3 janvier 2007 |
Pour l'exécution de 148 chiites en 1982, Saddam Hussein était pendu, à l'aube, le 30 décembre 2006. La veille d'une fête musulmane, l'Aïd el Adha (ou Aïd el Kébir). Comme si, chez nous, on exécutait un condamné la veille de Noël.
C'est qu'il fallait, à ses vainqueurs, lui retirer la tribune d'une salle d'audience. L'empêcher de parler des complicités nouées, entre eux et lui, pendant plus de quarante ans. Car, le traînant devant un juge pour l'usage de gaz de combat, on aurait évoqué publiquement l'origine britannique de certains produits.
L'accusant d'avoir enclenché la guerre contre l'Iran, non seulement on mettait ce pays en position de victime, mais on projetait aussi une lumière trop crue sur la responsabilité des États arabes et de l'Occident, dans ce conflit. Remontant à la genèse de son aventure politique, on aurait obligé Saddam à évoquer son passé d'agent de la CIA, quand exilé au Caire, de 1960 à 1963, il recevait des émoluments d'un officier de renseignement américain. Il valait mieux le dire enragé et le mettre à mort. Ces méthodes de basse politique nous auront privé d'un débat sur les limites à ne pas franchir dans nos relations avec un régime comme le sien. En attendant, pour se protéger, les Américains, les Britanniques et beaucoup de pays européens, par leur complaisant silence, auront commis un crime collectif. Non que Saddam fût innocent, mais parce que le faisant, ou le laissant tuer, pour l'obliger à se taire, nos pays ont détruit les preuves. Et cela de la pire des manières : quelques furent ses fautes, en assassinant le principal témoin.
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