AUX ENFANTS RUSSES |
août 2007
De nouveaux manuels d'Histoire de la Russie contemporaine, de la fin du tsarisme à nos jours, sont mis depuis quelques semaines en circulation dans les écoles du pays, sur ordre de Vladimir Poutine et sous la responsabilité du professeur Leonid Poliakov. Le but est d'apprendre aux enfants et aux étudiants qu'ils n'ont pas à avoir honte des soixante-douze années de régime soviétique. Début juillet 2007, le journaliste américain Andrew Osborn a donné l'alerte dans un long article paru dans le " Wall Street Journal ". Article qui n'a été repris par aucun journal ni aux États-Unis, ni en Europe, même pas par ceux qui ne cessent de fustiger ce qu'ils appellent le renouveau des nationalismes. Ces manuels d'Histoire s'inspirent largement d'un livre paru en 1997 en Russie, sous le titre : " Les bases de la géopolitique ". Il était signé par le publiciste Alexander Douguine. Ce dernier était cautionné par plusieurs officiers supérieurs de l'Académie militaire du haut état-major russe, dont le lieutenant-général Nikolaï Klokotov et le général Leonid Ivashov, responsable du département international du ministère de la Défense, ainsi que par le responsable de l'actuel parti communiste, Guennadi Zyuganov. Dans cet ouvrage, Douguine souhaitait la naissance d'un bloc eurasiatique constitué autour de la Russie, de l'Allemagne et de la France. Poutine, lorsqu'il séjourna à Berlin en juin 2000, avait également préconisé que l'Allemagne devienne l'associée principale en Europe de la Russie. Douguine, lui, rêvait d'aller plus loin encore sur un axe eurasiatique qui s'étendrait non seulement à l'Allemagne, mais engloberait aussi l'Iran et le Japon, une fois une entente établie avec l'Inde et la Chine. Polyakov estime, tout comme Poutine, que " la plus grande catastrophe du XXème siècle a été l'effondrement de l'URSS ". Dans ces manuels, Staline est considéré comme ayant été le plus efficace des dirigeants soviétiques, notamment pour avoir fait de l'URSS un pays industriel, et l'avoir conduite à la victoire de 1945. Polyakov écrit : " Si des camps de prisonniers politiques ont existé, c'est parce que Staline voulait une Union soviétique forte, qui ne soit pas sapée par des " influences étrangères "... S'il y eut " une Grande Terreur en 1937 " *, Moscou n'a pas, selon lui, atteint le degré des atrocités perpétrées par les nations occidentales avec les morts et les ravages causés par l'utilisation de la bombe atomique. Ces nouveaux " bréviaires
" comportent de vives attaques contre les États-Unis
" et le club des nations démocratiques, dont
l'entrée dans la Communauté européenne implique
qu'on cède à Washington une part de sa souveraineté
nationale ". D'ailleurs, toutes les manoeuvres des États-Unis
" visent à s'emparer du contrôle des sources
actuelles et futures de l'énergie, dont celles du pétrole
et du gaz ". D'accord sur ce dernier point, tout en
constatant que la Russie manoeuvre dans un but identique,
et qu'elle n'est en la matière que la rivale des États-Unis. Poutine a approuvé : il estime qu'en effet la plupart des ouvrages, récemment publiés, d'histoire contemporaine de la Russie, " ont été financés par des fondations étrangères ". A noter que lors de la conférence qui s'est tenue le 21 juin 2007, et traitant de ce problème sous la présidence de Poutine, était présent un aréopage d'historiens et d'enseignants russes. Parmi eux, un des plus actifs participants était un dénommé Vladislav Surkov, (ci-contre) qui, depuis six ans, fait fonction de numéro 2 dans le cabinet de Poutine. Surkov est d'origine tchétchène, et c'est sous ce nom d'emprunt qu'il a fait carrière dans plusieurs cabinets ministériels, avant d'intégrer l'équipe Poutine. (voir le lien)
Pierre de Villemarest
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