|
mars 2009
Jeudi 12 février, Dianne Feinstein, membre du Sénat américain, déclarait devant la commission du Renseignement que les drones (1) de larmée de lOncle Sam décollaient du Pakistan, et non dAfghanistan, comme on le croyait, pour attaquer des cibles dans la zone tribale pakistanaise (2). Étrangement, la CIA ne démentait pas linformation. Quant au Pentagone, prenant son temps, deux jours plus tard son porte-parole affirmait ne rien savoir à ce sujet. Presque un aveu ! A Washington on évalue mal la gravité de la « bourde » commise par Dianne Feinstein.
Néanmoins, le plus grand nombre des Pakistanais, même sil désavoue les attaques terroristes menées dans ses villes par les organisations islamistes, dénonce avec colère les tirs de missiles conduits par les Américains. Savoir ces opérations partant du sol pakistanais fait encore monter la tension contre Washington, mais aussi contre le gouvernement du pays qui, en dépit de ses dénonciations répétées contre ces attaques, se voit identifié comme complice des Américains. On a tort, en Occident, de sous-estimer la fierté nationale pakistanaise. On a aussi tort de croire le nouveau Président, Asif Ali Zardari, bien installé aux affaires, parce quarrivé au pouvoir à la suite dun processus démocratique. Il ne doit en effet sa place quà lémotion suscitée par la mort tragique de sa femme, Benazir Bhutto (4). En outre, le PPP,
son parti, est divisé, la moitié le soutenant et
lautre lui préférant le Premier ministre,
Yousouf Gilani, qui lui manifeste une hostilité
à peine déguisée. Si le pays parvient à
rester aux mains dun gouvernement civil, lopposition,
avec Nawaz Sharif, lui-même ancien chef du gouvernement,
se postera en embuscade pour revenir au pouvoir. Mais larmée,
elle aussi attend dans lombre. Ayant beaucoup perdu dans
lopinion publique, en raison de quelques erreurs commises
par le général Pervez Moucharraf, elle se
sait le dernier recours, en situation de crise, parce que la
seule institution structurée et organisée. Dans la province du NWFP (voir carte), au nord ouest, partant de la zone tribale, on assiste à une insurrection dont la demande la plus explicite est une islamisation des régions concernées. Carte de la province du NWPF A Swat, vallée touristique autrefois prospère du NWFP, larmée est intervenue et les combats ont fait plus de 2000 morts en lespace de vingt mois. Le 15 février, le Président Zardari cédait et, dans lespoir de mettre un terme aux affrontements, acceptait un amendement de la loi afin détablir légalement la charia dans la sous région dont fait partie Swat. A cela, il faut ajouter les difficultés économiques auxquelles se superposent les problèmes périphériques. Au nord, celui du Cachemire, qui reste une pomme de discorde avec lInde. Toujours avec la soeur ennemie, une vieille rancoeur remontant à la création des deux États qui, comme on la vu lors des attaques de Mumbai (ex Bombay), alimente un terrorisme aux commanditaires mal définis. Sans oublier lactivisme de lIran auprès des chiites, qui représentent 20% de la population. À tout cela, il faut ajouter un voisin en guerre, lAfghanistan. Or, des deux cotés de la frontière, on retrouve la même ethnie pachtoune, de plus en plus sous linfluence des Taliban. Le Pakistan apparaît
comme « lhomme malade du sous-continent ».
Les États-Unis, agissant sans précautions, le fragilisent
un peu plus. La situation si elle senvenime encore, risque
déchapper à tout contrôle. Scénario
catastrophe de plus en plus possible, le Pakistan tombant dans
lanarchie de la guerre civile, les forces occidentales
présentes en Afghanistan seraient confrontées à
une extension du conflit, dans un bassin de 200 millions dhabitants
et sur une étendue grande comme trois fois la France .
|
www.recherches-sur-le-terrorisme.com |