Après les chrétiens,
la multiplication des attaques contre la minorité turkmène
dans le Kurdistan irakien
Le 6 février, Ali Elmas,
un professeur de Droit à l'Université de Kirkuk
(Irak) appartenant à la minorité turkmène,
a été assassiné dans une attaque ciblée
en pleine ville. Il envisageait de devenir sous-préfet.
Un mois plus tôt, Alaattin
Abdulmaksut, chef militaire du Front turkmène
à Kirkuk, était exécuté par
des hommes armés qui ont pris la fuite. En quatre mois,
au moins 19 Turkmènes ont été tués
dans des attaques à mains armées dans le Kurdistan
irakien. Certes, les élections expliquent cette violence.
Néanmoins de nombreuses victimes étaient des propriétaires
de puits de pétrole et leurs exécutions donnent
à penser qu'il existe aussi des motivations économiques
à leur mort.
Au nord de l'Irak, comme les
chrétiens, les Turkmènes constituent
une minorité au sein d'une population à majorité
kurde. Comme les chrétiens encore, ils refusent l'assimilation
et sont opposés à l'indépendance.
Les Kurdes cherchent
pour leur part à confisquer à leur profit les postes
d'autorité et les ressources économiques.
D'où les tensions.
Ailleurs
aussi, les minorités ethniques ciblées
On retrouve là le problème
inhérent à toutes
les régions se revendiquant d'une spécificité
ethnique quand des minorités y coexistent : Touaregs
du nord du Mali (face à des Arabes
et à des éléments négroïdes),
Albanais du Kosovo (cohabitant avec des Serbes, des Roms,
des Turcs etc...)
Les Turkmènes ont néanmoins
une particularité : ils appartiennent à l'ethnie
des conquérants turcs qui ont fondé l'Empire
ottoman en détruisant celui de Byzance. À
ce titre, la Turquie s'estime leur défenseur. Un
peu comme l'Allemagne, entre les deux guerres mondiales,
se voyait comme la protectrice des germanophones des Sudètes
ou de Pologne.
Que la presse turque soit la seule
à évoquer les agressions dont sont victimes les
Turkmènes des régions kurdes est un signal inquiétant.
Comme Hitler en Tchécoslovaquie, se saisissant du prétexte
de persécutions infligées aux Turkmènes,
la Turquie pourrait déployer ses armées plus loin
en Syrie et en Irak à la seule fin de repousser ses frontières.
Erdogan a suffisamment perdu le sens des réalités
pour ça.
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Irak : qui casse ne
paie pas
Du 12 au 14 février, se déroulait
au Koweït une conférence pour le financement de la
reconstruction de lIrak.
Plusieurs pays y participaient. Les besoins étaient estimés
à 90 milliards de dollars. Seulement 30 milliards
ont été promis.
Certes, on comprend lhésitation
des donateurs. LIrak a connu quinze ans de guerres
ininterrompues et tout donne à penser que de nouveaux
conflits peuvent à nouveau éclater. Alors reconstruire
pour voir détruit !
Vrai, mais la misère engendre
elle-même la violence. Il faudrait donc un processus politique
de restauration de la paix. Encore vrai, mais il a lui-même
besoin dune reconstruction économique. Nous sommes
face à un dilemme.
En attendant, on constate les principaux
responsables de ce désastre les moins prompts à
répondre aux appels de lIrak. Que lon se souvienne
! En mars 2003, lalliance américano-britannique
se lançait à lassaut de ce pays pour y détruire
des armes de destruction massive qui nexistaient pas. Libérée,
la violence ne devait jamais cesser, les guerres senchaînant
aux guerres jusquà aujourdhui.
Or, si les Britanniques promettent
modestement un milliard de dollars par an pendant dix ans, les
Américains nont pour le moment rien offert. Quant
à lArabie saoudite et au Qatar, qui
hébergeait le centre de commandement de larmée
américaine, ils noffrent quun milliard chacun.
La Turquie apparaît comme la plus généreuse,
avec une promesse de 5 milliards.
Sans doute a-t-elle quelques idées
derrière la tête. Mais qui nen a pas ! Les
Américains par exemple. Non sans raison, ils craignent
que leur aide ne serve les projets expansionnistes de lIran,
pays qui a la haute main sur le pouvoir chiite de Bagdad.
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