PAKISTAN :
Musulmans avant tout !

juin 2009

Au cours de la première quinzaine du mois de mai 2009, l’armée pakistanaise a envoyé 15 000 hommes, avec de l’artillerie lourde, pour contrer les Taliban, qui se sont emparé de la vallée de Swat.

Asif Ali Zardari Asif Zardari, président du Pakistan
Le 15 février
, pourtant, afin de mettre un terme à un conflit qui durait depuis 20 mois, le Président Ali Zardari avait accepté un amendement du code et autorisé l’instauration de la loi islamique dans cette petite vallée.

Officiellement, les Taliban auraient rompu l’accord passé avec le gouvernement. En fait, on sent peser de fortes pressions, principalement américaines, sur l’autorité pakistanaise. Non sans une certaine maladresse, Hillary Clinton, nouveau Secrétaire d’État, avait du reste déclaré le Pakistan « un danger mortel » pour avoir « abdiqué en faveur des Taliban ».

Carte de la zone Tribale

Pour les uns, le Pakistan n’en ferait pas assez pour réduire les Taliban pakistanais et leurs amis afghans. Pour les autres, les institutions seraient déjà aux mains des islamistes radicaux et l’alignement définitif du pays sur les séides de Ben Laden ne serait qu’une question de temps. Ajoutant à l’inquiétude, on s’interroge sur le destin de l’arme nucléaire pakistanaise si les radicaux s’emparaient du pouvoir.

L’erreur, à notre sens, consiste, comme le fait Hillary Clinton, à réduire la crise pakistanaise à un affrontement entre le pouvoir et les radicaux islamistes. Ceci pour deux raisons principales.

Biographie de Ben Laden. Livre d'Alain ChevalériasPrimo, il existe une continuité sociale entre les Taliban et l’ensemble de la population pakistanaise. Les premiers et la seconde sont musulmans, se réfèrent aux mêmes symboles et, largement, aux mêmes repères. Résultat, à tort ou à raison, toutes les offensives, militaires ou médiatiques, conduites dans le monde contre des musulmans avec l’aval des États-Unis, renforcent le sentiment d’appartenance à l’ensemble islamique de tous les Pakistanais. Dans ce cadre, le gouvernement et les forces de sécurité ne disposent que d’une marge de manoeuvre étroite pour imposer le respect de la loi, sans prendre le risque de s’aliéner l’ensemble de la population.

Secundo, si des divergences de vues opposent les modernistes aux radicaux islamistes, ce n’est pas la seule fêlure au sein de la société pakistanaise.

D’une part, il existe des identités régionales fortes, dans chacune des provinces, allant même jusqu’à l’irrédentisme au Baloutchistan. D’autre part, nombre de Pakistanais se différencient par leur appartenance religieuse, les 15 à 20% de chiites face à la majorité sunnite par exemple. Ils s’identifient aussi sur la base de leurs origines familiales, comme les mohajirine, population qui a quitté l’Inde pour fonder le Pakistan, au moment de l’indépendance. A cela s’ajoutent les divisions tribales, les clans, le système clientéliste rattachant de larges fractions de la population à des propriétaires terriens, véritables seigneurs féodaux, comme la famille de la défunte Benazir Bhutto.

Nourries par la diversité des allégeances et des identités, les tendances à l’implosion du pays ne sont contenues que par une supra référence, l’islam. Voilà pourquoi, responsables politiques et militaires hésitent avant de confronter des radicaux, qui tout en représentant une menace pour le pays, ne s’en réclament pas moins de l’islam.

Centre de Recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre 2001
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