Nos confrères, Georges Malbrunot et Christian Chesnot ont été enlevés par le « Jeich el Islami fil Irak» ou Armée islamique en Irak. On a entendu parler pour la première fois de ce groupe en avril dernier, quand il avait revendiqué lassassinat de quatre Américains. |
Daprès nos informations, lArmée islamique en Irak est constituée de petites cellules dune dizaine de personnes. A croire les messages vidéos signés de son nom, elle serait aussi responsable du meurtre de deux otages Pakistanais en juillet, dun journaliste italien le 27 août 2004, Enzo Baldoni, et dune tentative de meurtre contre Ahmad Chalabi, président du CNI (Congrès national irakien), parti créé en exil. Elle a aussi détenu Faridoon Jahani, le consul dIran en Irak. LArmée de lislam nest que lun des groupuscules sunnites agissant dans le pays. Par le nombre dhommes impliqués, plusieurs centaines, Ansar Al-Sunna apparaît comme le plus important. Dirigé par Hussein Ben Mahmoud, il entretient une relation organique avec Al-Qaïda. Comme, du reste, Ansar Al-islam, autre organisation recrutant plus particulièrement dans le milieu kurde et basée sous Saddam Hussein dans la région dHalabja, à la frontière irano-irakienne. Son principal dirigeant sappelle Abou Abdallah Al-Chafii. Les Kataëb Thaourat Al-Ichrin, peu significatives et proches des Frères musulmans, ont pour leur part été repérées à la suite de quelques actions menées contre les oléoducs. Enfin, il faut parler du Jamaat Al Tahwid Wal-Jihad, dirigé par Abou Moussaab Al-Zarqaoui. Ce Jordanien compte beaucoup détrangers dans son organisation, mais aussi des Irakiens. Son nom a été propulsé à la une des médias en février dernier par Paul Bremer, alors proconsul américain à Bagdad.
Il existe deux groupes kurdes dont personne ne parle car ils servent les intérêts des Américains. Organisés sur la base de deux confédérations tribales, il y a dune part le PDK de Massoud Barzani et dautre part lUPK de Jalal Talabani. Chez les chiites, le paysage est très différent. La population obéit à une caste de religieux divisée en clans. Les Hakim, les Sadr, et les Khoui (Khoï) dominent la scène. Réfugiés en Iran sous Saddam, les Hakim ont créé une armée de 5 à 8000 hommes, Al Badr, équipée et entraînée par les Iraniens. Elle ne participe pas aux combats contre les Américains et a été accusée davoir collaboré avec eux contre Saddam. Avec Moqtada As-Sadr, jeune ambitieux, les Sadr, eux, sont descendus dans larène. Il a constitué lArmée du Mahdi, une force de volontaires de plusieurs milliers de combattants. Elle sest battue contre les forces doccupation à Bagdad et, surtout ces derniers mois, à Najaf (Nadjaf). Les Sadr sont principalement en relation, non avec les Iraniens, mais avec le Hezbollah libanais. Selon les renseignements occidentaux, un cadre libanais de ce mouvement, Imad Fayez Moughnieh (Moghnieh), aurait été vu entraînant des hommes de Moqtada As-Sadr dans le sud de lIrak. En plus de ces structures identifiées, il existe, surtout chez les sunnites, une multitude de groupuscules armés se situant entre délinquance et nationalisme. |
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Réalisé avec laide de
Badih Karhani,
journaliste et consultant au
Centre de recherches sur le terrorisme depuis le 11 septembre.