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mars 2006
Mohammad Ayache Al-Kobeissi est le responsable des relations extérieures au " Comité des Oulémas Musulmans d'Irak, " une structure politique sunnite proche de l'opposition armée à la présence américaine en Irak. Les positions de cette organisation ne sont guère mises en évidence. Des propositions à méditer. |
Badih Karhani : Quelles relations entretenez-vous avec Abou Moussab Al-Zarqaoui (1) ? Mohammad Ayache Al Kobeissi: Nous n'avons aucune relation avec lui. Nous refusons et déplorons ses méthodes : les assassinats de civils, les kidnappings et les décapitations. Nos relations se limitent à des échanges à travers les médias. Par exemple, quand Al-Zarqaoui a publié une fatoua appelant au meurtre des chiites, nous avons manifesté notre opposition. Il a alors rédigé un nouveau communiqué pour dire qu'il ne visait que les collaborateurs des Américains. En outre, Al-Zarqaoui ne représente pas la résistance irakienne. En nombre d'hommes sur le terrain, son importance est réduite. B.K. : Quels sont les groupes les plus importants ? M.A.A.K. : Il faut parler du " Jeich Al-IsIami fil Irak " (Armée islamique en Irak) et des " Kataëb Thaourat Al-Ichrine " (Unités de la Révolte de 1920). Ces deux groupes se sont entendus pour émettre des communiqués communs et coordonner leurs actions. B.K. : Comment sortir de la crise ? M.A.A.K. : Nous offrons qu'une force multinationale se substitue à l'occupation militaire américaine pour aider les Irakiens à restaurer la sécurité. B.K. : Avez-vous des liens avec la Turquie ? M.A.A.K. : Nous avons de très bons contacts avec la Turquie. A l'invitation des autorités de ce pays, une délégation de notre organisation s'y est même rendue. Ankara insistait pour que nous demandions la participation de l'armée turque à cette force multinationale. Mais notre position est très claire : nous n'acceptons pas la participation des armées d'un pays voisin de l'Irak à la force multinationale. B.K. : Pourquoi ? M.A.A.K. : Parce que tous estiment avoir des intérêts en Irak et nourrissent des ambitions propres. B.K. : Cela n'obère-t-il pas vos relations avec les pays voisins ? M.A.A.K. : Absolument pas. Même si nous n'en faisons pas étalage pour ne pas embarrasser les gouvernements concernés, nous avons de très bonnes relations avec plusieurs pays. Nous avons un bureau à Istanbul et y publions un journal, " Al Basa'er ," dont l'éditeur est le " Comité des Oulémas Musulmans d'Irak.. " Nous jouissons aussi d'une bonne ouverture en Arabie Saoudite. B.K. : Comment vous entendez-vous avec l'Iran ? M.A.A.K. : Nous souhaiterions notre relation meilleure avec ce pays. Nous l'aurions voulu soutenant le peuple irakien. Malheureusement, l'Iran a profité de l'occupation américaine au lieu de la rejeter. B.K. : Que voulez-vous dire par " l'Iran a profité de la situation " ? M.A.A.K. : L'Iran collabore avec les Américains. La " Division Badr (2), " (Faylak Badr) par exemple, est une milice sous le commandement du Haut Comité de la Révolution Islamique dirigée par Abdel Aziz Al Hakim (3). Elle a été formée, entraînée et armée en Iran et a coordonné son action avec celle des Américains au moment de l'attaque contre l'Irak (au printemps 2003). Cette milice continue de participer à des opérations militaires aux côtés des Américains. Sa présence à la bataille de Falloujah (4) est évidente. B.K. : Bien, mais il s'agit là d'une milice formée d'Irakiens. Des Iraniens sont-ils présents dans les nouvelles structures administratives de l'Irak ? M.A.A.K. : Nous disposons d'informations sur des Iraniens placés aux affaires militaires et, plus particulièrement, au ministère de l'Intérieur. Je peux vous dire que la prison d'Al Jadiriah est dirigée par un Iranien du nom d'Ahmad Al-Mohandess (5). Pour nous, nous sommes face à deux occupations : celle des États-Unis et celle de l'Iran. |
Vidéo diffusée par le groupe Jeich el Islami fil Irak sur Internet, revendiquant une opération contre les Marines à Falloujah
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(1) Abou Moussab Al-Zarqaoui a été intronisé représentant d'Al Qaïda en Irak par Oussama Ben Laden il y a un an. (2) Force constituée en exil, sur le territoire iranien, dans les années 90. (3) Abdel Aziz Al-Hakim est le chef de l'une des principales familles cléricales chiites en Irak. (4) Ville sunnite attaquée à plusieurs reprises par l'armée américaine. (5) Il faut prendre cette information avec prudence. Al-Mohandess semble un nom arabe et non iranien. |