Musulmans avant tout ! |
juin 2009
Au cours de la première quinzaine du mois de mai 2009, larmée pakistanaise a envoyé 15 000 hommes, avec de lartillerie lourde, pour contrer les Taliban, qui se sont emparé de la vallée de Swat. Asif Ali Zardari
Officiellement, les Taliban auraient rompu laccord passé avec le gouvernement. En fait, on sent peser de fortes pressions, principalement américaines, sur lautorité pakistanaise. Non sans une certaine maladresse, Hillary Clinton, nouveau Secrétaire dÉtat, avait du reste déclaré le Pakistan « un danger mortel » pour avoir « abdiqué en faveur des Taliban ». Carte de la zone Tribale Pour les uns, le Pakistan nen ferait pas assez pour réduire les Taliban pakistanais et leurs amis afghans. Pour les autres, les institutions seraient déjà aux mains des islamistes radicaux et lalignement définitif du pays sur les séides de Ben Laden ne serait quune question de temps. Ajoutant à linquiétude, on sinterroge sur le destin de larme nucléaire pakistanaise si les radicaux semparaient du pouvoir. Lerreur, à notre sens, consiste, comme le fait Hillary Clinton, à réduire la crise pakistanaise à un affrontement entre le pouvoir et les radicaux islamistes. Ceci pour deux raisons principales. Primo, il existe une continuité sociale entre les Taliban et lensemble de la population pakistanaise. Les premiers et la seconde sont musulmans, se réfèrent aux mêmes symboles et, largement, aux mêmes repères. Résultat, à tort ou à raison, toutes les offensives, militaires ou médiatiques, conduites dans le monde contre des musulmans avec laval des États-Unis, renforcent le sentiment dappartenance à lensemble islamique de tous les Pakistanais. Dans ce cadre, le gouvernement et les forces de sécurité ne disposent que dune marge de manoeuvre étroite pour imposer le respect de la loi, sans prendre le risque de saliéner lensemble de la population. Secundo, si des divergences de vues opposent les modernistes aux radicaux islamistes, ce nest pas la seule fêlure au sein de la société pakistanaise. Dune part, il existe des identités régionales fortes, dans chacune des provinces, allant même jusquà lirrédentisme au Baloutchistan. Dautre part, nombre de Pakistanais se différencient par leur appartenance religieuse, les 15 à 20% de chiites face à la majorité sunnite par exemple. Ils sidentifient aussi sur la base de leurs origines familiales, comme les mohajirine, population qui a quitté lInde pour fonder le Pakistan, au moment de lindépendance. A cela sajoutent les divisions tribales, les clans, le système clientéliste rattachant de larges fractions de la population à des propriétaires terriens, véritables seigneurs féodaux, comme la famille de la défunte Benazir Bhutto. Nourries par la diversité des allégeances et des identités, les tendances à limplosion du pays ne sont contenues que par une supra référence, lislam. Voilà pourquoi, responsables politiques et militaires hésitent avant de confronter des radicaux, qui tout en représentant une menace pour le pays, ne sen réclament pas moins de lislam. |
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