'agrément de la hiérarchie romaine, la première étant celle qui autorisa la mort d'Etienne, en l'an 37, à Jérusalem. Juif passé au christianisme, il fut lapidé. Pas encore converti, Paul faisait partie de ses persécuteurs. Jacques le Majeur a été tué sur ordre du roi des juifs Hérode Agrippa 1er en l'an 44. Jacques le Mineur, premier évêque de Jérusalem, a été jeté du haut des murailles de la ville par les juifs et achevé à coups de pierres. " Les Actes des apôtres " apparaissent comme une longue suite de persécutions anti-chrétiennes avec emprisonnements, flagellations et exécutions. Encore cela devait-il perdurer. Selon Justin Martyr (IIème siècle), lors de la rébellion juive de Bar Kokhba, en l'an 135, les chefs du soulèvement ordonnèrent "de punir sévèrement (les chrétiens) s'ils ne reniaient pas Jésus comme Messie..." Des massacres commis par des juifs contre des chrétiens eurent lieu au Yémen au VIème siècle. En 614 aussi, quand une armée juive, alliée à l'empereur perse Chosroès II, s'empara pendant quatre ans de Jérusalem devenue chrétienne. Nous ne saurions faire dépendre les relations entre juifs et chrétiens du souvenir de ces persécutions. Mais elles relativisent la notion de peuple martyr.
D.E.J. : " Dictionnaire
encyclopédique du judaïsme, " collection
Bouquins, éditions Cerf/Robert Laffont. |
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