GROUPES ARMÉS
EN IRAK

septembre 2004

 

Nos confrères, Georges Malbrunot et Christian Chesnot ont été enlevés par le « Jeich el Islami fil Irak» ou Armée islamique en Irak. On a entendu parler pour la première fois de ce groupe en avril dernier, quand il avait revendiqué l’assassinat de quatre Américains.

 D’après nos informations, l’Armée islamique en Irak est constituée de petites cellules d’une dizaine de personnes. A croire les messages vidéos signés de son nom, elle serait aussi responsable du meurtre de deux otages Pakistanais en juillet, d’un journaliste italien le 27 août 2004, Enzo Baldoni, et d’une tentative de meurtre contre Ahmad Chalabi, président du CNI (Congrès national irakien), parti créé en exil. Elle a aussi détenu Faridoon Jahani, le consul d’Iran en Irak.

L’Armée de l’islam n’est que l’un des groupuscules sunnites agissant dans le pays. Par le nombre d’hommes impliqués, plusieurs centaines,  Ansar Al-Sunna apparaît comme le plus important. Dirigé par Hussein Ben Mahmoud, il entretient une relation organique avec Al-Qaïda. Comme, du reste, Ansar Al-islam, autre organisation recrutant plus particulièrement dans le milieu kurde et basée sous Saddam Hussein dans la région d’Halabja, à la frontière irano-irakienne. Son principal dirigeant s’appelle Abou Abdallah Al-Chafii.

Les Kataëb Thaourat Al-Ichrin, peu significatives et proches des Frères musulmans, ont pour leur part été repérées à la suite de quelques actions menées contre les oléoducs.

Enfin, il faut parler du Jamaat Al Tahwid Wal-Jihad, dirigé par Abou Moussaab Al-Zarqaoui. Ce Jordanien compte beaucoup d’étrangers dans son organisation, mais aussi des Irakiens. Son nom a été propulsé à la une des médias en février dernier par Paul Bremer, alors proconsul américain à Bagdad.

L’affaire nous semble étrange. Les forces d’occupation affirmaient avoir découvert une lettre rédigée par Al-Zarqaoui dans une cache d’Al-Qaïda. Pour eux, c’était la preuve de son appartenance à l’organisation de Ben Laden. Or, tous les spécialistes de terrain et les islamistes informés s’accordent pour dire le contraire.

Surtout, la lettre, longue de 17 pages, disait: « Si nous frappons les chiites sur les plans religieux, politique et militaire, nous les pousserons à dévoiler les crocs de leur haine contre les sunnites… Si nous réussissons à les attirer dans l’arène de la guerre de religion, la proximité de la mort réveillera les sunnites inconscients… » Or, un mois plus tard, comme prophétisée par ces lignes, une série d’attentats éclataient dans les mosquées chiites irakiennes en pleines célébrations religieuses. On comptait 182 morts et 556 blessés. Cela sent la manipulation, sans que l’on sache de qui elle émane.

Il existe deux groupes kurdes dont personne ne parle car ils servent les intérêts des Américains. Organisés sur la base de deux confédérations tribales, il y a d’une part le PDK de Massoud Barzani et d’autre part l’UPK de Jalal Talabani.

Chez les chiites, le paysage est très différent. La population obéit à une caste de religieux divisée en clans. Les Hakim, les Sadr, et les Khoui (Khoï) dominent la scène. Réfugiés en Iran sous Saddam, les Hakim ont créé une armée de 5 à 8000 hommes, Al Badr, équipée et entraînée par les Iraniens. Elle ne participe pas aux combats contre les Américains et a été accusée d’avoir collaboré avec eux contre Saddam.

Avec Moqtada As-Sadr, jeune ambitieux, les Sadr, eux, sont descendus dans l’arène. Il a constitué  l’Armée du Mahdi,  une force de volontaires de plusieurs milliers de combattants. Elle s’est battue contre les forces d’occupation à Bagdad et, surtout ces derniers mois, à Najaf (Nadjaf). Les Sadr sont principalement en relation, non avec les Iraniens, mais avec le Hezbollah libanais. Selon les renseignements occidentaux, un cadre libanais de ce mouvement, Imad Fayez Moughnieh (Moghnieh), aurait été vu entraînant des hommes de Moqtada As-Sadr dans le sud de l’Irak.

En plus de ces structures identifiées, il existe, surtout chez les sunnites, une multitude de groupuscules armés se situant entre délinquance et nationalisme.

 
 
 
 
Logo du "Jeich Al-islami fil Irak"
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"Ansar al Sunna," dispose de son propre site Internet où il diffuse communiqués et bulletins télévisés.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Logo du "Tawhid wal Jihad"
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Abou Moussab al Zarqaoui (Zarkawi)

Les Américains auront réussi une chose en Irak, libaniser le pays.

 

Réalisé avec l’aide de

Badih Karhani,

journaliste et consultant au

Centre de recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre.

 
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