de la France |
septembre 2012
Dans le nord du Mali, Alger joue un jeu étrange, dénonçant le terrorisme, tout en entretenant des relations avec ses acteurs et en accusant la France de manipuler le soulèvement du MNLA. Dans son édition du 28 août, le journal algérois « lExpression » écrivait : « Paris a actionné le MNLA (Mouvement national de libération de lAzawad) (1) qui nest quune création fantoche mise sur pied par des cercles officieux français. Le but de cette opération (NDLR : le soulèvement du 17 janvier dernier) était de créer une zone grise aux frontières sud afin disoler lAlgérie de sa profondeur africaine ». Tout dabord, on goûte lexpression attribuant à lAlgérie une « profondeur africaine », comme si lAfrique noire représentait une continuation territoriale dAlger. Les Africains apprécieront ! « LExpression » va plus loin. Il nie le MUJAO être « une dissidence » ou « une excroissance » de lAQMI (2), ce que nous pouvons pourtant confirmer grâce à nos sources. Il qualifie le MUJAO « dinstrument monté de toutes pièces afin daffaiblir les positions de lAlgérie (...) Il a été créé par ceux qui accusent lAlgérie dentretenir des liens avec Ansar Eddine » (3) . Il sagit de la France, bien sûr, lAFP et « Le Monde », pour une fois peu avides de leur informations, ayant révélé la visite à Alger dune délégation de Ansar Eddine menée par son chef, Iyad Ag Ghali, aux environs du 20 juin dernier. On sait, par ailleurs, quà la même époque, un convoi militaire algérien sest rendu à Kidal, dans le nord du Mali, pour approvisionner les rebelles islamistes. Certes, le 3 mars 2012, le MUJAO a commis un attentat dans une base militaire algérienne à Tamanrasset. Il a aussi capturé sept membres du consulat dAlgérie à Gao (Mali) le 9 avril et aurait exécuté lun deux, mais en a libéré trois à la mi-juillet. Néanmoins, on se demande comment Alger peut à la fois être victime dun groupe terroriste, le MUJAO, et entretenir des relations amicales avec un groupe allié de celui-ci, Ansar Eddine. Sagit-il, de la part de lAlgérie, dune tentative désespérée pour récupérer ses otages ou dun double jeu comme ce pays nous y a habitué, dans les années 1990, en manipulant des hommes infiltrés dans les maquis islamistes ? En tout cas, étrangement, les terroristes islamistes et le pouvoir algérien semblent bien manifester la même détestation pour la France. Fin août, les services français laissaient filtrer leur inquiétude évoquant les risques dattentats téléguidés par lAQMI en France. Daprès le « Canard Enchaîné » du 29 août, Laurent Fabius, notre ministre des Affaires étrangères, a confirmé que « la première cible dAQMI est la France et les Français ». (1) Le MNLA est à lorigine
du soulèvement du nord du Mali, la région appelée
Azawad, le 17 janvier 2012. |
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